DIJOL Françoise-Marie, [épouse De Chambrun, puis Sirieix, dite] [pseudonymes dans la Résistance Raphaël, Jeanne]

Par Hélène Chaubin

Née le 10 août 1914 à Romanèche – Thorins (Saône-et-Loire), morte le 26 octobre 2008 à Montpellier (Hérault) ; médecin hygiéniste ; résistante dès 1940 à Montpellier, membre de Liberté, Combat ; dirigeante régionale du Cosor en R3 ; première épouse de Gilbert de Chambrun chef des FFI de la R3.

Françoise Dijol naquit dans une famille de notables montpelliérains : elle était la première née. Son père Marcel Dijol était avoué à la cour d’appel de Montpellier. Son frère Pierre-Marie naquit l’année suivante, en août 1915. C’était une famille où était partagé l’esprit de résistance aussi bien par le père que par le frère de Françoise Dijol. Son frère Pierre-Marie rejoignit d’ailleurs les Français libres en août 1942, en Tunisie, dans l’armée du général Leclerc.
Françoise Dijol, jeune médecin quand débuta la Deuxième guerre mondiale, fut associée aux premières actions résistantes à Montpellier. En 1941, elle fut contactée par René Courtin et Pierre-Henri Teitgen, professeurs à Montpellier, le premier en Économie politique, le second en Droit. Tous deux avaient lancé un mouvement de résistance intellectuelle nommé Liberté ; Pierre-Henri Teitgen en était responsable en zone sud et René Courtin dans l’Hérault. L’objectif était de lutter contre la propagande diffusée à la fois par Vichy et par les Services allemands, de démasquer les mensonges affichés et radiodiffusés, d’informer la population de la situation militaire. Pour cela, outre leurs cours où ils prenaient courageusement position, ils distribuaient des tracts avec l’aide des étudiants et ils disposaient depuis 1940 du journal, Liberté, créé à Lyon en novembre 1940 par François de Menthon. C’est en 1941 que Françoise Dijol les rejoignit. En novembre 1941, Liberté fusionna avec le Mouvement de Libération nationale créé par Henri Frenay : ce furent les débuts de Combat. Déjà la surveillance policière rendait difficile la tâche de ces premiers résistants. En août 1942, Françoise Dijol fut interpellée et son appartement perquisitionné. Avec l’occupation en novembre 1942 de la zone sud, Pierre-Henri Teitgen et René Courtin quittèrent en hâte Montpellier. Tous les militants de Combat furent contraints à la plus grande prudence et parfois à la clandestinité.
Avec l’augmentation de la répression, les familles des résistants avaient de plus en plus besoin d’aide, en particulier pour les enfants des personnes arrêtées, parfois exécutées, de ceux aussi qui étaient contraints à la clandestinité. On admet cependant que pour la Résistance, la protection sociale ne fut pas une question prioritaire. Assez paradoxalement, le régime de Vichy n’avait pas supprimé les allocations versées à des familles privées de leur soutien par l’arrestation, voire la déportation. La Croix Rouge agissait, mais se montrait proche des vues de Vichy. Les personnels du Secours National ne pratiquaient pas de discrimination entre les soutiens du régime et les opposants. Pour cette raison, les médecins de la Résistance ont été parfois soupçonnés de « collaboration sociale » avec Vichy. Certains cas cependant devaient rester cachés pour ne pas mettre en danger réseaux et Mouvements. Aussi, Georges Flandre officier de l’Armée du Salut depuis 1920, arrivé en 1941 à Montpellier, créa le service social du mouvement Combat dont il devint le responsable départemental sous le pseudonyme de D’Artois. Il aida également les réfractaires au Service travail obligatoire (STO). Ce service social s’intégra dès janvier 1943 dans le Service social unifié des MUR les Mouvements unis de Résistance : les grands mouvements, non communistes, Combat, Libération et Franc-Tireur s’unissaient en effet afin de préparer la Résistance intérieure à l’effort de Libération. Françoise Dijol en devint dans l’Hérault la responsable départementale en juillet 1943. Puis, en octobre, responsable régionale de la R3. Les missions étaient nombreuses : intervenir auprès des familles dès la nouvelle d’une arrestation, verser des aides financières de l’ordre de 1000 francs pour une femme, de 500 francs pour un enfant ainsi que des secours en vêtements ou en aliments. Le Service participait aussi auprès de l’OSE à l’aide aux enfants juifs qu’il fallait faire sortir des camps, et héberger dans des départements où, pensait-on, le risque serait moindre comme le Var ou les Alpes-Maritimes qui étaient sous occupation italienne. L’activité de Françoise Dijol était facilitée par l’exercice de sa profession de médecin hygiéniste, du moins jusqu’à ce que fût révélée en janvier 1944 son appartenance à la Résistance. Elle s’attacha pourtant, clandestinement, à continuer son œuvre d’assistance. Elle avait recruté le Docteur Jeanne Atger à titre de responsable départementale. En février 1944, le délégué du général De Gaulle Alexandre Parodi, créa le COSOR, Comité des Œuvres sociales des organisations de Résistance que dirigea à Montpellier Françoise Dijol avec une assistante, Madame Demangel qui avait été la collaboratrice de Georges Flandre au moment de la création du Service.
Françoise Dijol fut aussi appelée à participer à l’accueil des prisonniers et déportés à l’Hôtel Lutetia à Paris. Rentrés après avoir subi des années de privations et parfois de sévices graves dans les camps de concentration, ils avaient besoin d’un accueil médical très attentif.
En juillet 1944.Françoise Dijol avait épousé Gilbert de Chambrun qui fut le chef du NAP puis des FFI de la R3 . Ce mariage fut rompu après la naissance d’un fils en janvier 1945. Françoise Dijol, remariée à Paris avec l’ingénieur Maurice Sirieix, dont elle eut trois enfants, termina sa carrière comme médecin-conseil à la Sécurité sociale.

François Dijol reçut en juillet 1946 la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232812, notice DIJOL Françoise-Marie, [épouse De Chambrun, puis Sirieix, dite] [pseudonymes dans la Résistance Raphaël, Jeanne] par Hélène Chaubin, version mise en ligne le 9 octobre 2020, dernière modification le 12 octobre 2020.

Par Hélène Chaubin

SOURCES : Arch. Nat.12AJ/35. — Arch. Privées de la famille Sirieix. — Entretiens et correspondance de Nicolas Sirieix avec Hélène Chaubin de juin à octobre 2020. — Philippe-Jean Hesse et Jean-Pierre Le Crom, La protection sociale sous le régime de Vichy, PUR, 2001.Gilbert de Chambrun. — Gilbert de Chambrun, Journal d’un militaire d’occasion, Presses du Languedoc, Montpellier, 2000. — Renée Bédarida , « Le COSOR », Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006. — Robert Mencherini, « Georges Flandre », DBMOS, Maitron.

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