DUFOURNIER Paul, Louis, Julien

Par Jacques Girault

Né le 17 mars 1902 à Manou (Eure-et-Loir), mort le 14 mars 1992 à Blois (Loir-et-Cher) ; professeur d’École normale ; syndicaliste et militant socialiste de Loir-et-Cher.

[coll. privée famille Dufournier]

Son père, marchand de nouveautés puis maraîcher, marié à une couturière, maire socialiste de Fréteval (Loir-et-Cher) de 1928 à 1940, fut réprimandé par le préfet pour avoir accueilli des républicains espagnols. Paul Dufournier reçut les premiers sacrements catholiques. Élève de l’école publique de Fréteval puis du lycée de Vendôme, après avoir obtenu le baccalauréat en 1920, il poursuivit ses études pour une licence de lettres (mention philosophie) qu’il obtint en mars 1925 (certificats de morale, de sociologie, d’histoire) et obtint la capacité de droit. Il travailla, à partir de 1920-1921, comme maître d’internat au lycée de Vendôme (Loir-et-Cher), puis au collège Chaptal à Paris (1923-1924) après son service militaire (1927-1929) au Maroc où, caporal, il fut blessé. Après avoir été maître répétiteur à l’Institut des sourds et muets d’Asnières (1923-1924), il devint maître d’internat aux lycées de Laon (Aisne, 1924-1925) puis de Lille (Nord, 1925-1926). Licencié, il obtint des délégations de professeur dans des écoles primaires supérieures de Chinon (Indre-et-Loire) de 1926 à 1929, de Pithiviers (Loiret) d’avril à juillet 1929, de Fourmies (Nord) en 1929-1930 (école supérieure professionnelle), de Rodez (Aveyron) en 1930-1931.

Paul Dufournier, bien qu’anticlérical, se maria religieusement en août 1930 à Chartres avec une institutrice travaillant en Eure-et-Loir. Le couple eut un fils en 1949 qui ne reçut aucun sacrement. Pour pouvoir vivre avec son épouse, il demanda à plusieurs reprises à se rapprocher d’elle. Il fut nommé professeur de lettres et d’anglais (une inspection indiquait qu’il n’avait jamais été en Grande-Bretagne) à l’EPS d’Onzain (Loir-et-Cher) et y resta jusqu’en 1946. Son épouse devint directrice d’une école des filles à Blois, à la fin des années 1930.

Entré dans la vie syndicale dès sa nomination dans l’enseignement, Dufournier fut secrétaire départemental du syndicat des EPS de 1931 à 1936. De 1932 à 1939, il fut secrétaire départemental de la Fédération générale de l’enseignement-CGT et, de 1936 à 1939, il appartint à la commission exécutive départementale de la CGT. Il fut
suspendu pour huit jours à la suite de la grève du 30 novembre 1938. Il fut vice-président départemental de la Ligue des droits de l’Homme (1938-1940).

Paul Dufournier militait au Parti socialiste SFIO depuis 1931. Il fut secrétaire de la section d’Onzain de 1933 à 1939 et en 1949, membre de la commission exécutive de la Fédération départementale de 1933 à 1940 et de 1945 à 1959. Avant 1938, il défendit les thèses pacifistes de Marceau Pivert. Il fut le responsable du journal fédéral Le Solognot - Populaire de Loir-et-Cher puis du Populaire du Loir-et-Cher après la guerre.

Non mobilisé en 1939, il fut affecté au 2e bureau à Orléans et secrétaire au contrôle postal ; il aida ainsi à détruire, selon son témoignage, dès les premiers jours, les fiches « rouges » de camarades syndicalistes, de militants socialistes et communistes. Il participa à des stages d’éducation générale et sportive en 1941 et 1943.

Dignitaire d’une loge du Grand-Orient de France où il avait été initié en 1927, Paul Dufournier fut déclaré démissionnaire d’office par le gouvernement et mis à la retraite, le 6 juin 1944. Réintégré au collège moderne d’Onzain à la Libération, à nouveau responsable du Syndicat des collèges modernes, il devint professeur de lettres et de philosophie à l’École normale d’instituteurs de Blois en 1946. Victime d’un accident de la circulation en octobre 1949, il réintégra son poste en 1950 jusqu’à sa retraite en 1962. Il fut le secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale de 1947 à 1961 et le secrétaire du syndicat des professeurs d’EN de 1950 à 1962. Très impliqué dans le combat laïque, il fut le vice-président du Comité départemental d’action laïque (1949-1960). Il participa activement à la vie de la section départementale de la MGEN de sa naissance (vice-président en 1946) au milieu des années 1970 et fut le secrétaire du conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale jusqu’en 1960.

Paul Dufournier, membre du Parti socialiste SFIO depuis la Libération, en démissionna en 1959, étant en désaccord avec la politique générale du parti « trop préoccupé à faire de l’anticommunisme », de même qu’avec sa politique coloniale. En 1971, après le congrès d’Épinay, il donna son adhésion au nouveau Parti socialiste. Il fut le président d’honneur des fédérations départementales des œuvres laïques (1959) et de la Libre-pensée (1949). En outre, il occupait des responsabilités dans de nombreuses associations (Président puis président d’honneur des anciens élèves du lycée de Vendôme, de la fédération du Planning familial et responsable de la formation, président du cercle de l’abbé Grégoire, secrétaire du comité de lutte contre le cancer, trésorier de l’association des handicapés de La Croix Marine, secrétaire de la section départementale de l’œuvre des pupilles de l’Éducation nationale).

Franc-maçon jusqu’en 1983, Dufournier militait dans l’Association pour le droit pour le droit de mourir dans la dignité, Après ses obsèques civiles, son nom fut donné à une allée de Blois par délibération du conseil municipal, le 19 juin 1997.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23231, notice DUFOURNIER Paul, Louis, Julien par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 9 août 2021.

Par Jacques Girault

[coll. privée famille Dufournier]
[coll. privée famille Dufournier]

SOURCES : Arch. Nat., F/17 27962. — Arch. Dép. Loir-et-Cher, fonds de la Bourse du Travail de Blois, 134 à 138. — Arch. FEN, 1BB8 (L. Frajerman). — Notes et renseignements fournis par M. Dufournier à Paul Foulet. — Notice DBMOF, par Paul Foulet.

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