THOMAS Simon, Antoine, Marius [pseudonyme dans la résistance : Laurent]

Par Eric Panthou

Né le 11 mai 1904 à Boën, aujourd’hui Boën-sur-Lignon (Loire), mort au combat le 6 juillet 1944 à Mézilhac (Ardèche) ; ouvrier Michelin ; membre du Parti communiste (PCF) et de la CGT ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP), lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur.

Fils de Jean Thomas, maçon, et de Antoinette Planard, son épouse, Simon Thomas était ouvrier chez Michelin, service GA, membre de la CGT et du Parti communiste. Il s’était marié avec Louise Chambre le 27 avril 1929 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et avait une fille. Il habitait 22 rue Thomas à Clermont-Ferrand.
Selon une note manuscrite de Roger Champrobert, un dénommé Simon Thomas, communiste du Puy-de-Dôme aurait été déporté dans un camp en Algérie en 1940 ou 1941. On ignore s’il s’agit de la même personne.

ayant rejoint les FTP et la Résistance armée, Simon Thomas alias commandant Laurent fut tué par les Allemands le 6 juillet 1944 à Mézilhac (Ardèche).

Dès la constitution fin 1943 du Comité Départemental de Libération de l’Ardèche, les différents mouvements de Résistance avaient convenu qu’au jour J de l’insurrection, la petite ville industrielle du Cheylard (Ardèche) serait le point de ralliement des membres du CDL et des états-majors des formations armées de la Résistance. Dès le 6 juin 1944, Le Cheylard devint donc comme prévu une capitale de la Résistance ardéchoise bouillonnante d’activité, Le 5 juillet dès 5 heures du matin, une colonne de la Wehrmacht forte d’un millier d’hommes partit de Valence en direction du Cheylard. L’ennemi bien renseigné se garda d’emprunter la route sinueuse et encaissée de la vallée de l’Eyrieux. C’est un itinéraire par Privas et les routes de crêtes qui fut choisi. A Chomérac, on dénombra le passage de 154 véhicules, camions transport de troupes, auto-mitrailleuses blindées, plusieurs véhicules semi chenillés avec canons et mortiers. Les avions basés à Valence apportèrent leur appui.
La progression, malgré l’effet de surprise due à certaines carences dans le commandement des FFI, fut plus lente que prévue, ralentie par des opérations de guérilla parfois improvisées. La plus réussie fut celle à l’actif d’un groupe franc (groupe Cobu) d’une douzaine de garçons partis d’Antraigues pour dresser une embuscade au col des Quatre Vios, lieu-dit "Gambert". Deux véhicules furent stoppés à la grenade et les mitrailleurs eurent le temps de vider leurs chargeurs avant un repli en bon ordre. Mais l’affrontement était inégal entre des formations encore en état d’organisation et des troupes aguerries, coutumières des opérations répressives et des crimes de guerre, qui progressèrent en mitraillant au passage sur tout ce qui bougeait, y compris sur des paysans au travail dans leurs champs. Arrivés à Mézilhac, les assaillants se répartirent en quatre colonnes avec l’objectif d’éviter toute possibilité de repli aux formations de la Résistance cantonnées au Cheylard. Ce n’est cependant que vers 16 heures que les premiers assaillants parvinrent à hauteur du château de La Chèze. La colonne empruntant la vallée de Dornas ne parvint au Cheylard que vers 21 heures. Les FFI, malgré de lourdes pertes, purent échapper à l’encerclement. Toute la nuit, les assaillants saccagèrent, pillèrent, incendièrent et se livrèrent aux exactions habituelles pour terroriser la population. Le 6 juillet au matin, ils achevèrent "leur travail" en tirant au canon pour détruire la gare de chemin de fer et le garage Mandon à proximité qui était utilisé par les FFI. Avant leur repli définitif, ils tirèrent au canon contre le château de La Chèze et l’incendièrent. Le bilan de la bataille du Cheylard est lourd : 73 tués, 200 blessés parmi les FFI ; 40 civils assassinés et 58 blessés. Pas de prisonniers, les blessés civils ou militaires furent achevés, considérés comme des "terroristes".
Simon Thomas obtint la mention « Mort pour la France », et fut homologué à titre posthume au grade de lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur (Décret du 19 janvier 1946 paru au JORF du 31 janvier 1946, p. 825). Ses services sont homologués à partir du 1er janvier 1944.
Il fut inhumé le 31 octobre 1944 au carré militaire 1939-1945 au cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand. Le bureau régional du Parti communiste appela la population laborieuse à assister à ces obsèques.
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume par décret du 24 avril 1946, paru au JORF du 17 mai 1946.
Une cellule de la section Michelin du PCF porta son nom à la Libération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232672, notice THOMAS Simon, Antoine, Marius [pseudonyme dans la résistance : Laurent] par Eric Panthou, version mise en ligne le 5 octobre 2020, dernière modification le 11 août 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 570016, dossier Simon Thomas (nc) ; GR 19 P 7/34, p.6. — Bulletin intérieur Michelin, n°11, janvier 1945. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 496 : liste des fusillés, des massacrés dans la région du Puy-de-Dôme, 1er mars 1945. — La Montagne, 29 octobre 1944. — Raoul Galataud, Mémorial du cimetière du Cheylard, Ardèche, http://museedelaresistanceenligne.org/media3043-MA. — MémorialGenweb. — Mémoire des hommes. — Note manuscrite de Roger Champrobert, archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand. — JORF, Gallica. — Compléments de Jean-Luc Marquer. — État civil, acte de naissance n°24.

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