FONTAINE Joseph

Par David Noël

Né le 3 janvier 1879 ; mineur ; militant communiste et syndicaliste CGTU du Pas-de-Calais, tué le 11 avril 1934 lors d’une contre-manifestation organisée à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais) par les forces de gauche contre la tenue d’une réunion publique de l’Action Française.

Regard, 20 avril 1934 (reproduit par David Noël).

Né le 3 janvier 1879 à Lourches dans le département du Nord, Joseph Fontaine était le deuxième fils de Charles Fontaine et de Thérèse Méresse. Il effectua son service militaire au 127e régiment d’infanterie de Valenciennes entre 1900 et 1902 et obtint un certificat de bonne conduite avant d’être versé dans la réserve territoriale.
A l’issue de son service militaire, il rejoignit le Pas-de-Calais, résidant successivement à Rouvroy, Hénin-Liétard, Montigny-en-Gohelle et Lens.
Ouvrier mineur, Joseph Fontaine fut rappelé sous les drapeaux lors de la déclaration de guerre. Affecté au 2e régiment territorial d’infanterie, il fut fait prisonnier le 7 septembre 1914 à Maubeuge et passa toute la guerre en captivité, d’abord au camp de Zossen, puis dans les camps de Doberitz et d’Heilsberg.
Rapatrié sur Cherbourg en janvier 1919, il revint s’installer à Hénin-Liétard pour travailler à la fosse 7 des mines de Dourges.
Membre du comité pour la IIIe Internationale, il adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours et fut de toutes les luttes syndicales (CGTU) et politiques. En 1929, il figura sur la liste communiste aux élections municipales aux côtés de Nestor Calonne, Alfred Daniaux et Georges Marouzé.
Marié, père de cinq enfants, il prit sa retraite en 1934. Il entretenait son petit jardin et s’occupait de ses pigeons tout en continuant à militer.
Le 11 avril 1934, il participa à une contre-manifestation organisée à Hénin-Liétard par les forces de gauche contre la tenue d’une réunion publique de l’Action Française au Palais des Fleurs. Présent aux côtés de Nestor Calonne, il fut tué d’une balle de revolver tirée par les Camelots du Roi.
Les deux inculpés, Eugène Fritsch et Jean Théry, furent finalement relaxés en juin 1934 aux assises de Saint-Omer tandis que la veuve de Joseph Fontaine, représentée par l’avocat Albert Delevallée, était condamnée à payer les frais de justice.
Le verdict suscita l’indignation du PCF qui érigea Joseph Fontaine en martyr des luttes antifascistes.
Les deux frères de Joseph Fontaine, Charles Fontaine (né le 11 janvier 1877) et Jules Fontaine (né le 7 avril 1888) furent brièvement arrêtés le 27 mars 1935 pour avoir participé à une manifestation antimilitariste à Carvin aux côtés de Gustave Lecointe et d’Henri Darras.
La fille de Joseph Fontaine, Pulchérie Fontaine-Briquet, s’engagea dans la Résistance. Déportée, elle fut élue après-guerre aux côtés de Nestor Calonne, qui but battu lors des élections municipales de 1947 et siégea avec les élus communistes d’opposition durant deux mandats.
Il ne se confond pas avec Joseph Fontaine (1876-1953).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231982, notice FONTAINE Joseph par David Noël, version mise en ligne le 26 octobre 2021, dernière modification le 26 octobre 2021.

Par David Noël

Regard, 20 avril 1934 (reproduit par David Noël).

SOURCES : David Noël, "La première victime du fascisme" : retour sur l’assassinat de Joseph Fontaine, Master 2, Université de Caen, 2015-2016 . — Arch. Dép. Nord, , 1R 2617, Registres numérisés des matricules militaires de l’arrondissement de Valenciennes, 1899. — L’Enchaîné, 12 avril 1929.

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