DULAC Francisque, Antonin

Par Marcel Rivollier, Charles Sowerwine

Né le 16 novembre 1894 à Ambérieu-en-Bugey (Ain), mort le 26 janvier 1981 à Pont-de-Veyle (Ain) ; tourneur sur métaux, puis gérant de coopérative ; syndicaliste et militant communiste de l’Ain.

Francisque Dulac fut le type même du militant communiste de base. Élevé par ses grands-parents, petits propriétaires cultivateurs vignerons, il obtint le Certificat d’études primaires. À quatorze ans il rejoignit son père, mécanicien au PLM à Chambéry (Savoie). Il fit un stage à l’école primaire supérieure de cette ville, puis entra en qualité d’ajusteur à la Compagnie PLM à Ambérieu-en-Bugey (Ain). Vint la guerre. Dulac la fit dans la marine, où (selon ses biographies pour ses candidatures à la Chambre) il devint révolutionnaire.
Après la guerre il fut maintes fois victime de ses actions de syndicaliste. Démobilisé, il devint tourneur sur métaux à Chambéry. Nommé secrétaire du syndicat des métaux, il fut renvoyé après les grèves de 1920. Il travailla successivement à Peugeot (Villeurbanne, Rhône), à la Compagnie des chemins de fer de l’Est (Lyon), et en mars 1921 entra comme tourneur sur métaux aux Câbleries et tréfileries de Bourg-en-Bresse (Ain). À Bourg, il devint à lui seul l’âme des mouvements syndical et communiste.
Il commença ses activités militantes en organisant une manifestation du premier Mai des ouvriers des Câbleries. À la suite de cette manifestation il fut renvoyé des Câbleries mais ce renvoi aurait provoqué une grève qui aurait amené la Compagnie à le réintégrer. Quoi qu’il en soit, Francisque Dulac continua à travailler dans les Câbleries, réussit à reconstituer le syndicat ouvrier des métallurgistes et parties similaires de Bourg vers juillet 1921 et en devint secrétaire. Selon la déclaration officielle à la préfecture (qui date du 7 novembre 1924), le syndicat comptait quarante membres — il en comptait vraisemblablement plus avant la scission syndicale de 1922, à la suite de laquelle il adhéra à la CGTU.
Dulac fut aussi élu conseiller prud’homme et se consacra en outre à d’autres activités. Il fut délégué à la propagande de la section de l’ARAC de Bourg à partir du début de 1921. Membre de la SFIO depuis 1920, s’étant donné sans réserve à l’adhésion à la IIIe Internationale, Dulac prit en main la section du PC à Bourg, section qui avait gravement souffert de la scission. Par suite de la démission de Félix Marmet* en août 1921, Dulac devint secrétaire de la section, puis secrétaire du « rayon » communiste de la région de Bourg. Il conserva tous ces postes jusqu’à la fin de 1924.
Au congrès fédéral du 13 janvier 1924, il fut désigné comme délégué au troisième congrès national du PCF à Lyon. Ensuite, il fut candidat du PC aux élections législatives de 1924, les dernières au scrutin de liste. Placé troisième des cinq noms sur la liste, à la tête de laquelle se trouvait le député communiste sortant, René Nicod*, Dulac recueillit 7 247 voix (Nicod 8 033) sur 78 336 suffrages exprimés. (Quatre des sièges allèrent aux candidats du Cartel des gauches, dont le Dr Paul Nicollet* qui obtint 37 482 voix.)
Cette candidature fut malheureuse sur le plan personnel aussi et Dulac fut renvoyé de son travail. Il avait déjà été renvoyé une deuxième fois des Câbleries, vers la fin de 1922, et dans le climat de faiblesse et de division syndicales, aucune action militante ne l’avait soutenu. En 1923, il se trouva dans l’impossibilité d’obtenir du travail comme ajusteur ou tourneur, en raison de sa notoriété comme militant communiste. Ayant épousé, le 16 juin 1923, Marie-Louise Morel, membre du PC comme lui, il dut se résigner à accepter du travail comme manœuvre. Mais, chassé de ce travail par suite de sa candidature, il se décida vers la fin de 1924 à quitter Bourg pour Oyonnax (Ain), fief communiste de René Nicod*.
Dulac s’installa à Arbent, près d’Oyonnax, où le Parti lui avait trouvé un poste de gérant de la succursale locale de la coopérative « L’Aurore sociale » d’Oyonnax, qu’avait fondée Nicod et qui fut toujours liée au Parti. Dulac arrondissait les fins de mois comme représentant d’une marque de machine à laver le linge. Mais presque tout son temps fut consacré au Parti. Il devint secrétaire de la cellule du PC à Arbent et du rayon communiste de l’Ain (le « rayon » ayant été étendu à tout le département par suite de la désintégration de la cellule de Bourg après le départ de Dulac). En 1927, Dulac dut réduire quelque peu ses activités, apparemment pour des raisons de santé. Il cessa ses fonctions de secrétaire de rayon, mais resta membre du comité régional et du comité de rayon, ainsi que secrétaire de la cellule d’Arbent, jusqu’à la guerre.
En 1928 il fut encore une fois candidat à la députation. Le scrutin d’arrondissement étant rétabli, il se présenta dans la première circonscription de Bourg. Sur 14 478 suffrages exprimés au premier tour, il en recueillit 447. « Par suite de circonstances indépendantes de sa volonté », nota le journal communiste, Dulac « n’a pu mener la campagne comme il eût été souhaitable ». Au deuxième tour de scrutin, le candidat de l’Union nationale recueillit 7 285 voix et fut élu contre le socialiste SFIO Gabriel Parisot (PTT)*, qui en groupa 7 222. Dulac, qui s’était maintenu au deuxième tour, suivant la tactique classe contre classe, y retrouva 62 voix alors que 18 voix s’étaient portées sur le radical, bien qu’il se soit désisté en faveur du socialiste. Les votes communistes et radicaux auraient suffi pour que le socialiste l’emportât.
En 1929 Dulac fut candidat du PC au conseil municipal d’Arbent, mais ne fut pas élu. En 1932, il fut encore une fois candidat à la députation dans la première circonscription de Bourg. Il ne recueillit que 249 voix sur 14 721 suffrages exprimés au premier tour. Le candidat socialiste, Émile Kahn*, s’étant désisté au profit du radical-socialiste Tony Révillon, celui-ci l’emporta au deuxième tour, bien que Dulac se maintînt encore une fois : il n’eut alors que 44 voix. En 1936, Dulac fut candidat à la députation une dernière fois, mais dans la deuxième circonscription de Bourg (Léon Laudet* étant le candidat du PC à Bourg première). Au premier tour, Dulac groupa 1 143 voix sur 12 572 suffrages exprimés. Au deuxième tour, selon les accords du Front populaire, il se désista en faveur du radical Maîtrepierre, qui fut cependant battu par le député sortant Prosper Blanc.
Après cette date, l’activité de Dulac devint moins voyante. Cependant le commissaire spécial de Bellegarde-sur-Valserine (Ain) le cita, en février 1938, comme « délégué du syndicat du Bâtiment de Bellegarde » et, habitant toujours Arbent, Dulac continua ses activités de militant communiste de la région d’Oyonnax. En 1938, Francisque Dulac vint travailler comme mécanicien sur les chantiers de construction du barrage de Génissiat, où il devint permanent syndical, trésorier du syndicat du Bâtiment des Chantiers, dont le délégué permanent était Roger Déléaz*. Licencié, il revint à Oyonnax, puis à Ambérieu, où il travailla comme gérant de la coopérative des cheminots. Il resta membre du PC à Ambérieu jusqu’en 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23284, notice DULAC Francisque, Antonin par Marcel Rivollier, Charles Sowerwine, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 3 mai 2017.

Par Marcel Rivollier, Charles Sowerwine

SOURCES : Arch. Nat. F7/12970, rapp. des 1er septembre 1923, 4 février 1924 et F7/13130, rapp. de septembre-octobre 1932. — Arch. Dép. Ain, M 772, M 861, M 2650, rapp. du 11 février 1938. — Arch. des Vétérans du PCF de l’Ain. — G. Lachapelle, Les Élections législatives, op. cit. — Tableaux des élections à la Chambre des députés. — L’Éclaireur de l’Ain, 13 avril, 13 juillet, 18 août, 25 décembre 1921, 17 juin, 9 septembre 1923, 20 janvier, 6, 27 avril, 22 juin, 30 novembre 1924, 18 octobre 1925, 19 décembre 1926, 16 janvier, 17 juillet 1927, 11 mars, 29 avril, 6 mai 1928, 5 mai 1929, 22, 29 mars 1936, 7 mars 1937. — Témoignage Déléaz. — État civil d’Ambérieu-en-Bugey.

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