CARPENTIER Edmond [CARPENTIER , Julien, Auguste, Edmond

Par Coralie Douat

Né le 7 mars 1873 à Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais) ; cordonnier ; militant anarchiste d’Amiens (Somme)

Fils de Denis, Edmond, Carpentier, maçon, et Marie, Fannie, Théophanie Savreux, Edmond Carpentier résidait 14 rue des Marissons à Amiens lorsqu’il fut appelé pour effectuer son service militaire, en 1893. Il fut affecté aux services auxiliaires pour cause de « palpitations ».

D’après les renseignements policiers à son sujet, il serait venu s’établir durablement à Amiens en 1900, après y avoir fait deux courtes apparitions. Il résida de janvier à septembre au 49 rue de l’Aventure, chez son camarade Jules Lemaire, puis, il s’établit 2 place du marché aux chevaux. Le 11 janvier 1901, il fut expulsé de son logement « car il ne payait plus ». Il avait tracé en grosses lettres sur la porte extérieure de l’habitation « La propriété c’est le vol » et sur le soubassement de la cheminée « Vive l’anarchie ».

Le 10 mars 1901, il participa au carnaval de la mi-carême au cours duquel les anarchistes Camille et Emilien Tarlier, Ségard père, Péchin, Bastien, Pépin, Ducamp, Dubourguet, Gosselin, Goullencourt, Foullin et Calazel lancèrent des papillons indiquant entre autres « La propriété c’est le vol, à bas la propriété », « la femme est l’égale de l’homme, vive l’anarchie », « ni maître ni valet, à bas le capital » et « l’armée est l’école du crime ».

Il organisa plusieurs réunions politiques, par exemple le 17 mars 1901, une conférence de Calazel sur la révolution ouvrière, ou le 6 avril en invitant Séraphine (Julie Pajaud) à l’Alcalzar, salle de conférences de la ville.

Domicilié ensuite au 56 boulevard du Jardin des Plantes, il fut poursuivi le 16 avril 1901 pour une affaire de sifflements émis depuis sa fenêtre lors du passage de l’armée, le 3 avril et pour avoir brandi une pancarte indiquant « Vive la liberté ». Il fut condamné à 15 jours de prison.

Le 30 mai 1901, il fut expulsé de son logement boulevard du Jardin des Plantes. Des amis vinrent l’aider à déménager ses meubles, les portant à la main et se promenant en ville en chantant des refrains contre les propriétaires.

Le 2 juin 1901, il s’installa au numéro 8 de la rue Saint-Germain, en compagnie de Jules Lemaire, Emilien Tarlier, Camille Tarlier et Edmond Pépin. Ils y établirent un local de cordonnerie, chantaient toute la journée des chants anarchistes, sifflaient et insultaient régulièrement les membres du clergé qui passaient devant leur porte, et décoraient toute la façade de propagande anarchiste. Une grande pancarte indiquait en guise d’enseigne « Ligue des Anti-Proprios ». Le 8 juin 1901, un article leur fut consacré dans le Journal d’Amiens, et dans le Progrès de la Somme, ce dernier donnant la parole à Carpentier. Alors qu’ils étaient surveillés par la police, une gravure de Ravachol indiquant « si tu veux être heureux, nom de dieu, pends ton propriétaire » leur valut des poursuites. Le 3 juillet 1901, Edmond Carpentier fut condamné à deux mois de prison pour « provocation au meurtre dans un but de propagande anarchiste », en compagnie de Jules Lemaire, Emilien Tarlier.

Le 14 juillet 1902, domicilié rue des Corps-nus-sans-têtes, Edmond Carpentier arborait un drapeau noir à sa fenêtre du deuxième étage. Le drapeau fut saisi par le commissaire central qui dressa un procès-verbal à son encontre.

Le 20 avril 1904, il fut condamné à 15 jours de prison pour bris de clôture et complicité, en compagnie de sa concubine Marie Antoinette Malloigne, femme Niquet, couturière née le 13 novembre 1864 à Citernes (arrondissement d’Abbeville), mère de deux enfants. Le 24 mars, il l’aurait escorté jusqu’au 16 rue Voclin, domicile de son mari dont elle vivait séparée. Carpentier lui aurait alors tendu un bâton en disant « Tiens, maintenant tu n’as plus qu’à agir ». Malloigne aurait alors brisé sept carreaux. Carpentier résidait alors avec Marie Antoinette Malloigne et ses enfants, 16 impasse Perreau.

Mobilisé en juin 1917, il revient habiter à Amiens, au 3 petite rue de la Veillère, après la Grande guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231773, notice CARPENTIER Edmond [CARPENTIER , Julien, Auguste, Edmond par Coralie Douat, version mise en ligne le 4 septembre 2020, dernière modification le 4 septembre 2020.

Par Coralie Douat

SOURCES : Arch. Dép. Somme 1R848 : Registre des matricules militaires, classe 1893 (numérisé) ; 3U2_1228 : Dossiers de procédure, avril 1901 ; 1i81/2 : Police générale, traitement des affaires. 1898-1906. Délits, dossiers individuels ; 2i16/1 : Rassemblements, réunions, affaires rendues publiques. 1814-1910 ; 3U2_47 : Registre des condamnés en correctionnelles, 1896-1902 ; AD80 3U2_1231 : Dossiers de procédures juillet 1901 ; 3U2_413 : Registre des jugements correctionnels, janvier-avril 1904 ; 3U2_1267 : Dossiers de procédure, avril 1904. — Journal d’Amiens 1898-1903. — Progrès de la Somme, 1901. — Coralie Douat « Les illégalismes du logement à Amiens et dans son arrondissement au début du XXe siècle », Mémoire de Master sous la direction de Manon Pignot, Université de Picardie Jules Verne, 2020.

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