CHAROV Vladimir, Marcel

Par Hugues Lenoir

Né le 10 juillet 1944 à Hammam-Lif (Tunisie), mort le 9 août 2016 à Bordeaux (Gironde) ; tourneur, mécanicien, correcteur, éducateur ; syndicaliste FO, CFDT, CGT, puis SUD ; militant libertaire, membre de l’Alliance syndicaliste.

Vladimir Charov en 1974 (archives familiales)

Son père Léonid Charov naquit le 26 septembre 1896 à Moscou (Russie) et mourut le 29 février 1974 à Langon (Gironde). Il fut tour à tour officier dans l’armée du Tsar de Russie, mécanicien au Ministère des Travaux publics en Tunisie, ouvrier chez Cabireau (chaussures vulcanisées) à Saint-Macaire (Gironde) et enfin mécanicien auto au camp militaire de l’armée américaine à Captieux (Gironde). Sa mère Amato Luisa-Michela, naquit le 2 janvier 1908 à l’île de la Galite (Tunisie), et mourut le 30 mars 1996 à Langon. Elle était « sans profession ». Léonid Charov d’abord russe blanc, sympathisa avec communiste après son immigration en France. Les parents de Vladimir Charov n’eurent aucune responsabilité politique ou syndicale. Du côté de sa mère les affinités révolutionnaires sont toutefois plus évidentes. Le grand-père paternel, Emmanuele Amato, d’origine sicilienne, avait donné des noms éloquents à trois de ses enfants : Elisée (pour Reclus) Luisa-Michela pour (Louise Michel), Clara (pour Clara Zetkin) !

Vladimir Charov fut marié à Claudette Chapoulie, dite Clo qui était agent de La Poste à Bordeaux Meriadeck (Gironde), d’abord adhérente à FO, puis CFDT et enfin Sud-PTT. Ils eurent une fille Kharinne Charov, engagée à la CGT au journal Sud-Ouest à Bordeaux (déléguée du personnel, puis responsable syndicale).

Après l’école primaire et un début de collège à Tunis (Tunis), Vladimir Charov poursuivit ses études à Langon, suite au rapatriement de la famille Charov en France le 2 décembre 1956. De 1957 à 1959 il fréquenta le Centre d’apprentissage de Langon (métal), puis entre 1962 et 1963, le centre de Formation pour adulte (FPA) à Bègles (Gironde) où il obtint un certificat de formation professionnelle (tourneur), mention TB, suivi en 1965 au Centre provisoire de perfectionnement professionnel à Bègles, d’un certificat de perfectionnement professionnel (tourneur). En 1980-1981 il poursuit sa formation au Centre de formation professionnelle des adultes à Bègles où il obtint le certificat de formation professionnelles (réparateur de machines agricoles), puis en 1981 au même endroit, un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) (mécanicien réparateur d’autos, option véhicules particuliers). En 1986, Vladimir Charov engagea une reconversion professionnelle à l’IRFTS-RSA à Bordeaux-Talence en vue de l’obtention d’un certificat d’aptitude aux fonctions d’éducateur technique spécialisé. Enfin entre 1989 et 1990, il suivit la formation de correcteur de presse.

Sa carrière professionnelle est en étroite en corrélation avec son parcours de formation et sa vie militante. De juillet 1959 à janvier 1962, il fut à son tour ouvrier chez Cabireau. De janvier 1962 à septembre 1962 il travailla comme manœuvre dans l’entreprise de maçonnerie Réghénaz à Saint-Macaire. D’avril 1963 à août 1964, il effectua son service militaire, d’abord ses classes à Périgueux (Dordogne), puis il fut affecté au Cadre noir de Saumur (Maine-et-Loire), dans la cavalerie.

De retour à la vie civile, Vladimir Charov fut tourneur P3 à la Snecma à Blanquefort (Gironde) du 2 février 1965 au 30 septembre 1969 puis à la SEP (Société européenne de propulsion) au Haillan du 1er octobre 1969 au 29 août 1977 (tourneur P3, niveau 3, échelon 1). Après un licenciement en 1977 et un jugement en Conseil d’État avec réintégration à la clef, il quitta malgré tout la SEP. Reconverti, il fut éducateur technique au CEID (centre d’études et d’informations sur la drogue) à Bordeaux de 1978-1986, puis éducateur technique spécialisé, toujours au CEID de 1986 à 1991. Entre 1989 et 1992, il fut correcteur de presse au Canard enchaîné, au Journal officiel, à la Cote Desfossés et à l’Imprimerie de la presse nouvelle. Il termina sa carrière de 1992 au 31 juillet 2009 comme éducateur technique spécialisé à l’association « Les papillons blancs du Libournais (Adapei) au Service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) de Saint-Denis-de-Pile (Gironde).

Dans son parcours militant il fut influencé et proche au moins un temps de Jean Barrué, Joachim Salamero et des militants de l’Alliance syndicaliste de Bordeaux (Christian Chanteau, Alain Garnier, Alain Imbert, Alain Lataste, Michel Laville, Alain Pagant) et de Paris (Jacky Toublet, René Berthier, Thierry Porré et Serge Aumenier). Il fut successivement militant et syndiqué à FO de 1967-1971, syndiqué à la CFDT métallurgie Métaux de 1973-1978, à la CFDT Santé-Sociaux entre 1978-1991, à la FILPAC-CGT de 1988-2004 (syndicat du livre Paris) et enfin de SUD Santé-Sociaux de 2005 à 2016 . Au fil de son parcours dans ces organisations, il eut plusieurs responsabilité comme délégué du personnel et comme représentant syndical en comité d’entreprise. Comme membre du bureau de l’Union départementale de la CFDT de la Gironde, il fit partie de la délégation convoquée le 1er décembre 1976 devant plusieurs membres de la Commission exécutive de la CFDT en raison de son soutien aux comités de soldats et de son fonctionnement. Le verdict tomba le 3 décembre : la CFDT suspendit les organes décisionnels et exécutifs de l’Union départementale, conseil, bureau et secrétaire général.

Il participa à de nombreux événements de la vie militante. Outre les congrès syndicaux et les manifestations, il prit part aux travaux de l’Alliance syndicaliste, à des réunions au local libertaire rue du Muguet à Bordeaux, aux comités de soldats, aux luttes du Larzac, aux mobilisations anti-nucléaires à Braud-et-Saint-Louis (Gironde), à la lutte des LIP à Besançon (Doubs). Il prit régulièrement la parole au cours des grèves auxquels il participa. Par ailleurs, il fut associé à des échanges internationaux avec des militants soviétiques (Natalia Gorbanevskaïa à Bordeaux à l’ancienne faculté de lettres et Vladimir Borissov fondateur et porte-parole en France du syndicat libre SMOT) et il représenta l’Alliance syndicaliste avec Thierry Porré congrès de la SAC (Sveriges Arbetares Centralorganisation, fondé en 1910) en Suède à Stockholm en 1975.

Vladimir Charov repose au cimetière de Saint-Macaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232373, notice CHAROV Vladimir, Marcel par Hugues Lenoir, version mise en ligne le 24 septembre 2020, dernière modification le 25 septembre 2020.

Par Hugues Lenoir

Vladimir Charov en 1974 (archives familiales)
Vladimir Charov en 1974 (archives familiales)
Vladimir Charov en 1974 (archives familiales)

ŒUVRE : articles dans la presse syndicale et militante dont Solidarité ouvrière, journal de l’Alliance syndicaliste dont les articles n’étaient pas signés. — Participation à l’ouvrage L’histoire de plus de 50 ans de pratique syndicale dans une entreprise de moteurs spatiaux de Gironde par le Collectif Association de réflexion et d’information Fernand-Pelloutier, éd. ARIFP, Bordeaux,2018.

SOURCES : Archives familiales. — Entretien avec Kharinne Charov. — Renseignements fournis par Thierry Porré et les anciens militants de l’Alliance syndicaliste.

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