MASSPACHER Robert

Par Daniel Grason

Né le 12 février 1903 à Paris (IIe arr.), mort le 24 juin 1947 à Paris (XIIIe arr.) ; déporté à Auschwitz (Pologne) ; résistant gaulliste des Forces françaises combattantes (FFC).

Fils de Jules, vingt-neuf ans, négociant en instruments de musique et d’Emma Levy, vingt-sept ans, sans profession, Robert Masspacher naquit au 39-41, passage du Grand-Cerf à Paris (IIIe arr.). Pendant la guerre, il vivait 19 rue Turbigo à Paris (IIe arr.), mis en cause par un autre résistant, il a été interpellé par des inspecteurs de la Brigade spéciale 1 le 1er mars 1943 à 18 heures 30 au café Dreher 9 place du Châtelet à Paris où il avait rendez-vous avec l’inspecteur Quillent.
Robert Masspacher présenta une fausse carte d’identité au nom de Pierre Lariepe, son frère André qui l’accompagnait donna aux policiers une pièce d’identité au nom d’André Masson.
Les deux hommes furent emmenés dans les locaux des Brigades spéciales, Robert Masspacher était détenteur d’autres papiers au nom de Pierre Lariepe : une fausse carte d’alimentation, catégorie « A » ; une fausse carte de réduction de la SNCF valable pour l’ensemble des lignes ; un faux permis de conduire ; deux photographies de femmes ; une lettre sous enveloppe à l’intention de Pierre Rouquet 139, rue Victor-Berrurier à Saint-Cyr ; enfin un document manuscrit avec un numéro de téléphone, le lieu de travail d’un homme désigné comme le « Commandant ».
Les perquisitions effectuées à son domicile de la rue Turbigo ainsi que dans un autre logement au 16 ter, rue Censier à Paris (Ve arr.) furent infructueuses. Son nom figurait aux Sommiers Judiciaires pour des faits de droits communs.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, les inspecteurs lui demandèrent la raison pour laquelle il possédait ces fausses pièces d’identités. Il répondit : « Étant de confession israélite, j’ai fait l’acquisition de ces pièces que je reconnais fausses pour me permettre de continuer à voyager. » Quant aux photographies des deux femmes, il ne se souvenait plus comment ces documents lui étaient parvenus, et il ne connaissait pas ces deux femmes. Quant à la lettre adressée à Pierre Rouquet il avait oublié de la poster.
Il resta une quinzaine de jours au Dépôt, puis fut remis aux autorités allemandes. Incarcéré à la prison de Fresnes pendant onze mois, jugé par un tribunal militaire allemand, il a été condamné à mort.
Il fut interné au camp de Drancy, déposa le jour de son entrée le 2 février 1944 mille francs à l’administration du camp (reçu n° 13541). Il était le 10 février 1944 dans le convoi n° 68 à destination d’Auschwitz (Pologne).
Matricule 13541 Robert Masspacher survécut aux épreuves, il fut rapatrié. Il témoigna le 12 mai 1945 devant la commission rogatoire chargée d’enquêter sur les actions de l’inspecteur Fernand Y… qui l’arrêta. Robert Masspacher ne fit pas mention de sa déportation à Auschwitz.
Il déclara notamment : « J’ai été arrêté pour activité gaulliste. […] Cinq ou six inspecteurs que je ne reconnais pas sur les photographies que vous me présentez ont participé à mon arrestation. »
Il resta une dizaine de jours dans les locaux des Brigades spéciales : « j’ai été sauvagement frappé à coups de pied et à coup de poing par l’inspecteur D… que je reconnais formellement sur les photos que vous me présentez. » […]
« Je tiens à mentionner particulièrement l’attitude de l’ex-inspecteur Quillent de la B.S. 1 contre lequel je porte plainte, que je considère responsable de mon arrestation, de celles des commissaires [Gaston] Pateau et Albouy, du colonel [Frédéric-Henri] Manhès, [Albert] Kirchmeyer, Pons, Vannier, Cerbu, qui ont tous été déportés ; [Maurice] Vannier est décédé ; je crois qu’il en est hélas de même du Commissaire [Gaston] Pateau. »
Il fit part du double jeu de Quillent qui s’était engagé contre rémunération à fournir des « renseignements ». Robert Masspacher se rendit compte « un peu trop tard » que Quillent n’était nullement animé « par des sentiments patriotiques », mais par l’appât du gain. Masspacher lui versa vingt mille francs pendant les « trois mois de coopération avec lui. »
« Lors de l’arrestation du responsable du P.C. Brossard, certains documents trouvés à son domicile ont permis aux services de David, d’établir que les renseignements avaient été fournis par Quillent. »
« Celui-ci, interrogé par David, a donné spontanément et sans aucune contrainte, (c’est lui-même qui me l’a dit), tous les renseignements qui lui étaient demandés, et notamment le lieu et l’heure des rendez-vous qu’il avait avec moi. »
Il fit enfin part de la disparition de bijoux lors de la perquisition, il soupçonnait le commissaire Fernand David « de se les être appropriés. »
Robert Masspacher a été homologué au titre de résistant des Forces françaises combattantes (FFC) d’obédience gaulliste.
Il mourut le 24 juin 1947 à l’âge de vingt-quatre ans à Paris XIIIe arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231797, notice MASSPACHER Robert par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 septembre 2020, dernière modification le 5 septembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 3101-219674 (dossier Pierre Brossard), PCF carton 14 rapport des Renseignements généraux du 8 mars 1943, KB 48, 77 W 3113-294396. – Bureau Résistance GR 16 P 402531. – État civil numérisé, Paris IIe arrondissement 2N 110_A acte n° 127.

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