STAUB Roger, Jules

Par Michel Thébault

Né le 7 mai 1921 à Paris XVème arr. (Seine), mort en action le 29 août 1944 à Bossay-sur-Claise (Indre-et-Loire) ; étudiant ; résistant ORA brigade Charles Martel, maquis Carol.

Roger Staub était le fils d’André Staub (né le 16 octobre 1883 à Paris Vème arr.), ingénieur agronome et de Marthe, Marie, Bernadette Bidault. Ses parents s’étaient mariés à Pont-Audemer (Eure) le 6 janvier 1914. Son père, fils d’un professeur agrégé de l’Université, Charles, Louis Staub, surveillant général à l’École Normale Supérieure, fut mobilisé le 12 août 1914 dans le 36ème Régiment d’Infanterie. Sous-lieutenant, il fut gravement blessé à Verdun le 27 juin 1916, amputé de la jambe droite « jusqu’à la partie moyenne de la cuisse ». Deux fois cité, il reçut la Croix de guerre avec palme et fut fait chevalier de la Légion d’honneur ; il fut également déclaré invalide de guerre pensionné à 90%. Roger Staub son fils, fit ses études secondaires dans le XVème arrondissement où demeurait sa famille, élève du lycée Buffon, 16 boulevard Pasteur.

Sa famille s’étant peut-être réfugiée en zone libre (sa présence sur le monument aux morts de Montierchaume, dans l’Indre, au nord de Châteauroux, semble indiquer qu’il y fut domicilié en 1944), Roger Staub fut convoqué pour les Chantiers de jeunesse intégrant le chantier no 34 "Sully", basé à Mézières-en-Brenne (Indre). En septembre 1943, les autorités allemandes exigèrent que 30.000 jeunes gens des Chantiers de jeunesse soient envoyés en Allemagne. Sur 24.000 jeunes désignés, 16.000 seulement partirent. Par ailleurs le chantier créé début août 1940, fut supprimé en juin 1944. En effet le 10 juin 1944, suite à une directive allemande du 13 mai 1944 prescrivant la dissolution des chantiers, le gouvernement de Vichy ordonna la suppression des chantiers, les jeunes présents devant être transférés à l’organisation Todt pour la construction du mur de l’Atlantique. Le chantier n° 34 devait ainsi rejoindre le secteur de La Rochelle. Dans les deux cas, pour échapper au S.T.O. de nombreux jeunes gens fuirent vers les maquis. Ce fut le cas de Roger Staub, qui, vraisemblablement à l’été 44, rejoignit dans le département de l’Indre où il se trouvait, un maquis de l’ORA. Le colonel Raymond Chomel, chef d’état-major de la 9e division militaire de l’Armée d’armistice, passa au début de 1944 dans la clandestinité, sous le pseudonyme de Charles Martel. Début juin 1944 son unité clandestine, constituée en brigade, la brigade Charles Martel, fut prête à passer à l’action. Elle comprenait en particulier le maquis d’Epernon en Indre-et-Loire et le maquis Carol dans l’Indre, auquel Roger Staub appartint.

Le 13 août, à l’approche des troupes américaines, l’ORA déclara l’état de guérilla généralisée dans le sud du département d’Indre-et-Loire. Les harcèlements devinrent quotidiens sur les itinéraires suivis par les troupes allemandes. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel et les combats se multiplièrent dans le secteur, le long des axes menant vers l’est du département de la Vienne, l’Indre et l’Indre-et-Loire. L’évacuation vers l’est à partir du 26 août (Roger Picard op. cit) de la légion hindoue, et du groupement de marche du sud-ouest, qui réunissait environ 25 500 hommes sous les ordres du général Botho Elster fut ponctuée de violences et d’exactions. Les 27 et 28 août des incidents se produisirent dans le secteur de La Roche-Posay (Vienne) mettant aux prises des éléments des maquis locaux et les troupes allemandes en retraite, et infligeant à ces dernières des pertes humaines. Le franchissement de la Creuse fut l’objet de violents combats, en particulier le passage du pont de Preuilly entre La Roche-Posay et Yzeures-sur-Creuse, au franchissement de la Gartempe et de la Creuse. Le 29 août, à l’extrême sud du département d’Indre-et-Loire, à Bossay-sur-Claise, limitrophe d’Yzeures-sur-Creuse d’un côté et du département de l’Indre de l’autre, des éléments du maquis Carol attaquèrent les unités allemandes en retraite. Roger Staub fut tué dans le combat au lieu-dit Massuet, vers 13 heures avec deux camarades Jacques Pistre et Raymond Thomas. Son corps fut après la guerre transféré à Paris. Il repose depuis lors au cimetière du Père Lachaise, division 47.

Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué FFI au grade de sous-lieutenant. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Montierchaume (Indre), sur la plaque commémorative du lycée Buffon et sur la plaque commémorative de l’église Saint Jean-Baptiste de la Salle dans le XVème arrondissement de Paris. Il figure aussi à Mézières-en-Brenne sur la plaque commémorative « A la mémoire des anciens du Groupement 34 des Chantiers de la Jeunesse Française, Morts pour la France ». Il figure enfin sur le monument commémoratif dressé à un carrefour sur la route de Bossay-sur-Claise à Tournon-Saint-Pierre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233314, notice STAUB Roger, Jules par Michel Thébault, version mise en ligne le 25 octobre 2020, dernière modification le 26 octobre 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Dép. Paris et Indre-et-Loire (état civil, registre matricule) — SHD Vincennes GR 16 P 556288 et SHD Caen AVCC AC 21 P 156614 (à consulter) — Roger Picard Hommes et combats du Poitou Ed. Martelle 1994 — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

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