GIROLAMI Félix

Par Abours Micheline, Jean-Claude Lahaxe

Né le 25 août 1938 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; boiseur ; secrétaire départemental de la Jeunesse communiste des Bouches-du-Rhône ; secrétaire de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône ; président de l’Union départementale des Mutuelles de travailleurs des Bouches-du-Rhône ; président du Grand conseil de la mutualité.

Félix Girolami vint au monde à Marseille un an après que son père Antoine eut quitté Morasaglia, le village corse dans lequel il était né en 1912 au sein d’une famille de neuf enfants. D’origine napolitaine, sa mère Joséphine était journalière. Félix Girolami grandit dans un environnement militant. Devenu délégué du personnel aux Dames de France, son père adhéra avant guerre au PCF. Ses oncles se distinguèrent par leurs activités dans la Résistance : Philippe fut arrêté par la Gestapo, Pasquin apporta son concours à la libération de la Corse en 1943, François participa à celle de Marseille en 1944.

Déjà titulaire du BEPC depuis 1955, Félix Girolami termina ses études en 1956 après avoir obtenu, à l’issue d’un stage de la FPA, un CAP de boiseur. Aussitôt, il commença à travailler sur un chantier avec l’entreprise Boussiron, où il adhéra à la CGT et participa à la construction de l’usine des yaourts Benoît dans le quartier de Mazargues, près du stade Le Cesne. Cet emplacement est aujourd’hui occupé par Weldom et Gifi après avoir servi à « Mr.Bricolage ». Depuis 1954, il était membre de l’UJRF, organisation que ses idées, mais aussi la perspective de participer à des bals et à des sorties, l’avaient poussé à rejoindre. Marqué par la guerre d’Algérie et déçu par l’attitude contradictoire adoptée par les socialistes sur cette question depuis les législatives du 2 janvier 1956, Félix Girolami, sollicité par Louis Gatto au nom de la cellule Henri Martin, accepta de fonder un cercle de la JC avec les jeunes du boulevard André Aune (quartier de Vauban). Cette création s’étant produite au moment même où le 14e congrès du PCF (Le Havre, 18 au 21 juillet 1956) décidait de redonner vie à cette organisation fut saluée par un message de félicitations de Maurice Thorez. Devenu très rapidement secrétaire du premier cercle de l’UJCF reconstituée, Félix Girolami remit son adhésion au PCF à Antoinette Doize en janvier 1957. Cette année-là, il accéda au comité départemental de la JC. Il y côtoya Louis Calisti et Marcel Tassy, les secrétaires départementaux de l’époque.

Félix Girolami fut appelé sous les drapeaux le 2 septembre 1958. Il effectua ses classes à Bar-le-Duc, où il reçut une formation dans le domaine de la santé, puis à Toul où il passa ses permis de conduire poids lourds et transports en commun. Affecté dans une caserne de Marseille, il fut surpris par un de ses sous-officiers alors qu’il participait à une réunion à la Maison du Peuple de Vauban. Dès le lendemain, il était muté à Hyères. De janvier à décembre 1960, Félix Girolami termina son service à Oran au 2ème Zouave en tant qu’infirmier dans un service de l’assistance médicale gratuite. Notons aussi qu’il avait avec sa cellule décidé de refuser de partir faire la guerre d’Algérie quand le moment viendrait, et que, lors d’une permission et d’un contact avec sa cellule, ce ne fut plus le cas, afin de tenir compte d’une position plus prudente du Parti.

Rendu à la vie civile, Félix Girolami retrouva du travail dans le bâtiment en attendant de passer un concours de conducteur de travaux ou d’entrer à la SNCF. Sollicité par André Millo, le secrétaire départemental de la JC, il finit, après quelques hésitations, par devenir un membre permanent de la direction fédérale de ce mouvement. En 1961, Félix Girolami suivit les cours de l’école fédérale puis ceux de l’école centrale de un mois à Choisy-le-Roi. Lorsque André Millo entra au bureau de la fédération du PCF à la fin de l’année suivante, il lui succéda au poste de secrétaire départemental de la Jeunesse communiste, responsabilité qu’il conserva jusqu’en 1968.

En 1962, Félix Girolami participa au Festival Mondial de la Jeunesse à Helsinki.
Il fit partie d’une délégation nationale de la JC qui effectua, en 1963, un voyage à Moscou, Kiev, Bakou, Tachkent, ponctué de rencontres avec des jeunes soviétiques de différents milieux.
En 1964, ce fut le Forum Mondial de la Jeunesse à Moscou, avec notamment à l’ordre du jour la question de la coexistence pacifique (Félix Girolami fut le secrétaire de la commission « coexistence pacifique », présidée par un jeune japonais). Ce forum fut marqué par des divergences avec les délégués de la jeunesse communiste chinoise au sujet de la coexistence pacifique. La délégation était accompagnée par Henri Martin. Lors de la réception de clôture, Nikita Khrouchtchev s’arrêta un moment auprès de la délégation française et bavarda avec les délégués.
En 1967, Iouri Gagarine, le premier homme de l’espace, fut reçu à Marseille. Et Félix Girolami eut l’honneur de l’accueillir avec Michèle Dani, responsable de l’UJFF, et Georges Lazzarino, secrétaire fédéral du PCF, et de l’accompagner, notamment sur le Port de Marseille, à Martigues puis lors d’un grand meeting à Port de Bouc dans la salle portant son nom. A Port de Bouc, Iouri Gagarine planta un olivier, symbole de paix, en présence de René Rieubon, député-maire de la ville. Le lendemain, Félix Girolami présida un meeting chaleureux et enthousiaste à Marseille, où Iouri Gagarine prit la parole, après avoir participé à une séance de signatures à la librairie Paul Eluard de Marseille.

Félix Girolami accéda pour la première fois en 1965 au comité de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône (depuis 1963,il était régulièrement invité au comité fédéral et au bureau fédéral) Ayant suivi de fin 1967 à fin février 1968 les cours de l’école centrale de quatre mois, il quitta ses fonctions au sein de la JC et accéda au bureau fédéral le 10 mars suivant. Il y était plus spécialement chargé de l’édition d’une Marseillaise spéciale bimensuelle destinée, une fois tous les quinze jours, aux militantes et militants du PCF. Il participait en même temps à l’activité de la section de Saint Antoine dirigée alors par Lucien Vassal.
De 1969 à 1985, il siégea au secrétariat fédéral. Il y fut successivement chargé de la propagande, de la jeunesse, des finances, de la diffusion de La Marseillaise et de l’organisation des fêtes fédérales (celles de la Fédération du PCF et de La Marseillaise à Gémenos, puis, à partir de 1969, Les 30 heures de La Marseillaise à l’automne dont la 1ére édition en novembre 1969 au Parc Chanot se tenait avec la participation de Georges Marchais, Jean Ferrat et Christine Sèvres. A partir de 1971 une fête avait lieu en fin juin, et une autre mi-novembre. Il faut souligner ici le rôle prépondérant joué par Aldo Steddadu dans la réalisation et le bon déroulement de ces initiatives.
Succédant à Robert Allione, passé à des activités régionales, il s’occupa aussi du secrétariat à l’organisation de 1975 à 1983. Tous deux avaient la même conception de l’organisation, mettant l’adhérent au centre … En 1978, les effectifs de la Fédération des Bouches-du-Rhône culminèrent à 28 000 adhérents.
De 1969 à 1974, il fut membre de la commission nationale de propagande, présidée par René Piquet. Il fut aussi membre de la commission d’organisation, auprès de Paul Laurent.

Dans un quartier d’Allauch, La Pounche, se tenaient l’école fédérale, ainsi que l’école centrale d’un mois délocalisée, sous la direction de Robert Avit, puis, et surtout, sous celle de René Féniche, ancien berger, puis chauffeur routier. Félix Girolami y donna des cours d’économie politique, sujet qui le passionnait, jusqu’en 1975.
Les activités militantes de Félix Girolami le conduisirent aussi, à la demande du Comité central, à s’occuper de l’activité et de l’organisation du PCF à Nancy. Il demeura en Meurthe et Moselle de septembre 1971 à mars 1972.
À son retour dans les Bouches-du-Rhône, il alla rejoindre Maurice Garenq dans le secteur de Fos-sur-Mer où s’édifiait le complexe sidérurgique afin de contribuer à l’organisation du Parti communiste et aux diverses luttes ouvrières pour la sécurité et la dignité. Et ils mirent en place pour cela un comité de coordination composé des directions de sections et d’élus du secteur. Ces luttes étaient soutenues par La Marseillaise qui avait envoyé sur place Jean-Claude Izzo – celui-ci écrivant chaque jour un article sur Fos.

Dès la fin de l’année 1980, Félix Girolami songea à quitter le secrétariat fédéral. Il expliqua à Georges Lazzarino qu’il souhaitait laisser la place à de nouveaux responsables et se lancer dans d’autres tâches militantes. Ses contacts avec Louis Calisti, le responsable départemental et national de l’Union départementale des Mutuelles de travailleurs, et Yvette Piana, responsable départementale, conduisirent Félix Girolami à rejoindre le mouvement mutualiste en 1985. Élu pour la première fois cette année-là administrateur de la Mutuelle générale de Marseille lors de l’assemblée générale, il travailla auprès de Edouard Lop, le président de la MGM, et eut de longues conversations avec Jean-François Rey (qui était par ailleurs son médecin traitant) – notamment au sujet du caractère préventif de la médecine mutualiste. Séduit par ses nouvelles activités et sollicité par Louis Calisti et Yvette Giana, Félix Girolami accepta d’exercer la présidence de l’UDMT et du Grand Conseil de la Mutualité de décembre 1990 à juillet 1999. Durant cette période, il fut aussi vice-président de la Fédération des Mutuelles de France.
Remplacé par Thierry Marque à l’issue du congrès des Mutuelles de Provence des 17 et 18 juin 1999, Félix Girolami continua à maintenir le contact avec le monde de la Mutualité et participa à l’activité du PCF dans la section du 9ème arrondissement, au collectif Santé auprès de Marcel Touati, et à celle de l’amicale départementale des vétérans, auprès de Maurice Garenq, René Tamburino et Raymond Navarro.

C’est Pierre Doize qui célébra son mariage en 1964 avec Josette Bernardeschi. militante de l’UJFF rencontrée lors du Festival Mondial de la Jeunesse à Helsinki et fille de militants communistes dont le père était un résistant à l’envahisseur nazi. Une fille, Sylvie, est née de cette union, qui est elle-même maman de deux filles.
Après leur séparation en 1984, Félix rencontra Lylianne Clémençot, infirmière surveillante chef en psychiatrie, militante syndicale CGT et communiste depuis1962, adjointe à la culture de la Mairie d’Arles dirigée alors par le communiste Jacques Perrot. Maman de deux enfants, Dominique et Bruno décédé en 2014, elle est grand-mère de 5 petits enfants et actuellement 4 fois arrière-grand-mère. Ils se marièrent en 2003. La mère de Lylianne avait participé à la Résistance ; son grand-père Michel Bellot et sa grand-mère Antoinette Leschièra étaient des militants communistes dès la création du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232187, notice GIROLAMI Félix par Abours Micheline, Jean-Claude Lahaxe, version mise en ligne le 21 septembre 2020, dernière modification le 21 septembre 2020.

Par Abours Micheline, Jean-Claude Lahaxe

SOURCES : Listes établies par la Fédération des Bouches-du-Rhône du PCF en 1965 et 1968.- Fiche de circulation émise le 29 décembre 1990 par Pierre Mathurin à destination des membres du secrétariat des Mutuelles de Provence. - Procès-verbal de l’assemblée générale du 30 novembre 1985 de la MGM. - Débats et documents AG de 1992, numéro spécial encart au numéro 76 de Provence Mutualiste, février 1993 (photo). - Regards. Journal d’entreprise des Mutuelles de Provence. Numéro 50, mai 1995. page 6 (photo). — Débats et documents, assemblée générale annuelle des Mutuelles de Provence des 28 et 29 novembre 1997, Provence Mutualiste, janvier 1998, (photo). — Compte-rendu de l’assemblée générale des Mutuelles de Provence, 17 et 18 juin 1999, Aubagne. Supplément au numéro de Provence mutualiste de septembre 1999, pages 20 et 29 (photos). — La Marseillaise 4 novembre 1962, 31 mai 1967, 6 avril 1973 (photo), 20 mars 1976 (photo). - Molino (Lucien), Ma vie et mes combats. Préface de Robert Mencherini. Miramas, édité à compte d’auteur, 2000, page 183. — Entretien du 8 décembre 2000, déclarations complétées le 9 septembre 2005 (avec Jean-Claude Lahaxe). – Entretiens du 6 octobre 2013 (avec Gérard Leidet) ; du 7 janvier 2014, du 7 février 2019, du 29 octobre 2019 (avec Micheline Abours). – Notes de Gérard Leidet.

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