LABEYRIE Romain, Joseph [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 13 novembre 1874 à Cauna (Landes) ; sculpteur, anarchiste et faux-monnayeur à Paris et à Bruxelles.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

En 1894, il demeurait avenue de Saint-Ouen (XVIIIe arr.). Il faisait partie de la classe 1894 et portait le matricule 2401. Il fut déclaré « bon pour le service »
Arrêté le 10 janvier 1894, pour association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire de la rue des Abbesses (voir Marcel Hervy), il fut fiché comme anarchiste.
Romain Labeyrie demeurait chez sa mère 2 rue Gareau. Il aurait été amené à l’anarchisme par un Georges Mocquet et avait fréquenté les réunions du groupe anarchiste de Belleville. Lors d’une vive discussion avec l’un de ses frères qui l’avait menacé de le frapper, il avait alors promis de ne plus s’occuper de politique.
Au cours de l’année 1895, les deux frères Augustin et Romain Labeyrie, s’étaient rendus à Bruxelles où ils s’étaient livrés pendant quelque temps à la contrefaçon de monnaies d’argent françaises et belges ; puis vers le commencement de décembre 1895, ils étaient rentrés à Paris et s’étaient et s’étaient installés au domicile de leur mère, la veuve Labeyrie. Là, de complicité avec elle et avec la fille Hubert, maîtresse d’Augustin, qui était venue habiter avec eux, ils avaient fabriqué des pièces françaises de 2 francs, que les deux femmes avaient mises en circulation.
Ensuite, vers la fin de décembre 1895, ils avaient opéré, avec d’autres complices, dans d’autres locaux, en se partageant en deux groupes.
D’un côté, Augustin, sa sœur Léonie, âgée seulement de 14 ans à ce moment et la fille Hubert étaient fixés 70 rue Truffaut et, avec l’aide d’Alphonse et Louis Boucher et de Mocquet, ils avaient repris la fabrication des pièces fausses de 5 francs.
D’un autre côté, Romain Labeyrie, sa maîtresse Anaïs Henry et sa sœur Anne-Charlotte Labeyrie, avaient fabriqué de fausses pièces françaises d’argent, dans une chambre située 154 rue Oberkampf et en avaient opéré l’émission.
Plus tard, encore, Maince s’était joint à eux.
Romain Labeyrie n’avait pas tardé à retourner à Bruxelles avec Maince, où toute la bande s’était empressée de les rejoindre. Là, ils s’étaient divisés en deux bandes, correspondaient entre eux, se prévenant en cas de danger et se concertaient pour opérer l’émission de pièces fausses.
Appelé sous les drapeaux le 14 novembre 1895, Romain Labeyrie n’obéissait pas à l’ordre de route et fut déclaré insoumis le 1er janvier 1896.
Le 23 mars 1896, Sever, Augustin Labeyrie, frère de Romain, se faisait arrêter à la salle Van Dyck, chaussée d’Anvers à Bruxelles, pour avoir tiré en l’air un coup de revolver. Romain était arrêté en même temps.
Une perquisition pratiquée au domicile d’Augustin, rue de la Grotte à Laeken, y fit découvrir une quantité d’objets suspects : creusets, plâtre, balance de précision, éprouvettes, moules à plâtres, outils de cambrioleurs, éléments de piles électriques et des brochures traitant de galvanoplastie et des manuels de chimie. Son frère Romain habitait avec sa sœur, Lucie, rue de l’Allée Verte. Chez eux la police découvrit des instruments identiques.
Les deux frères passèrent en procès en juillet 1896, Augustin fut condamné à quatre ans et deux mois de prison et Romain à deux ans et deux mois.
Tous deux, à l’expiration de leur peine, furent placés pendant cinq ans, sous la surveillance spéciale de la police.
Mais le 15 novembre 1898, récemment sortis de la prison de Mons, ils se mirent en rupture de ban. Ils étaient signalés à Bruxelles.
Armand se présenta le 30 septembre 1904 au consulat de France à Londres, pour demander son retour en France et passa dans la réserve de l’armée le même jour.
Le 7 août 1914, il rejoignit le 34e régiment d’infanterie et fit la campagne contre l’Allemagne. Il fut détaché le 27 décembre 1914 à la maison Mestret-Blatge, 46 avenue de la Grande armée. Il passa au dépôt du 23e régiment d’infanterie coloniale le 1er juillet 1917. Il fut démobilisé le 6 février 1919.
A son retour de l’armée, il s’installa 17 rue des Accacias.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232807, notice LABEYRIE Romain, Joseph [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 9 octobre 2020, dernière modification le 14 novembre 2020.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES :
Archives Nationales F7/12508 — Archives de la Préfecture de police Ba 80 — Archives de Paris. Registre matricule D4R1 820 — 20e Siècle 12 juillet 1896 — Journal de Bruxelles 17 novembre 1898 — L’Echo de Versailles et de Seine-et-Oise 18 juillet 1897 — Notice Romain Labeyrie du Dictionnaire des militants anarchistes.

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