SCHNEIDER Serge

Par Jean-Claude Magrinelli

Né le 25 juillet 1924 à Montois (Moselle), mort le 10 novembre 2013 ; membre des Jeunesses communistes, arrêté le 5 février 1942 à la suite du sabotage du transformateur de l’usine d’Auboué, déporté à Sachsenhausen le 23 janvier 1943, membre du conseil national de la FNDIRP.

Serge Schneider naquit le 25 juillet 1924 à Montois, second enfant au foyer de Joseph Schneider et Marie-Jeanne. Après son école primaire, le 1er août 1938, il entra en apprentissage à l’usine d’Auboué, division de la société des Hauts Fourneaux et Fonderies de Pont-à-Mousson, comme mécanicien électricien, avec un contrat d’un an. En 1936, il adhéra à l’"Enfance ouvrière", organisatrice d’activités sportives et de plein air, animées par Robert Rosenbaum et Mario Tinelli. Il rejoignit les Jeunesses communistes, probablement en 1938.
Le 30 novembre 1938, son père fut licencié avec 13 autres syndicalistes de l’usine et de la mine. Il ne retrouva un travail qu’en avril 1939, en prenant la gérance d’un café. La famille vécut jusque là grâce à la solidarité ouvrière. La Direction de la Division d’Auboué étendit la répression à Serge. Son contrat d’apprentissage ne fut pas renouvelé en juillet 1939, le privant de toute possibilité de passer son CAP. En mars 1940, il trouva du travail dans une brasserie à Homécourt jusqu’en décembre 1941. Il fut ensuite embauché à la Marine d’Homécourt le 5 février 1942.
A l’âge de 17 ans, en avril ou mai 1941, Serge fut recruté par Roger Henry, chargé de reconstituer des groupes de trois clandestins de la Jeunesse communiste à Auboué. Il distribua des tracts et participa au pavoisement du village dans la nuit du 13 au 14 juillet 1941.
Au retour de son premier jour de travail le 5 février, il fut arrêté à l’occasion d’une perquisition effectuée par les policiers de Briey au café de son père. En effet, le commissaire Renard et l’inspecteur Courcoux découvrirent et saisirent dans sa chambre d’un paquet de tracts. Avec quatre camarades qui consommaient au café, il passa la nuit au poste de gendarmerie puis fut transféré, le 6 février, à la prison de Briey. Le 7 février, 17 militants arrêtés par la Feldgendarmerie et emprisonnés - dont son père arrêté le matin même -, furent transférés au quartier allemand de Charles III. Entendu par le commissaire Lucien Bascou, le chef de la section anticommuniste de la XVe brigade mobile, Serge s’en tint aux explications apportées au moment de son arrestation. Il déclara avoir reçu le paquet de brochures d’une personne qu’il ne connaissait pas pour le donner à une personne surnommée Toni qu’il ne connaissait pas. Il fut interrogé brutalement par les policiers de la GFP. « Le visage en sang (…) C’est mon camarade Maurice (Henry) qui me soignait… », témoigna-t-il après guerre.
Le 3 mars, avec ses dix-sept autres camarades - « dont mon père que j’ai retrouvé ce jour-là » -, ils furent « conduits à la gare de Nancy sous les crachats de la foule qui faisait la haie, en nous traitant de terroristes. C’est à ce moment que les Allemands nous ont dit que si les saboteurs du transformateur n’étaient pas trouvés, nous serions fusillés. » Ils prirent le train pour Compiègne. En avril, il fut interrogé par la police allemande sur la provenance et les destinataires des tracts saisis dans sa chambre. Il redit la version donnée aux policiers français. Le 6 mai, il comparut devant le tribunal militaire à Amiens. Condamné à 6 semaines de prison compte tenu de son jeune âge, il fut renvoyé à Compiègne. Il purgea sa peine à la prison de Compiègne à partir de décembre jusqu’à sa déportation au camp de Sachsenhausen, le 23 janvier 1943. Il fut libéré de la prison de Neuruppen par l’Armée rouge le 1er mai 1945, évacué en zone britannique le 10 mai puis rapatrié en France. Très affaibli, il fut soigné en sanatorium avant de pouvoir reprendre une activité professionnelle en 1952.
Le 24 décembre 1946 à Auboué, il épousa Inès Garatoni, née le 6 mai 1923 à Ferminiano, une ville moyenne de la province d’Urbino dans les Marches. Elle travaillait à la Cartoucherie d’Auboué. Elle était la soeur d’Orlando Garatoni, jeune FTP aubouésien fusillé le 29 juillet 1942 à La Malpierre. Le couple résidait au n° 278 des cités du Tunnel et eut deux enfants, Michèle et Guy. Inès avait été internée du 12 au 21 août 1942 au camp d’Écrouves puis du 25 août 1942 au 4 juillet 1943 à la prison Charles III à Nancy, enfin à compter du 17 mars à la prison Les Hauts Clos à Troyes.
Serge Schneider fit toute sa carrière d’employé communal à Auboué, comme contre maitre. Il milita à la section locale du Parti communiste et au sein de la FNDIRP du bassin de Briey. Il siégea longtemps au Conseil national de la FNDIRP. Inès fut conseillère municipale de 1953 à 1977, sur la liste présentée par le Parti communiste. Dans le Midi où il s’installa à sa retraite en 1976, il apporta son témoignage de résistant déporté dans divers établissements du Var, notamment aux élèves du collège Berty Albrecht de Sainte-Maxime. Ce collège inaugura un auditorium à son nom le 10 juin 2014.
Serge Schneider décéda le 10 novembre 2013. Il était officier de la Légion d’Honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article232978, notice SCHNEIDER Serge par Jean-Claude Magrinelli, version mise en ligne le 13 octobre 2020, dernière modification le 13 octobre 2020.

Par Jean-Claude Magrinelli

SOURCES : Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 6 M 33-28 : Recensement de 1936, commune d’Auboué ; AD 54 : WM 327 : Rapport du commissaire Lucien Bascou au chef de la XVe brigade régionale de police judiciaire daté du 3 mars 1942 ; AD 54 : 6 M 33-28 : Recensement de 1936, commune d’Auboué. 927 W 2, 12 et 15 : Dossiers du SRPJ concernant Garatoni Inès. 1860 W 36 et 84 : Registres d’écrou de la prison Charles III. — Archives municipales d’Auboué : Extraits d’état civil concernant Serge et Inès Schneider, 12 octobre 2020. — « Parcours de Serge Schneider, résistant », Collège Berty Albrecht, 32 avenue Gaston Rebuffat 83120 Saint-Maxime, 28 avril 2014, sur le site : http://www.clg-berty-albrecht.ac-nice.fr ; : Livre mémorial de la déportation, convoi du 23 janvier 1943 ; : « Parcours de Serge Schneider, résistant », cf 1 ; : Var matin, 11 novembre 2013.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable