SERVANT François, Claude dit SIMON

Par Michel Germain, Dominique Tantin

Né le 27 janvier 1925 à Dinard (Ille-et-Vilaine), mort des suites de ses blessures le 29 janvier 1944 à Annecy (Haute-Savoie) ; résistant des Glières.

Victoria Servant, brodeuse et épouse de l’adjudant, chef du Centre d’Education physique de Dinard Saint-Enogar, mit au monde le 27 janvier 1925 à Dinard le jeune François.
Celui qui se fait appeler Simon, après avoir été Routier Scout de France à la 18e de Lyon, arriva en Haute-Savoie en 1943. Ayant une forte personnalité et un immense charisme, malgré son jeune âge, il rencontra Tom Morel*. Celui-ci ne le « lâchera » jamais. Il l’envoya dans la vallée du Borne où il savait que Louis Wonderweidt, ancien du 27e RCA, saurait canaliser l’énergie du jeune homme. François fonda un corps franc qui, opérant partout, mais surtout entre Petit-Bornand, Thorens, Annecy, La Roche, Frangy..., se rendit immédiatement célèbre dans tout le département. Monnet, alias Baron, a écrit dans son livre Maquis de Haute-Savoie : « Dans l’imagination de ceux qui ne l’ont pas connu, il se dresse déjà comme un héros formidable. Aux veillées des chaumières il sera question de lui et la poésie populaire le célèbrera… Issu du mystère, il y rentre par sa fin tragique ». Pour certains, il était donc un héros légendaire, pour d’autres, il n’a cessé de faire des bêtises, voire des erreurs pour la Résistance. En tout cas, une chose est sûre, il avait la fougue et l’insouciance de sa jeunesse et Tom le rappela plusieurs fois à l’ordre avec bienveillance.
Le 1er octobre 1943, Simon voulut discuter avec le capitaine de Gendarmerie, Paul Vallet, qu’il avait lui-même convoqué par ruse à Thorens. L’officier, qui avait ordonné la destruction d’un stock de pommes de terre trouvé dans le chalet de l’Eaud, rencontra Simon quelques kilomètres avant Thorens. Descendant de sa voiture, il fit mine de porter sa main comme pour prendre son revolver. C’est alors que Sloughi, un homme du corps franc de Simon planqué en arrière, l’abattit. Cette affaire fit grand bruit dans tout le département.
Par la suite, le corps franc réalisa de très nombreux coups de main, ne restant jamais à la même place. On le voyait partout, même s’il n’y était pas. Connu des forces du Maintien de l’ordre et notamment du capitaine de G.M.R. Mallaret, Simon ne se méfia pas de l’opération menée dans son secteur des Quatre chemins, près de Chêne-en-Semine. Confiant, il alla à la rencontre des G.M.R (ou de la Garde). Mais, il fut grièvement blessé, le 23 janvier 1944, près d’Eloise, par l’adjudant Bailler, un G.M.R. qui n’était pas au courant des relations « privilégiées » de Simon avec son capitaine.
Le capitaine de gendarmerie Socié, commandant le secteur de Saint-Julien-en-Genevois écrivit dans son rapport : « Le 23 janvier 1944, une opération de police a été effectuée par la Garde contre une bande armée dans la région d’Usinens-Beaumont. Le chef de bande, se faisant appeler lieutenant Simon, a été grièvement blessé et un individu a été arrêté. Aucun blessé du côté des forces de police, la bande a réussi à s’échapper. Six voitures ont été saisies et un camion. Un stock de vivres et du matériel ont été saisis. Le lieutenant Simon a été reconnu par les gendarmes M… et P…, comme l’un des individus qui les avaient désarmés le 19 janvier. Le repaire de cette bande a été découvert par la Gendarmerie et des gendarmes servant de guide ont été mis à la disposition de la Garde pour cette opération. Une opération d’ensemble doit être envisagée si l’on veut mettre fin à tous ces attentats contre les personnes et les biens ». (Le capitaine Socié fut exécuté par la Résistance plus tard).
Grièvement blessé, Simon fut transporté à l’hôpital d’Annecy, où il fut opéré (laparotomie). Le chirurgien, médecin résistant, fit savoir à la Résistance qu’il était intransportable.
Les hommes de son corps franc, en route pour le délivrer, firent demi-tour et furent accrochés par un convoi de la Wehrmacht rentrant à Annecy, à Saint-Martin Bellevue le 24 janvier 1944. Treize d’entre eux furent exécutés à Annecy, dans la cour du quartier de Galbert. Ils se nommaient Alfred Ackerman*, Louis Bertherat*, René Carrier*, Jules Cherpitel*, Jean Debert*, Jean Gérard*, Georges Ledoux*, Marcel Luttgens*, Paul Munch*, Bruno Périno*, Maurice Rabut*, Raymond Vellut*, Raymond Verdel*, (plaque et stèle à Saint-Martin-Bellevue et dans l’ex-quartier de Galbert à Annecy).
Quant à Simon, il mourut, semble-t-il, à l’hôpital d’Annecy. Son corps n’ayant jamais été retrouvé, sa fin ajoute à sa légende et plusieurs semaines après sa mort des gens certifieront l’avoir vu vivant. Certains diront que les Allemands, qui sont venus le chercher à l’hôpital d’Annecy, l’ont transféré, d’autres qu’il est enterré dans un champ proche de l’hôpital, ce qui paraît très plausible…
La Résistance lui rendit un hommage en l’inhumant symboliquement dans la nécropole militaire nationale de Morette (tombe n°91, vide). Son nom figure sur le monument élevé à l’entrée de ladite nécropole.
Il fut reconnu Mort pour la France, homologué FFI, et la Médaille (Rosette) de la Résistance lui fut décernée à titre posthume par décret du 11 mars 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232044, notice SERVANT François, Claude dit SIMON par Michel Germain, Dominique Tantin, version mise en ligne le 14 septembre 2020, dernière modification le 14 septembre 2020.

Par Michel Germain, Dominique Tantin

SOURCES : Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Service historique de la Défense, Caen, AC 21 P 150492 et Vincennes GR 16 P 546359.

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