DUCRET Jean, François

Par Éric Belouet

Né le 15 juillet 1929 à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) ; ouvrier, permanent syndical puis représentant ; militant jociste de Haute-Savoie, permanent de la JOC (1954-1956) ; syndicaliste CFTC puis CFDT, permanent régional de la métallurgie (1962-1974), membre du conseil de la Fédération de la Métallurgie (1962-1970) ; militant de la SFIO (1968) puis du PS ; membre de l’ACO (1957-1968).

Jean Ducret dans les années 1950
Jean Ducret dans les années 1950
[Coll. privée Jean Ducret]

Fils d’un chauffeur d’autocar syndiqué à la CGT et d’une mère sans profession, catholique pratiquante, domicilés à Thonon, Jean Ducret était l’aîné de cinq enfants (quatre garçons et une fille). Il fréquenta une école maternelle privée, l’école publique où il obtint le certificat d’études primaires, puis le collège jusqu’en 1946. Il commença à travailler à l’automne 1946 comme manœuvre dans une petite usine d’une vingtaine de salariés qui fabriquait des bibelots, puis, après environ un an, travailla quelques mois dans une menuiserie de 25 salariés. Il fut alors embauché comme tourneur chez Capt et Freeman, une usine de construction électrique de 60 salariés. De 1949 à 1951, il effectua dix-huit mois de service militaire à Annecy (Haute-Savoie) dans les Chasseurs alpins. Libéré de ses obligations militaires, il connut une période de chômage et parvint à retrouver une place chez Capt et Freeman, cette fois comme bobineur. Il adhéra alors à la CFTC et fut coopté pour être conseiller prud’homal. Proche du MRP, il fut candidat (non élu) sur la liste présentée par ce parti lors des élections municipales à Thonon en 1953.

Au cours de sa période de chômage en 1951, Jean Ducret, qui avait fréquenté le patronage dans son enfance, adhéra à la JOC, section de Thonon. Il prit des responsabilités locales avant d’intégrer, moins de deux ans plus tard, l’équipe dirigeante de la fédération de Haute-Savoie où il fut successivement responsable des « Apprentis » (14-17 ans) et des « Aînés » (17-21 ans). Sollicité pour être permanent, il quitta son emploi et prit ses nouvelles fonctions en mars 1954 en remplacement de Roger Bergin au sein de la province jociste Bourgogne-Franche-Comté. Il y avait la responsabilité de la Saône-et-Loire, de la Côte-d’Or et de la Nièvre, du Jura et de l’Yonne, tandis que Jean Bergemer* s’occupait des autres départements de cette province. Fin 1955, le secrétariat général lui demanda de venir s’installer à Paris pour assurer la liaison avec les Frères des écoles chrétiennes en remplacement de Jacques Ketterer*, fonction dans laquelle il fut lui-même remplacé par Robert Huguiès* lorsqu’il quitta la JOC fin 1956. Il se maria le 22 décembre 1956 à Thonon-les-Bains avec Thérèse Pollien, fille d’agriculteurs, militante de la JEC et institutrice dans l’enseignement privé. Trois filles naquirent de cette union (1958, 1959 et 1961).

Après avoir quitté la JOC, Jean Ducret revint à Thonon où la société Capt et Freeman le réembaucha à la condition de lui confier un poste à responsabilité. Il fut ainsi, de janvier à août 1957, chef de fabrication, chargé de mettre en place un atelier de bobinage. Cette fonction lui interdisant de s’engager syndicalement, il quitta l’entreprise et entra comme régleur OP2 en octobre 1957 chez Pathé-Marconi, entreprise de construction électrique. Il y milita activement à la CFTC - très puissante dans cette entreprise de 600 salariés (dont beaucoup d’anciens agriculteurs et de jeunes femmes) puisqu’elle comptait 450 adhérents - et fut secrétaire de section et secrétaire du comité d’entreprise. Sur le plan interprofessionnel, il devint secrétaire de l’Union locale de Thonon et entra au conseil de l’Union départementale. Avant le rachat de Pathé-Marconi par Thomson durant l’année 1961, les salariés virent leur temps de travail (et leur salaire) chuter de moitié, puis l’annonce de la fermeture de l’usine et le licenciement du personnel qui donnèrent lieu à un conflit important auquel Jean Ducret prit une part active. D’août 1960 à octobre 1962, il travailla comme électricien frigoriste chez OFECO, une entreprise métallurgique de 45 salariés (dont près d’une vingtaine syndiqués CFTC) où il poursuivit l’action syndicale, laquelle permit d’obtenir un passage du temps de travail de 70 à 50 heures hebdomadaires sans perte de salaire en contrepartie de gains de productivité.

En 1962, à la demande d’André Soulat*, l’un des dirigeants de la Fédération CFTC de la Métallurgie, il en devint permanent régional du secteur Rhône-Alpes, avec la responsabilité de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l’Isère dans la Région Métaux Alpes (UMA). Jusqu’alors, les locaux se trouvaient à Grenoble, mais l’Isère étant en conflit avec la fédération, il fut décidé de les installer à Annecy. La famille Ducret s’installa alors dans cette ville, puis dans sa banlieue, à Seynod, en 1976. La visite régulière des syndicats (à Annecy, Annemasse, Thonon, Chambéry, Ugine, Grenoble, etc.) permit une progression du nombre d’adhérents de la CFDT, assurant l’indépendance financière de l’UMA. La participation de tous les syndicats à sa gestion en dehors du temps de travail (il n’y avait alors pas de reconnaissance des sections syndicales dans les entreprises) créa une solidarité entre les militants pour leurs conflits et leurs négociations avec le patronat départemental dans les accords de salaires et de conventions collectives, et le patronat d’entreprise dans les accords d’entreprises. En 1966 ou 1967, la zone d’influence de Jean Ducret s’étant élargie à la Drôme et à l’Ardèche, il fut rejoint par un autre permanent, Georges Dupont, ancien militant de la JAC, qui se chargea des deux nouveaux départements et de l’Isère. Jean Ducret siégea au conseil de la fédération de la Métallurgie CFTC (puis CFDT) de 1962 à 1970 et quitta ses fonctions de permanent, remplacé par Marc Cadoret, en janvier 1974.

De cette date jusqu’en juin 1979, il travailla comme représentant régional aux Repas parisiens, entreprise de restauration collective, et contribua à l’installation de cinq restaurants. Ayant quitté cet employeur, il devint en mai 1979 permanent administratif du comité d’entreprise de Dassault, à Annecy, qui était alors contrôlé par la CFDT. Il conserva cet emploi jusqu’à son départ en pré-retraite en juillet 1987.

Sur le plan politique, Jean Ducret adhéra à la SFIO au lendemain des événements de Mai 68. Il fut candidat socialiste aux élections municipales à Seynod en 1977, mais il ne fut pas élu.

Dans les années 1990, il s’engagea au sein de Bazar sans frontières, une association d’insertion par le travail basée à Seynod, et en fut le trésorier pendant quatre ans. À la même époque, il cessa d’adhérer à la CFDT mais continua à militer au PS.

Son épouse Thérèse Ducret, après avoir arrêté de travailler pour élever leurs enfants, reprit son activité d’institutrice dans l’enseignement privé en 1964. Le couple fut membre de l’ACO de 1957 à 1968. Leurs trois filles sont respectivement professeur d’espagnol, ingénieur à l’Institut national polytechnique de Grenoble (INPG) et technicienne à l’Office national des forêts.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23178, notice DUCRET Jean, François par Éric Belouet, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 décembre 2008.

Par Éric Belouet

Jean Ducret dans les années 1950
Jean Ducret dans les années 1950
[Coll. privée Jean Ducret]

SOURCES : Arch. JOC (SG), fichier des anciens permanents. — Questionnaire JOC, 1997. — Renseignements communiqués par Roger Bergin et Robert Huguiès. — Témoignage de l’intéressé, 11 et 19 mars 2008. — État civil de Thonon-les-Bains.

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