ANDRÉ Bernard, Jacques

Par Hugues Lenoir

Né le 8 avril 1954 à Sens (Yonne) ; ouvrier du livre, peintre décorateur, formateur en CFA ; syndicaliste CGT puis FO ; militant de la Fédération anarchiste.

Bernard André dans son atelier chez Photo couleur service (PCS) en 1984 (Archives personnelles)

Son père Jacques André était né 21 octobre 1918 et mourut le 25 août 2001 à Gagny (Seine-Saint-Denis). Il était tapissier, électeur communiste et adhérent de la Fédération nationale des prisonniers de guerre (FNPG). Sa mère, Geneviève André née Lecouteux le 15 juin 1920 à Asnières-en-Montagne (Côte-d’Or) mourut le 11 août 1998. Elle fut vendeuse dans une mercerie puis mère au foyer et électrice de gauche. Bernard André eut trois sœurs : Mireille, sténodactylo puis secrétaire ; Monique, professeure des école et syndiquée au SGEN-CFDT ; Catherine travailleuse sociale.

Bernard André se maria avec Sylvie Brodard, sociologue et assistante sociale. Elle fut militante aux groupes anarchistes d’Aulnay-Sevran puis au groupe Sacco-Vanzetti de la FA de 1978 à 2004 ainsi que déléguée du personnel sans étiquette pendant deux ans (2002-2003) au Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) Philia de Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne). Sylvie et Bernard André eurent deux enfants, une fille diététicienne, syndiquée à SUD-Santé à l’hôpital Tenon (Paris) et un fils architecte-ingénieur des Ponts et Chaussées, syndiqué SUBG-CNT (Syndicat unifié du Bâtiment).

Bernard André obtint tout d’abord un CAP de photograveur, spécialisation « chromiste offset » au CCIP-CFT des Gobelins (Paris, XIIIe arr.) en 1973, puis un diplôme de peinture décorative niveau IV spécialisation « Matiérages » et un diplôme de peinture décorative niveau IV spécialisation « Panoramique » à l’Institut de formation en peinture-Art et Métier d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), en 2004. Enfin, il obtint un diplôme de « Formateur de l’alternance » niveau V au CNAM, en 2011.

Il fut tour à tour photograveur monteur–chromiste dans différentes entreprises de photogravure ou imprimeries de 1974 à 1980, monteur–chromiste chez PCS (Photo Couleur Service), à Paris (IIIe arr.) de 1981 à 1985, monteur–chromiste dans une coopérative Coop Offset Photogravure, à Montreuil (Seine-Saint-Denis) de 1986 à 1994 ; monteur table chroma rom chez Vidéo Graphic de 1994 à 2003. Après une reconversion, il s’installa comme artisan peintre décorateur « A la pittoresque », en Seine-et-Marne, de 2004 à 2008. Il termina son parcours professionnel comme formateur « peintre applicateur de revêtements » au CFA du BTP à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), de 2009 à sa retraite en 2013.

Durant sa vie professionnelle, il fut syndiqué à la CGT Livre de 1973 à 1977 puis syndiqué CGT-FO Livre de 1983 à 1985 et délégué syndical CGT-FO pendant deux ans. De 1987 à 1994 il fut délégué du personnel et secrétaire du CE sans étiquette et enfin syndiqué CGT des CFA-BTP de 2009 à 2013.

Bernard André adhéra en 1973 à l’Union pacifiste de France (UPF), suite à un compte-rendu de leur congrès par Cavanna dans Charlie Hebdo, en même temps que Pascal Bedos. Avec celui-ci, il décida d’être objecteur de conscience et de créer un groupe de l’UPF qui tint des permanences au centre Alpha de Gagny. Il participa au rassemblement du « Raja del Gorp » site emblématique du Larzac des 25-26 aout 1973 et à la création des Comités de lutte des objecteurs (CLO) en 1974. Le comité de Gagny rejognit le collectif basé sur l’objection-insoumission. Ils participèrent au lancement du journal Objection géré par le CLO de Toulouse. Le CLO de Gagny se chargea du tirage du bulletin interne. Le groupe participa à la plupart des actions entreprises par les CLO en région parisienne : occupations, enchainements, etc. Les gardes à vue se multiplièrent alors. Puis, il participa au combat des paysans du Larzac contre l’extension du camp militaire, aux tractages et collages en région parisienne et à l’aménagement pendant quinze jours du site destiné au rassemblement du « Raja del Gorp » des 17-18 aout 1974. Dans la même période il fut lecteur du Monde libertaire et passait régulièrement rue Ternaux alors siège de la Fédération anarchiste (FA) ce qui le conduisit a assisté rapidement et régulièrement aux cours du groupe Louise Michel (XVIIIe arr.).

Le besoin d’élargir la lutte antimilitariste au combat social amena une partie du CLO
De Gagny (Pascal Bedos, Maurice Colombo, Didier et Michel Roy, Dominique Boisrenoult, etc.) à créer le groupe anarchiste Sacco-Vanzetti, fin 1975. Le groupe rejoignit la Fédération anarchiste en mai-juin 1976. Le groupe Sacco participa à toutes les campagnes fédérales et au développement de l’organisation (passage du Monde libertaire mensuel en hebdo, achat d’une nouvelle librairie, travaux dans la librairie, création d’une imprimerie, lancement de Radio-libertaire, achat d’un studio, etc.). Le groupe se fixa à Chelles (Seine-et-Marne) où en décembre 1981, grâce à la solidarité d’autres groupes de la région parisienne, il acheta un atelier qu’il transforma en local. Pour assurer les travaux et la vie des locaux, chaque militant-e s’engagea à verser 10% de son salaire. Le local fut inauguré et ouvert au public le 5 mai 1984, à la fin des travaux. Lorsque le groupe Sacco mit fin à son activité, le local fut dévolu à la FA et une pièce prêtée à la CNT pour ses permanences.

Le procès de Bernard André comme objecteur insoumis eut lieu le 24 mars 1981 au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avec une forte présence policière car une manifestation de soutien était programmée de République à la Place des Fêtes qui ne fut jamais atteinte, la manifestation étant perturbé vers la fin du parcours (casse de vitrines etc.). Bernard André écopa de trois mois de prison avec sursis.

Bernard André fut secrétaire général de la FA de mai 1979 à mai 1981 puis trésorier de Radio libertaire de mai 1983 à mai 1984, donc pendant la période de l’interdiction. Il fut délégué de son groupe pour la création du Centre de formation anarchiste en 1980. Le CFA donna, pour l’extérieur, l’Association de Formation et d’Etudes sociales (AFES) dont il fut trésorier. Il rédigea quelques articles dans le Monde libertaire dont l’article qui critiquait pour lequel Michel Pajon, député-maire PS de Noisy-le-Grand porta plainte contre le journal et demanda 130 000 F de dommages et intérêts, contre l’accusation de favoriser l’implantation de l’intégrisme catholique.

Bernard André organisa et assura régulièrement pendant 25 ans le service d’ordre de la FA en région parisienne et en province, après que plusieurs cortèges FA eurent été attaqués. Il lança ainsi avec Stéphane Carrel le projet d’un service d’ordre mieux organisé. Après l’obtention des diplômes de moniteur de boxe française et de moniteur de canne de combat, il donna des cours au centre Alpha de Bondy (Seine-Saint-Denis) et au local du groupe Sacco-Vanzetti. Il créa avec Dominique Lebrun, militante du groupe Sacco-Vanzetti, la section Ascc Boxe Française et Canne de Combat afin de bénéficier de locaux et de matériel plus adaptés. Il assura la présidence du club de 1981-1995.

Il fut engagé dans de nombreuses luttes : soutien aux foyers Sonacotra, lutte contre la construction de l’église intégriste « Saint-Martin-des-Gaules » à Noisy-le-Grand, soutien aux insoumis et déserteurs (hébergements), soutien aux sans papier (permanences, rédaction de dossier, parrainages et hébergements). À l’arrivée de la gauche au pouvoir la Ligue des droits de l’Homme (LDH) dénonça un fichier réalisé par la sécurité militaire. Il comportait une liste d’individus dénommés Q6 (pour qualifiés 6) qui devaient être arrêtés et incarcéré en cas de conflit militaire. La LDH l’informa qu’il en faisait partie. Il participa aux actions mené par le comité « Droits et libertés dans l’institution militaire » (DLIM).

Il fut aussi militant du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) à partir de 1986, président de son Comité local de Chelles et environs et co-créateur, avec Brigitte Cerf, du Réseau éducation sans frontières (RESF) à Chelles en 2004. Il y milita jusqu’en 2018.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232405, notice ANDRÉ Bernard, Jacques par Hugues Lenoir, version mise en ligne le 25 septembre 2020, dernière modification le 14 avril 2022.

Par Hugues Lenoir

Bernard André dans son atelier chez Photo couleur service (PCS) en 1984 (Archives personnelles)

ŒUVRES : Articles dans : le Monde libertaire, Itinéraires, et diverses revues, signés « AB » ou « Bernard groupe Sacco-Vanzetti » ou « Gérard Lecardinet ». Ils abordent les thèmes de l’antimilitarisme, de l’antiracisme, de l’antifascisme, des coopératives ouvrières, de l’immigration, etc. — Réalisation d’une soixantaine d’affiche de la FA de 1977 à 2003, souvent signées et datées « Sacco » et de nombreuses banderoles militantes. — céation de nombreuses couvertures d’ouvrages (édition de l’entraide, édition du Monde Libertaire, Itinéraires, Almanach, etc.).

SOURCE : Entretien avec l’intéressé, juin 2020.

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