POMMEZ François

Par Daniel Grason

Né le 27 août 1875 à Buenos-Aires (Argentine), mort le 10 septembre 1953 à l’hôpital Bichat (Paris XVIIIe arr.). ; financier ; antifasciste ; résistant ; interné.

Ex-administrateur de la société Dorilly, 53 rue Édouard-Vaillant à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), François Pommez vivait 11, place de la porte Champerret à Paris (XVIIe arr.). Il fut interpellé par des inspecteurs des Brigades spéciales le 3 octobre 1941, alors qu’il était en compagnie d’Émile Dutilleul dans un café place Prosper-Goubaux face à la station de métro Villiers (XVIIe arr.). François Pommez assurait des moyens financiers à Émile Dutilleul, et il détenait en dépôt la somme de 3 448 337,55 francs que ce dernier lui avait remise.
Le Petit Parisien du 11 octobre se fit l’écho des arrestations en page une et 3. Selon le quotidien collaborationniste, Émile Dutilleul avait été filé par des policiers : « Il se trouvait alors attablé avec un consommateur, François Pommez, frisant la soixantaine, à l’allure de bourgeois aisé, qui prétendit ne connaître Dutilleul que depuis huit jours et sous le patronyme de Meunier. » La découverte des clefs de deux coffres forts chez Pommez et d’un bristol au nom d’Émile Dutilleul ne laissèrent aucun doute aux policiers les deux hommes se connaissaient et selon Le Petit Parisien : « Acculé à l’aveu, Pommez dut reconnaître qu’il servait d’homme de paille à l’ancien trésorier du parti communiste et que cette somme énorme lui avait été confiée par lui. »
Dès le 10 octobre 1941, François Pommez était en traitement à l’infirmerie de la prison de Fresnes, le docteur Paul fut chargé de l’examiner « afin de déterminer à quel moment il pourra être mis à la disposition de la justice. »
Les policiers interpellaient le 18 octobre 1941 Henriette Heussler née Schmidt, elle résidait 63 boulevard Mortier à Paris (XXe arr.). Elle assurait depuis la fin avril 1941 l’intendance de la vie illégale d’Émile Dutilleul au moyen de fonds du Parti communiste.
François Pommez avait loué un coffre-fort à l’Agence centrale de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI), boulevard des Italiens à Paris (IXe arr.), il déposa 3 448 577,55 francs. Dans ses bureaux du 45 avenue de l’Opéra (IIe arrondissement) étaient stockées des boites de conserves destinées au ravitaillement des militants illégaux.
Après avoir été incarcéré à la Santé, François Pommez fut transféré le 15 novembre 1941 à Fresnes jusqu’au 4 novembre 1943. Ce jour-là il comparut devant le Tribunal spécial qui le condamna à deux ans de prison et 1 200 francs d’amende.
Transféré à la caserne des Tourelles à Paris XXe arrondissement le 7 novembre 1943, il fut hospitalisé à l’hôpital Tenon jusqu’au 27 juin 1943. Envoyé à l’hôpital de Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine), il fut libéré le 17 août 1944 par des résistants des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
François Pommez témoigna le 5 février 1945 devant la commission d’épuration de la police. Il rappela les conditions de son arrestation et de sa détention d’octobre 1941 à août 1944. Il déclara : « J’ai, durant mon séjour à la Préfecture de police, subit aucun sévices. »
« Une perquisition suivie d’une surveillance ont eu lieu à mon domicile, il a été dérobé : une valise en cuir jaune, une boîte à chapeau pour dame imitation cuir, six boîtes de biscottes Heudebert, deux douzaines de bas de soie neufs. »
« Une seconde perquisition et une seconde surveillance ont été effectuées à mon bureau, 45 avenue de l’Opéra le lendemain de mon arrestation. Il m’a été dérobé une machine à écrire Underwood n° 5, sept chemises d’hommes, plusieurs douzaines de bas de soie, plusieurs classeurs de bureau métallique et en bois, un classeur anglais à six tiroirs, trente-six boîtes de biscottes Heudebert, six dossiers divers dont un intitulé : Affaires Argentine concernant mes propres affaires. »
« De plus il a été saisi à mon domicile une somme de quarante-huit mille cents francs à la B.N.C.I, au coffre de la société Dorilly, dont je suis Président Directeur Général, une somme de trois millions six cent mille francs sur laquelle j’ai revendiqué la somme de quatre cent quatre-vingt-dix mille francs comme étant ma propriété personnelle. J’étais donc propriétaire de la somme de cinq cent trente-huit mille francs environ. »
« Lorsque mon notaire, Monsieur Chavanne a retiré du greffe avec autorisation du tribunal, les fonds m’appartenant en propre, il lui a été remis quatre cent quarante-six mille francs environ (446 000 francs). J’ai pu constater alors qu’entre les sommes qui avaient été saisies, tant chez moi qu’à la B.N.C.I. il me manquait une somme d’une centaine de mille francs environ. »
Sur photographie, il reconnut l’un des inspecteurs qui l’avait interpellé, et déposa plainte, ainsi que contre celui ou ceux qui s’étaient rendus coupables de vols.
François Pommez a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Interné résistant.

Il mourut le le 10 septembre 1953 à l’hôpital Bichat (Paris XVIIIe arr. ). Il était toujours domicilié 11, place de la porte de Champerret (Paris XVII) ainsi que sa veuve, Hélène née Issac le 1er octobre 1880 à Alger, décédée le 6 aout 1971 à Champcueil (Essonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231755, notice POMMEZ François par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 septembre 2020, dernière modification le 7 septembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. Rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 13 octobre 1941, BA 1928, BA 2056, KB 49, 77 W 3113-294396. – Bureau Résistance GR 16 P 484814. – Le Petit Parisien du 11 octobre 1941 page une et 3. – Un camp d’internement en plein Paris : les Tourelles 1940-1945, Louis Poulhès, Éd. Atlande 2019, p. 258. — Notes de Jean-Pierre Ravery.

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