DUJARDIN Augustin

Par Yves Le Maner

Né le 10 mai 1896 à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais), mort le 31 juillet 1980 à Amiens (Somme) ; employé ; secrétaire de la fédération communiste de la Somme (1935-1938), membre du bureau régional du PC et de la CGTU ; conseiller général (1937-1939, 1945-1971) ; conseiller de la République (1946-1948).

Augustin Dujardin
Augustin Dujardin
Sénat

Né dans une famille de mineurs du Pas-de-Calais, Augustin Dujardin descendit à la mine dès l’âge de treize ans comme galibot puis comme herscheur au puits 7 de Dourges puis au 7 de Courrières. Bien qu’il ne fût pas encore syndiqué il participa très jeune aux grèves de mineurs et subit l’influence des militants anarcho-syndicalistes de Broutchoux. Mobilisé avec la classe 16, il fut blessé au front et, sous l’influence de militants syndicalistes révolutionnaires il évolua vers des positions violemment antimilitaristes. Démobilisé en 1919, décoré de la Croix de guerre en 1918, il s’installa à Abbeville (Somme) où il entra comme employé à la Compagnie du Nord. Il participa à la grande grève de 1920 et prit sa carte à la CGTU en 1922. Son appartenance à la jeune Centrale ainsi qu’à l’ARAC le mit en contact avec des militants communistes et il devint sympathisant actif du PC à partir de 1926. Cette même année, il devint secrétaire adjoint du syndicat CGTU des cheminots d’Abbeville, fonction qu’il conserva jusqu’à son départ pour Amiens en 1933.

Ce fut à cette époque qu’il se forgea une solide conscience politique par la lecture et, en 1929, il adhéra au PC. Son tempérament de battant, son dynamisme, le firent immédiatement remarquer par la direction régionale, la Somme manquant de cadres de valeur. En 1930, il était nommé secrétaire de la cellule d’Abbeville — Mareuil-Caubert et trésorier du rayon d’Abbeville, tâches qu’il assuma jusqu’en 1933. Appelé à cette date à Amiens, il continua de mener parallèlement action politique et action syndicale, cumulant un nombre imposant de responsabilités jusqu’à la veille de la guerre. Au sein du PC, il appartint au comité de la région Somme et Oise de 1931 à 1939, au bureau régional de 1933 à 1936 (il se retira à cette date en raison de ses désaccords avec les méthodes de direction) — voir Armand Brault*, puis à nouveau en 1938-1939 et fut secrétaire fédéral pour la Somme de 1935 à 1939. Secrétaire à la propagande du syndicat CGTU, puis CGT, des cheminots d’Amiens Longueau (1934-1939), secrétaire de secteur pendant la même période, membre de la commission administrative de l’Union régionale unitaire de 1931 à 1935 et de son bureau (1934-1935), Augustin Dujardin siégea également au conseil national de la Fédération CGT des cheminots de 1936 à 1939, à la CA de l’UD-CGT réunifiée de la Somme (1936-1939) et au bureau de l’Union locale des syndicats d’Amiens. Il fut en outre délégué du personnel de 1932 à 1938, délégué à la direction générale de la SNCF (1937-1939) et appartint à divers organismes proches du PC : il fut notamment secrétaire de la section d’Abbeville du Secours rouge (1930-1933), propagandiste de la section d’Amiens de la même organisation (1934-1939) et secrétaire du Comité antifasciste d’Amiens de 1934 à 1936.

En plus de cette extraordinaire activité de propagandiste et d’organisateur, Augustin Dujardin mena campagne à plusieurs reprises pour le PC lors des consultations électorales : candidat aux municipales de 1935 à Amiens, aux cantonales de 1931 à Abbeville et de 1934 à Boves, il fut élu conseiller général du canton d’Amiens Sud-Est en octobre 1937. Il avait par contre échoué aux élections législatives de 1936 pour lesquelles il se présentait dans la 3e circonscription d’Amiens : arrivé en tête des candidats du Front populaire au 1er tour avec 2 277 voix sur 18 559 inscrits, il fut devancé au second tour par le conservateur De Clermont-Tonnerre bien que son score ait atteint 7 745 suffrages.

Dans cette période de l’avant-guerre, Augustin Dujardin assista à plusieurs congrès nationaux des organisations auxquelles il appartenait : congrès de la CGTU de 1931, 1933 et 1935, congrès d’unité de Toulouse (1936), congrès d’Arles du PCF (1937).

Placé en affectation spéciale à la SNCF à la déclaration de guerre de 1939, Augustin Dujardin évita l’arrestation alors qu’il était hospitalisé à Créteil-Saint-Maur. Il parvint à s’enfuir lors de l’invasion allemande de mai-juin 1940 et se réfugia pendant quelques semaines dans sa famille en Bretagne, à Fougères. Revenu à Paris en août 1940, il y rencontra son ami Jean Catelas* qui le chargea de mettre en place les structures de la CGT clandestine dans la Somme et notamment à Amiens, Abbeville et dans la vallée de la Nièvre. Il organisa en particulier les groupes de résistance parmi les cheminots et assura le passage des militants venant de la « zone interdite » du Nord. Arrêté le 11 mai 1941 par la police française, il fut interné au camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure) puis transféré au camp de Voves (Eure-et-Loir) en mai 1942. Ce fut dans ce dernier camp qu’il organisa la spectaculaire évasion d’Adolphe Legeay, commissaire aux effectifs des FTP de l’Île-de-France. Grièvement malade du fait des privations, il fut soigné, sous surveillance policière, à l’hôpital de Chartres. Il s’en évada le 27 août 1943 et, après quelques jours de convalescence, il reprit le combat clandestin sous différents noms d’emprunt : « Pacific », « Louis », « Lagrène ». Nommé responsable de la CGT clandestine pour le département de l’Oise en novembre 1943, il devint interrégional en février 1944 pour les départements de l’Oise, de la Somme, de l’Eure, de l’Eure-et-Loir et de la Seine-Inférieure. Responsable du Front national pour l’Oise, il créa des groupes de combat dans les usines et les dépôts de la SNCF qui se transformèrent ensuite en « milices patriotiques ».

Membre du Comité départemental de Libération clandestine de l’Oise dès sa formation, il participa aux combats d’août 1944 et prit part à l’installation du nouveau préfet de l’Oise, le 30 août. Revenu à Amiens en septembre, il succéda à René Lamps au CDL de la Somme. Il fut titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance.

Après-guerre, Augustin Dujardin continua à cumuler les responsabilités syndicales et politiques : délégué du personnel à la direction régionale de la SNCF, membre du bureau (1944-1950) puis de la CA (1950-1968) de l’UD-CGT de la Somme, membre du secrétariat des cheminots d’Amiens (1944-1976), responsable « retraités » de l’Union Nord, il siégea au conseil national de la Fédération CGT des transports jusqu’en 1969. Membre du bureau (1945-1960), puis du comité directeur (1960-1963) de la fédération communiste de la Somme, il fut également secrétaire de l’une des cellules d’Amiens (1963-1974) et responsable des sections de retraités d’Amiens et ses environs. Réélu conseiller général en 1945 (mandat qu’il conserva jusqu’en 1971), conseiller municipal d’Amiens (1944-1959), Augustin Dujardin fut élu conseiller de la République dans la Somme en 1946 et détint ce mandat jusqu’en 1948. Il vivait retraité à Amiens en 1979 et présidait l’Amicale des vétérans de la Fédération de la Somme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23273, notice DUJARDIN Augustin par Yves Le Maner, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 3 mai 2023.

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SOURCES : Arch. Nat. F7/13130, rapport du 26 juillet 1932. — Arch. Dép. Somme, Z 691, le Travailleur de Somme et Oise, 29 septembre-5 octobre 1934 et 10 octobre 1937 (avec photographie) et Z 317, le Cri du Peuple, 19 février 1938. — Arch. RGASPI, Moscou, 495 270 786 : questionnaires autobiographiques du 26 septembre 1933 et du 13 mai 1937. — SHD, Vincennes cote 16P 198 901. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — G. Lachapelle, Élections législatives, 1919-1936, 5 vol. — L’Humanité, 1er août 1980. — Le Monde, 2 août 1980. — Entretien avec Augustin Dujardin en février 1979. — État civil. —,Notes de Philippe Pauchet.

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