Par Renaud Poulain-Argiolas
Né le 14 février 1916 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 23 janvier 2001 à Perpignan ; mécanicien d’aviation ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; militant communiste de Miramas (Bouches-du-Rhône).
Georges Xéridat fut formé à l’école des apprentis mécaniciens de l’armée de l’air de Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure, Charente-Maritime). En septembre 1933, il faisait partie des candidats admis en 2e année. Devenu mécanicien d’aviation, il partit se battre dans les Brigades internationales suite au coup d’État de Franco en Espagne.
Appartenant à la classe 1936, il fut mobilisé lors de la Seconde Guerre mondiale. Le 7 octobre 1940, il était officiellement prisonnier de l’armée allemande au Frontstalag 150 en tant que soldat de 2e classe de la 11e escadrille d’aviation. À la date de la publication annonçant sa captivité, le Frontstalag 150 était situé dans les environs de Saint-Florentin (Yonne), mais quelques mois plus tôt il se trouvait à Aix-la-Chapelle (Aachen, Allemagne). La suite du parcours de Georges Xéridat suggère qu’il aurait été détenu dans les frontières de l’Allemagne nazie.
Selon les informations qu’il fournit en juin 1965 dans son dossier de demande d’homologation de services, il s’évada du Stalag XVII-B de Krems-Gneixendorf (Autriche actuelle), fut repris dans la région de Salzbourg et renvoyé à Krems en mai 1942. On l’affecta au Stalag XVII-A de Kaisersteinbrück (toujours dans l’Autriche actuelle) pour former un convoi d’évadés repris à destination du Stalag 325, camp de représailles de Rawa-Ruska (aujourd’hui Lviv, Ukraine), dans la partie de l’URSS conquise par les troupes allemandes. On y déportait les prisonniers de guerre français qui avaient tenté de s’évader ou refusaient de travailler. Les conditions de vie à Rawa-Ruska étaient particulièrement rudes, à la fois à cause du climat très chaud en été et avoisinant les -20 à -30°C en hiver, que de la famine, du manque d’hygiène et des mauvais traitements ajoutés au travail forcé. Georges Xéridat resta à Rawa-Ruska du 28 août 1942 au 12 janvier 1943, quelques jours avant la dissolution du camp devant l’avancée des troupes soviétiques. On l’envoya par la suite au Stalag II-E, près de Schwerin, à environ cent kilomètres de Hambourg. S’il mentionne lui-même qu’il refusa de travailler pour l’armement allemand, on peut supposer qu’il le fit de manière répétée, au vu du nombre de ses évasions et des représailles. Entre janvier 1943 et avril 1944, il s’évada du Stalag III-D, situé près de Berlin, fut repris à Bamberg (Bavière) et envoyé au Kommando disciplinaire du XIII-B à Weiden (Bavière). Au mois de mai, il réussit sa troisième évasion, fut repris à Darmstadt, dans le centre de l’Allemagne actuelle, et envoyé au Kommando disciplinaire du Stalag IX-B de Bad Orb (Hesse) en juillet. Entre août 1944 et avril 1945, il s’évada une quatrième fois, avant d’être repris à une quarantaine de kilomètres, à Hanau, et affecté à un autre Kommando disciplinaire du IX-B. Il fut libéré fin avril 1945 près de Nüremberg par les troupes américaines du général Patton.
D’après plusieurs militants qui les ont fréquentés, dans les années 1950 Georges Xéridat et sa femme Mimi Xéridat vivaient à Miramas (Bouches-du-Rhône). Ils avaient eu ensemble un fils et militaient activement pour le Parti communiste. Quoiqu’elle ne fût que sympathisante, elle était également active à l’Union des Femmes Françaises. Pendant sa longue détention en Allemagne, il aurait eu là-bas une fille.
En août 1965, on attribua à Georges Xéridat un certificat de validation des services, le reconnaissant interné de la Résistance en « isolé » pour la période allant du 28 août 1942 au 11 janvier 1943 (période de sa détention à Rawa-Ruska). Il était alors domicilié au 65 avenue de Saint-Chamas à Miramas.
Lors des élections municipales de mars 1971, il fut candidat sur la « Liste d’union pour une gestion sociale, moderne et démocratique », présentée par le PCF et « des démocrates » et menée par l’instituteur communiste Georges Thorrand. Sur cette liste il y avait notamment quatorze cheminots, trois femmes et aussi dix sans-parti, qui s’étaient ralliés aux communistes en regrettant l’absence de volonté d’union de la part de la direction socialiste des Bouches-du-Rhône. Ce fut le maire UDR sortant Pierre Tristani qui conserva la mairie à l’issue du scrutin.
Une fois à la retraite, Georges Xéridat s’installa avec sa femme à Prades (Pyrénées-Orientales), commune de naissance de cette dernière. Il y finit vraisemblablement sa vie.
Les archives du Service historique de la Défense de Caen possèdent des éléments le concernant.
Par Renaud Poulain-Argiolas
SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 604649. — SHD Caen, AC 21 P 625910 (nc). — Archives Argiolas. — Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 21 septembre 1933 (65e année, N°221), p. 9917. — Centre national d’information sur les prisonniers de guerre, Liste officielle n°27 de prisonniers de guerre français, 7 octobre 1940 (p. 63). — « La Marseillaise » spéciale : L’Unité, journal de la section PCF de Miramas (numéro spécial pour les élections municipales de mars 1971) [photographie]. — Site Généanet. — Site de l’Union nationale Rawa-Ruska. — Site The Pegasus Archives, German Frontstalag Camps (en anglais). — Propos recueillis auprès de Paulette Argiolas et de Georges Thorrand.