VOLLOT Philippe

Par Jean-Paul Salles

Né le 5 novembre 1951 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine) ; militant des Cercles rouges après Mai 68, puis de la LC/LCR jusqu’en 1988, militant des Verts puis du PS, puis de nouveau d’Europe Écologie Les Verts ; responsable syndical d’INTERCO-CFDT puis du SNUCLIAS-FSU ; de culture protestante, président du Conseil presbytéral de l’Église protestante unie de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), de 1999 à 2017.

Philippe Vollot est né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), fils unique de Robert Vollot et de Suzanne Cordelette, épouse Vollot.
Son père, engagé volontaire à dix-neuf ans le 25 août 1944 à Angers dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI) placées sous le commandement américain, fit la campagne d’Allemagne jusqu’au 8 mai 1945. Il fut démobilisé le 19 décembre 1945. Sa mère, issue d’une famille socialiste (SFIO), participa en mai-juin 1936 aux manifestations du Front populaire. Son père était imprimeur et sa mère comptable. Durant son enfance et son adolescence, de 1954-1977, il habita dans le XIe arrondissement de Paris et fut scolarisé au lycée Voltaire, situé dans le même arrondissement.
Élevé dans un milieu protestant, il resta fidèle aux valeurs de ce milieu, le respect des minorités, l’esprit de fraternité envers les étrangers, l’attachement à l’égalité entre hommes et femmes, et plus généralement le refus de tout suivisme et la pratique de l’esprit critique. Deux événements contribuèrent à le marquer profondément. La manifestation anti-OAS du 8 février 1962, durement réprimée par la police au métro Charonne (9 morts) était passée sous ses fenêtres. Un peu plus tard, en 1967, devant son lycée il fut le témoin de l’attaque menée par des militants d’extrême droite contre les diffuseurs du journal de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), l’Avant-Garde Jeunesse, au cours de laquelle Pierre Rousset fut gravement blessé. Les événements de 1968 hâtèrent son engagement politique. En mai-juin 1968, il vendit l’Avant-Garde Jeunesse devant son lycée et participa à l’occupation du lycée et aux diverses manifestations dans les cortèges lycéens. Toujours proche de cette mouvance, il participa au Cercle rouge du lycée Voltaire à la rentrée 1968. Il fut reçu au Bac Philo avec mention en juin 1970, puis adhéra à la Ligue communiste (LC) en octobre 1970, au moment où il s’inscrivait à la Faculté de Droit et de Sciences économiques de l’Université de Paris XII (Paris-Est-Créteil) située à l’époque (et jusqu’en 2005), quartier de la Varenne-Saint-Hilaire, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Dans cette Faculté à la réputation grandissante, il suivit ses études avec sérieux. Tout en participant aux diverses activités militantes, nombreuses réunions, Comités rouges, vente de Rouge, participation aux manifestations (contre l’intervention militaire américaine au Vietnam, contre la loi Debré du printemps 1973, contre le coup d’État militaire au Chili du 11 septembre 1973), il ne négligea pas ses études, obtenant rapidement la licence 2 en droit public avec mention (1974) requalifiée par la suite en Maîtrise. Son mémoire de maîtrise portait sur La République Démocratique et Populaire du Yémen du Sud : une expérience originale, une importance méconnue.
Dans un texte rédigé a posteriori, intitulé « Un regard chrétien sur le marxisme », Philippe Vollot tentait d’expliquer cette adhésion du jeune homme qu’il était, profondément marqué par l’éthique protestante, à une organisation de la gauche révolutionnaire (in Autres Temps, année 2000). Il expliquait tout d’abord pourquoi parmi les organisations révolutionnaires, ce ne pouvait être que la Ligue communiste, un groupe permettant à ses minorités de s’exprimer alors que les maoïstes « vantaient les charmes du parti unique et la mise au pas des intellectuels ». Quant au Parti communiste ou à Lutte ouvrière, ils s’estimaient l’un et l’autre « détenteur unique et infaillible de la vérité ». Le jeune homme se montrait également sévère vis-à-vis de « la tiédeur » du PS et du PSU « dont les projets de transformation se sont limités à soutenir respectivement François Mitterrand et Mendès France dans une perspective purement politicienne ». Finalement, il reliait cette adhésion à la gauche révolutionnaire « directement à l’Évangile, tant les paroles et les actes de Jésus-Christ en faveur des pauvres et de tous les déshérités de l’existence me semblent devoir se concrétiser par notre action en ce monde » (ibid.).
Une fois ses études terminées, en février 1975, il fut embauché à la préfecture du Val-de-Marne comme Attaché du Ministère de l’Intérieur. Il y fit toute sa carrière, jusqu’à sa retraite en mai 2015. Il a exercé ses fonctions successivement dans les services de la planification, de l’urbanisme et du contrôle de légalité. Dans cette dernière responsabilité, il fut amené une centaine de fois à représenter l’État devant les juridictions administratives. Enfin, il présida au nom du préfet pendant une quinzaine d’années la Commission de Sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les établissements recevant du public et les immeubles de grande hauteur.
Militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), il fut candidat de son organisation aux Législatives de juin 1981 sur la cinquième circonscription du Val-de-Marne (Créteil, Joinville-le-Pont, Saint-Maur et Bonneuil). L’extrême gauche était divisée, un candidat de Lutte Ouvrière et un candidat du PSU étant aussi dans la compétition. Philippe Vollot était un des trente-cinq candidats présentés par la LCR à ces élections, un nombre modeste, après que l’organisation n’ait pas réussi à réunir les 500 signatures de maires pour présenter Alain Krivine aux élections présidentielles de mai 1981. Après la victoire tant attendue de François Mitterrand, le Parti socialiste sortit grand vainqueur des législatives et les résultats de l’extrême gauche furent très modestes. Les candidatures d’extrême gauche, plutôt candidatures de témoignage – les candidats avaient annoncé longtemps à l’avance qu’ils se désisteraient au second tour pour le candidat de gauche arrivé en tête au premier tour - ne recueillirent que 2,6 % des voix dans la circonscription, dont 0,65% au candidat de la LCR (Rouge n°974, 19-25 juin 1981). Mais la présence aux élections n’était qu’un des aspects du militantisme à la LCR. Après 18 ans de militantisme, il démissionna de la Ligue en 1989 en désaccord avec le refus de son organisation d’une part de porter des revendications locales crédibles quand elle se présentait aux élections municipales, et d’autre part de refuser toute politique ponctuelle d’alliance à gauche en vue du second tour hors de la gauche révolutionnaire.
Sur le plan syndical, son engagement fut constant, de son embauche – il adhèra à la CFDT dès avril 1975 – jusqu’à sa retraite en mai 2015, soit 40 années de militantisme continu et souvent à un haut niveau de responsabilité. Les vingt-huit premières années se déroulèrent dans le cadre de la CFDT. Il fut secrétaire de la section CFDT Préfecture-Département du Val-de-Marne de mai 1977 à mai 2003, et simultanément, pendant la même période, conseiller et membre du syndicat CFDT-INTERCO du Val-de-Marne. De 1977 à 1997, il fut conseiller fédéral au niveau national CFDT-INTERCO. C’est à ce niveau qu’il animait et coordonnait l’opposition de gauche syndicale au sein de la CFDT. En effet, au milieu des années 1990, il fut confronté à l’évolution de la CFDT, qui préféra accompagner les réformes de la Sécurité sociale et des Retraites initiées par les gouvernements Juppé puis Raffarin, plutôt que d’engager une lutte ferme contre elles. Initiée par Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT depuis 1992 et poursuivie par François Chérèque son successeur, cette politique allait susciter des oppositions importantes dans le syndicat. Les adversaires de cette politique, dont Philippe Vollot faisait partie, s’unirent dans la tendance « Tous ensemble ». Ils privilégiaient la lutte, la grève, et l’unité d’action avec la CGT notamment, pour s’opposer à ce qu’ils qualifiaient de « contre-réformes ». Confrontés à la réaction hostile des instances dirigeantes de la CFDT qui, accusaient-ils, utilisaient des méthodes déloyales pour les combattre, ils quittèrent la CFDT en 2003. Philippe Vollot et ses camarades des préfectures et des sous-préfectures démissionnèrent le 5 juin 2003 pour rejoindre la Fédération syndicale unitaire (FSU), désormais apte après modification de ses statuts à accueillir des non-enseignants. Membre du Syndicat national unitaire des Collectivités locales, de l’Intérieur et des Affaires sociales (SNUCLIAS-FSU), Philippe Vollot fut, de juin 2003 à mai 2015, secrétaire général de la branche du Ministère de l’Intérieur.

Persuadé qu’action syndicale et action politique se complètent, Philippe Vollot poursuivit son action sur ce terrain-là aussi, se présentant comme suppléant de Gaston Viens (1924-2015), maire d’Orly, aux élections législatives du 21 mars 1993 dans la deuxième circonscription du Val-de-Marne. Gaston Viens, figure importante du Parti communiste dans le Val-de-Marne, en délicatesse avec la direction de son parti depuis 1981, fut exclu en 1989. Désormais proche des « reconstructeurs », il participa à la création d’Alternative, Démocratie et Socialisme (ADS) qui se rapprocha des « refondateurs » proches de Charles Fiterman pour former la Convention pour une alternative progressiste (CAP) (Voir la notice Gaston Viens du Maitron). C’est sous l’étiquette « Solidarité Écologie Gauche alternative » que Gaston Viens et Philippe Vollot se présentèrent à ces élections, obtenant 25 % des suffrages exprimés à Orly et 6 % sur toute la circonscription. L’implication de Philippe Vollot dans le combat politique ne se démentit pas au cours des années suivantes. Adhérent au Parti des Verts en 2003, il les quitta rapidement, en désaccord avec leur soutien au Traité constitutionnel européen (référendum de 2005). Ayant donné son adhésion au Parti socialiste (PS) en juillet 2007, il fut élu premier secrétaire de la section de Créteil du 13 décembre 2012 au 11 juin 2015, section qui regroupait alors plus de deux-cent-vingt adhérents. La tendance du PS qui avait son soutien, la Gauche socialiste animée par Christian Paul, dépassa à peine les 28 % des suffrages au congrès de Poitiers en 2015. Pourtant, le bilan de François Hollande se révélait déjà désastreux. Donc, après dix ans de militantisme au PS, il quitta ce parti en 2017 pour donner son adhésion à Europe Écologie Les Verts (EELV) en octobre 2019.
Philippe Vollot fut présent aussi sur la scène associative, membre de la Ligue des Droits de l’Homme, de Greenpeace et de la Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués), importante association caritative d’origine protestante créée le 18 octobre 1939. S’il est un fil rouge dans les engagements de Philippe Vollot, c’est son engagement de chrétien dans l’Église protestante unie de France (communion luthérienne et réformée). De 1999 à 2017, il présida le Conseil presbytéral de l’église protestante de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Prédicateur laïque de l’Église protestante unie, il manifesta dans ses interventions à la fois une grande connaissance de la Bible, une grande largeur d’esprit et une grande curiosité. Ainsi, le 4 mars 2014, il commentait « La Parole » une œuvre du grand sculpteur allemand Ernst Barlach (1870-1938). Considérées comme de l’art dégénéré, 400 de ses œuvres avaient été retirés des musées et en 1937 il fut contraint par les nazis de quitter l’académie prussienne des Arts. On peut retrouver les interventions et les articles de Philippe Vollot sur le site « Évangile et Liberté ».
Philippe Vollot est marié et a deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232290, notice VOLLOT Philippe par Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 22 septembre 2020, dernière modification le 19 mai 2022.

Par Jean-Paul Salles

ŒUVRE : Mémoire de Maîtrise en Droit public : La République Démocratique et Populaire du Yémen du Sud : une expérience originale, une importance méconnue, 1974 ; -nombreux articles dans la presse syndicale du Val-de-Marne (CFDT, SNUCLIAS-FSU) ; -articles et prédications sur le site « Évangile et Liberté ». ; -sur Internet « prédications Philippe Vollot », notamment sur le site www.foyerdelame.fr

SOURCES : Philippe Vollot, « Un regard chrétien sur le marxisme », Autres Temps, revue du Christianisme social, n° 68, année 2000, p. 19-28 (en ligne sur le Portail Persée). — Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981), instrument du Grand Soir ou lieu d’apprentissage ?, 2005, PUR, notamment les pages 312-315 : « Des Chrétiens séduits ?. — Biographie de Gaston Viens dans le Maitron, par Claude Pennetier, 2016. — Données d’État civil et précisions fournies par Philippe Vollot.

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