DUFOUR Camille

Par Stéphane Paquelin

Né le 20 septembre 1925 à Betteny (Marne) ; tourneur ; militant socialiste de Saône-et-Loire ; syndicaliste CFTC puis CFDT et président de l’UD-CFDT de Saône-et-Loire (1964-1971) ; maire socialiste du Creusot (1977-1995), conseiller général.

Un ouvrage biographique vient de lui être consacré par Stéphane Paquelin Camille Dufour. De l’usine à la mairie du Creusot, Nancy, Éditions Arbre bleu, 2012, 234 p.

[C. Dufour, Le Creusot de 1960 a nos jours, Nouvelles éditions du Creusot,2003, 4e de couv.]

Camille Dufour naquit dans un milieu modeste. Sa mère était sans profession et son père, né à Montchanin, fut d’abord employé du réseau Paris Lyon Méditerranée, militant de la CGT et de la SFIO. Il participa aux grèves de 1920 et fut l’une des victimes de la forte répression qui frappa les cheminots à l’issue de ce conflit. Il dut chercher un nouvel emploi qu’il trouva dans le département de la Marne où les chantiers de reconstruction étaient particulièrement nombreux. Il y rencontra son épouse, originaire de Reims. Peu après la naissance de Camille Dufour, la famille revint s’installer au Creusot où le père exerça la profession de coiffeur.

Camille Dufour fréquenta l’école primaire, où il obtint le certificat d’études primaires, puis le cours complémentaire pendant deux années supplémentaires. Il travailla ensuite avec son père. Cette période fut également marquée par son adhésion à la JOC, en 1943. Comme pour beaucoup de militants, il s’agissait alors de rechercher des lieux de sociabilité à un moment où ils étaient aussi rares que nécessaires. Cette implication se renforça assez vite et aboutit à un véritable militantisme, lequel passa par une conversion au catholicisme. Camille Dufour était en effet issu d’un milieu ne professant pas de convictions religieuses. Cette période fut importante pour lui à plus d’un titre. C’est dans ce cadre qu’il rencontra son épouse, qu’il apprit à militer et élargit ses connaissances et, enfin, rencontra celui avec qui il partagea ensuite tous ses engagements, Bernard Loiseau*.

Au début des années 1950, il cessa de travailler avec son père et entreprit une formation accélérée de tourneur dans le système de formation des établissements Schneider, devenus la SFAC. À partir du moment où il fut employé par cette entreprise, il commença par militer au sein du syndicat CFTC de la métallurgie du Creusot, dont il fut l’un des responsables dès 1953, et qui comptait plusieurs centaines d’adhérents. En 1960, il devint secrétaire de l’UD-CFTC, puis président en 1964. Avec Bernard Loiseau, il prépara l’évolution de 1964 et parvint à ce que la majorité des syndicats accepte cette mutation. Il conserva ses fonctions après cette dernière, cela jusqu’en 1971 où il resta toutefois membre du bureau. Cela s’expliquait par de nouvelles priorités, notamment un engagement politique. À la Libération, accompagnant son père, il avait adhéré à la SFIO mais s’en était rapidement détaché en raison des positions prises par ce parti sur la question des colonies et par réprobation du fonctionnement des institutions de la IVe République. Il en avait conçu un dégoût durable du militantisme politique. Durant les années 1960, il avait été très attiré par le PSU dans lequel militaient quelques-uns de ses homologues syndicalistes (notamment Gabriel Adam*). Les incessants débats internes, le caractère trop professoral du recrutement l’avaient toutefois empêché de franchir le pas.

Après le congrès d’Épinay, Camille Dufour considéra que la donne avait changé et rejoignit le Parti socialiste. Avec Bernard Loiseau, il fut l’un des artisans de la renaissance d’une section socialiste au Creusot. Bénéficiant d’une solide notoriété, grâce notamment à son passé de syndicaliste, il se présenta à plusieurs élections locales et assuma plusieurs mandats locaux. En 1976, il fut élu au conseil général aux dépens du maire du Creusot, qu’il allait battre à nouveau, de justesse, lors des municipales de 1977. Il était alors en tête d’une liste d’union de la gauche et opposé à une droite désunie. Cette victoire fut toutefois très vite remise en question car figurait sur cette liste un artisan qui était en règlement judiciaire, ce qui était interdit. Il fut donc invalidé et avec lui toute la liste. De nouvelles élections furent organisées au mois de juin 1978 dont le résultat dépassa toutes les espérances de Camille Dufour puisqu’elles furent gagnées avec plus de 60 % des voix. Il conserva la mairie durant trois mandats successifs. Il fut également président de la communauté urbaine de Montceau-les-Mines-Le Creusot à la même période. En 1995, il décida de ne pas solliciter un renouvellement de son mandat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23222, notice DUFOUR Camille par Stéphane Paquelin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 12 décembre 2013.

Par Stéphane Paquelin

[C. Dufour, Le Creusot de 1960 a nos jours, Nouvelles éditions du Creusot,2003, 4e de couv.]
Stéphane Paquelin, <em>Camille Dufour</em>, <em>op. cit.</em>, couverture
Stéphane Paquelin, Camille Dufour, op. cit., couverture
Marthe et Camille Dufour en 2011
Marthe et Camille Dufour en 2011

SOURCES : Arch. UD-CFDT de Saône-et-Loire. — Arch. Dép. Saône-et-Loire, W117601, W117604. — Entretien avec Bernard Loiseau, dirigeant de la CFDT en Saône et Loire, proche de l’intéressé, septembre 2000. — Entretien avec Camille Dufour, 21 janvier 2003. — Stéphane Paquelin, Camille Dufour. De l’usine à la mairie du Creusot, Nancy, Éditions Arbre bleu, 2012.

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