GRAFF Jeanne (Mlle)

Par Yvon Gourhand

Institutrice de l’enseignement privé, syndicaliste CFTC de la région parisienne, secrétaire générale des syndicats de l’Abbaye (1922-1936), secrétaire à la documentation de l’Union centrale des syndicats féminins (1937), gérante de La Ruche (1904-1936), déléguée au Bureau confédéral de la CFTC (1922-1940) et membre de la Commission féminine confédérale.

Le Messager Syndical n° 158 d’avril 1932,
organe de l’Union régionale de l’Ouest CFTC
(CHT de Nantes)

Si l’on ne connaît pas les origines sociales de Jeanne Graff, militante syndicaliste de la première heure, on sait qu’elle a adhéré au syndicat des institutrices privées en 1907. Elle a été une militante dès ses débuts au sein des syndicats de l’Abbaye tout en étant gérante de son organe La Ruche syndicale dès 1904. Il faut souligner d’emblée que Jeanne Graff a œuvré pendant plus de 30 ans au sein du syndicalisme féminins tout en menant parallèlement une activité militante notable dans des associations catholiques. Jusqu’à la veille de la Seconde Guerre, elle demeura une propagandiste particulièrement active en contribuant notamment à la formation militante par ses articles rédigés pour la rubrique « L’Action syndicale féminine » dans la revue de la CFTC, Le Syndicalisme chrétien.
Dès 1922, elle occupa le poste de secrétaire générale permanente de l’Union centrale des syndicats professionnels féminins de l’Abbaye et ceci jusqu’à la fusion, en juin 1937, de l’Union avec la Fédération dite du boulevard des Capucines. Elle fut alors nommée secrétaire à la documentation au sein de la nouvelle Union. Propagandiste très active elle s’attacha à favoriser la création de nombreux syndicats en province, tout en représentant l’Union CFTC de la région parisienne au sein du comité national de la confédération chrétienne. Au plan international, elle prit part, dans le cadre d’une délégation confédérale CFTC, au Ve congrès de la Confédération internationale des syndicats chrétiens (CISC) qui eut lieu du 22 au 24 juin 1932 à Anvers en Belgique. Le 21 juin dans la même ville, lors du Congrès international du travail féminin (CITF), elle présenta un rapport sur l’évolution du travail féminin au cours des dernières années, sa collègue Marguerite Lafeuille, son homologue à la Fédération du boulevard des Capucines, présentant devant la CISC la résolution sur le travail féminin élaborée et adoptée par le CITF. De plus, en octobre 1934, Le Syndicalisme chrétien, organe de la CFTC, annonça la nomination de Mlle Graff début septembre à la fonction d’attachée temporaire à la section d’information de la SDN (Société des nations).
Cependant, infatigable, elle ne se contenta pas de son activité strictement syndicale, étant investie dans d’autres organisations chrétiennes comme les très conservatrices Ligue patriotique des Françaises (LPDF) et Union féminine civique et sociale (UFCS) de même que les Semaines sociales comme les Secrétariats sociaux, tout en y suivant attentivement leurs débats. De plus elle assista régulièrement aux congrès de l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF). On la retrouva également au sein des comités départementaux de l’enseignement technique. Elle milita également à l’Union nationale pour le vote des femmes et, enfin, elle fut également déléguée des syndicats de l’Abbaye à l’Action sociale de la femme .
En tant que dirigeante du syndicalisme chrétien féminin et comme ses collègues au sein de l’Union centrale, elle défendit les intérêts et les spécificités du syndicalisme à caractère exclusivement féminin comme le démontre son abstention, après 1936, lors d’un vote pour la constitution d’un syndicat mixte à l’arsenal de Toulon, au sein de l’Union varoise. Par ailleurs, dans le contexte des années Trente et de la crise socio-économique, elle fut amenée à intervenir plusieurs fois sur le travail féminin. Si, en conformité avec la plupart des catholiques sociaux, elle admettait alors que la place de la femme mariée se trouvait au foyer, elle milita fermement contre toute interdiction du travail féminin ainsi que pour l’application du principe « à travail égal, salaire égal » comme elle l’exprima à Nantes lors du Xe congrès de l’Union régionale de l’Ouest en mars 1932.
Cette femme qui fut une des figures de proue du syndicalisme féminin chrétien a témoigné en son temps des spécificités de ce syndicalisme comme du dynamisme indiscutable de ces responsables et militantes au sein de la CFTC de l’entre-deux-guerres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233199, notice GRAFF Jeanne (Mlle) par Yvon Gourhand, version mise en ligne le 21 octobre 2020, dernière modification le 21 octobre 2020.

Par Yvon Gourhand

Le Messager Syndical n° 158 d’avril 1932,
organe de l’Union régionale de l’Ouest CFTC
(CHT de Nantes)

SOURCES : Le Messager syndical (URO CFTC) n°158 d’avril 1932 – CHT de Nantes. — Le Syndicalisme chrétien (CFTC) n°101 de septembre 1932 et n° 121 d’octobre 1934 (Archives CFDT, COHDOS, BnF Gallica). — Joceline Chabot, « "De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir" : être militante à temps plein dans les syndicats féminins chrétiens en France dans l’entre-deux-guerres », Histoire sociale/Social History, vol. 36, n°72 (2003), pp. 407-423. — « Une spiritualité de combat : des syndicalistes chrétiennes en France dans les années 1900 1930 », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 15 | 2002, 15 | 2002, 37-54. — Les Débuts du syndicalisme féminin chrétien en France (1899-1944), Nlle éd. [en ligne], Lyon, Presses universitaires de Lyon (PUL), 2003. — Notes de Louis Botella.

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