OUTIN Bernard

Par Jean Vigouroux

Né le 26 janvier 1944 à Firminy (Loire), mort le 24 mars 2008 à Firminy ; instituteur puis responsable des Œuvres laïques de la Loire ; militant communiste, maire de Firminy de 1992 à 2001, député de la 4e circonscription de la Loire de 1997 à 2002.

Bernard Outin naquit dans une famille de mineurs à Firminy. Il connut très tôt la vie militante car son père Marcel, mineur de fond, fut élu conseiller municipal aux côtés de Marcel Combe maire communiste de Firminy en 1945.
En octobre 1948, bien que tout jeune, il fut marqué à vie par le combat des mineurs grévistes auquel son père participait et surtout par l’intrusion brutale de la police dans le domicile familial, venue arrêter son père Ce dernier passa plusieurs mois en prison à Saint-Étienne. Il suivit sa scolarité à l’école primaire puis au collège de la ville car Firminy, alors, n’a pas encore de lycée. Il réussit le concours d’entrée à l’École Normale de garçons de Montbrison.
Après quatre ans d’études, il devint instituteur et fut nommé dans sa ville, à l’école des Noyers. En 1972, pendant les vacances scolaires, il participa à la création du premier centre aéré de Firminy, au sein des Francs et Franches Camarades, organisme où il rencontra son épouse, également enseignante. Il termina sa carrière comme Secrétaire Général de la Fédération des Œuvres Laïques (la FOL) de la Loire, responsable de dizaines de colonies et de milliers d’enfants en vacances et particularité du département, gérant de plusieurs centres Médico Psycho Pédagogiques soit 200 salariés.
Très jeune, il adhéra au Parti communiste et fut actif contre la Guerre d’Algérie
Le 6 mars 1983, à 39 ans, il participa aux élections municipales sur la liste de Théo Vial-Massat, à la tête de la ville depuis 1971. Dès le premier tour, la liste d’Union de la Gauche l’emporta avec plus de 60 % des suffrages. Il devint conseiller municipal. Six ans plus tard, le 19 mars 1989, les élections opposèrent trois listes : celle de l’indéboulonnable Théo Vial-Massat, une liste menée par un socialiste dissident et une troisième par la Droite. Sur les 35 élus, la liste de Gauche en compta 29 dont Bernard Outin qui devint premier adjoint. Dès ces élections, les électeurs savent que le maire qui a 70 ans, souhaite s’arrêter et préparer sa succession.
En 1992 en effet, Théo Vial-Massat démissionna et Bernard Outin fut élu maire.
Aux élections des 11 et 18 juin 1995, on retrouva les trois listes en présence. Malgré les reproches de ses adversaires qui l’accusaient d’avoir été mal élu en 1992, il remporta brillamment ces élections, avec 27 élus sur 35.
En 2001, il subit un échec inattendu devant son opposant de Droite et du dissident PS qui ont fait cause commune, perdant la mairie de 205 voix, échec certainement du au climat sécuritaire et au mécontentement du bilan de la gauche au pouvoir .
S’il poursuivit le travail commencé avec son prédécesseur, Bernard Outin apporta sa pierre à l’édifice. Pour ne citer que l’essentiel : l’ouverture d’une MAPAD en 1993, le collecteur des égouts en 1994 au sein du syndicat des communes de l’Ondaine, l’ouverture d’une zone industrielle au Pinay en 1995 et la même année l’achèvement de la traversée de la ville par l’autoroute N°88, l’aménagement de la rue principale et des trottoirs en 1998, la construction du Firmament, un grand centre culturel et sportif en 2000…
Si l’on observe les interventions, tant écrites qu’orales que Bernard Outin fit à l’Assemblée Nationale pendant ses cinq ans de députation, on peut d’abord affirmer qu’il ne fut pas un député-potiche. Membre très actif de la Commission des Affaires Culturelles Familiales et Sociales il participa avec le cabinet de Martine Aubry, ministre et en tant que député Communiste au travail préparatoire sur les lois sur les 35 H, les Emplois Jeunes, les droits syndicaux.... On relève dans ses interventions, un fort côté social qui n’est pas sans rapport avec son éducation et sa profession : les retraites, la titularisation des « précaires », les handicapés, les droits de l’homme bafoués en Arabie, les retraites, les copropriétés issues des HLM… plus de 75 questions écrites et plus de vingt questions orales pendant lesquelles il fallait ferrailler avec l’adversaire souvent à la limite de l’insolence, un gros travail et non une sinécure.
Pour toutes ces raisons et ce travail accompli, la mauvaise querelle et le procès qu’engagèrent contre lui en 2001 ses adversaires politiques l’atteignirent physiquement et moralement. On lui reprocha, ce qui est interdit et que beaucoup faisaient de poursuivre son travail de député au sein de « sa mairie ». On le condamna. L’instituteur, le militant intègre, ne pouvait le supporter. En conclusion sur ce sujet, on citera cet extrait des paroles que Théo Vial-Massat prononça lors de la cérémonie funèbre de son successeur le 26 mars 2008 : « Il y a tout de même une morale. Avant de tirer sa révérence Bernard eut une ultime joie partagée par nous tous : cette joie ce fut la défaite électorale de ses persécuteurs, et comble de sa joie celle, cinglante du Garde des Sceaux. Leur acharnement démesuré, insensé, ne mérite que mépris. ».
En effet le maire élu en 2001 perdit son siège de maire en 2008.
Il se voulait avant tout un militant de l’Éducation Populaire en direction de la jeunesse. Responsable des Francas de la Loire et aussi de l’Union Fédérale des Associations Laïques Stéphanoises, il œuvra avec la municipalité stéphanoise de Sanguedolce entre 1977 et 1983 à structurer les activités périscolaires dans les nombreuses et actives Amicales Laïques.
.Avec beaucoup d’humour, il disait qu’il avait adhéré plusieurs fois car en désaccord sur certains points il "rendait" sa carte, puis réadhérait au Parti de son père et de ses amis. Il appartenait au bureau du groupe des Refondateurs, membre "turbulent" du PCF mais fidèle à son engagement politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232497, notice OUTIN Bernard par Jean Vigouroux, version mise en ligne le 29 septembre 2020, dernière modification le 1er octobre 2020.

Par Jean Vigouroux

Un groupe de militants syndicaux et politiques, protestant contre l’internement dres mineurs grévistes lors de la grève d’octobre 1948. Le père de Bernard Outin, Marcel Outin, est au 1er rang, 3è en partant de la droite. Le premier en haut, à droite est Liogier Claude dit Philippe André.

SOURCES : Entretiens avec Bernard Outin. — Entretiens avec son DRH quand il était maire : Raymond Molina. — Archives de la Société d’Histoire de Firminy. — Raymond Molina, secrétaire général de mairie de Bernard Outin.

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