DEBARRE Roger

Par Frédéric Stévenot

Né le 30 juin 1921 à Roye (Somme) ; cheminot ; résistant et déporté.

Roger Debarre s’investit très tôt dans la Résistance. Il recruta notamment un certain nombre de ses collègues au dépôt de Tergnier (Aisne), comme René Gobeaut à la fin de l’année 1941.

Arrêté en mai 1942, il fut transféré au camp de Compiègne. De là, il fut déporté avec le convoi (list I.42) parti le 6 juillet 1942 vers Auschwitz, qui comprit des détenus juifs et politiques. D’après le FMD, la présence de communistes s’explique par le fait que ce convoi fut un convoi de représailles, destiné à dissuader les FTPF de commettre des attentats. Cette volonté correspond en outre à une mutation dans la politique de répression allemande, passant de l’exécution d’otages à la déportation, à raison de cinq cents juifs et communistes pour un attentat. Cette politique fut largement soutenue par les forces de l’ordre françaises.
Le convoi serait arrivé le 8 juillet au camp-souche, appelé par la suite Auschwitz-I, avec ordre d’appliquer aux déportés (les « 45 000 » ou « 46 000 ») les conditions liées au statut « Nacht und Nebel », sans qu’ils l’aient reçus réellement. Ils furent conduits le lendemain à Birkenau. Le 13 juillet, la moitié d’entre eux retournèrent au camp-souche. Au bout de neuf mois, ils ne furent plus qu’entre 155 et 160 (selon les sources), dont 27 pour la moitié demeurée à Birkenau. Nombre d’entre eux furent gazés après avoir été reconnus inaptes au travail. En décembre 1942, quelques « 45 000 », contactés par des résistants du Comité international, dirigé par des communistes autrichiens (dont Hermann Langbein) et allemands des Sudètes, créèrent le premier réseau français de résistance à Auschwitz-Birkenau.
En mars et août 1943, les derniers « 45 000 » de Birkenau rejoignirent Auschwitz-I. Le 4 juillet, ils reçurent le droit d’écrire à leur famille, puis connurent une sorte de répit en étant placés en quarantaine à partir d’août 1943, au premier étage du block 11, la prison du camp, jusqu’en décembre 1943.
Sous la pression soviétique, l’évacuation du camp commença dans le courant de l’été 1944. À la fin août et au début de septembre 1944, les « 45 000 » furent divisés en quatre groupes : trois furent transférés par sections de trente à Gross Rosen, Sachsenhausen et Flossenbürg, d’où ils furent évacués en 1945. Le dernier groupe, resté à Auschwitz, partit le 18 janvier 1945 pour Mauthausen, à l’exception de trois d’entre eux qui furent libérés par les Soviétiques.
Sur les 1 170 hommes immatriculés en juillet 1942, il n’en resta que 119 en mai 1945.

Roger Debarre fut déporté avec d’autres camarades de la région de Tergnier : Marcel Alizard (mort à Auschwitz le 19 août 1942), Paul Caille (mort le 17 septembre 1942), Marcel Gouillard (mort le 7 octobre 1942). Roger Debarre fut du groupe dirigé vers Flossenbürg (Bavière).Le 20 avril 1945, alors que les troupes alliées approchaient, le camp fut évacué en quatre colonnes comprenant au total 14 800 détenus, dont l’une atteint Dachau. Lors de marches forcées d’environ 80 km, 7 000 déportés périrent ; les survivants furent libérés le 23 avril 1945 sur la route de Cham par une colonne blindée américaine, tandis qu’une autre libérait le camp lui-même le même jour. On ignore encore comment Roger Debarre, libéré ce même jour, était encore au camp ou parmi les survivants de la marche.
Il fut par la suite homologué au titre des déportés et internés de la résistance (DIR) et des forces françaises de l’intérieur (GR 16 P 161505 ; AC 21 P 629775). Il ne semble pas avoir reçu la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233359, notice DEBARRE Roger par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 26 octobre 2020, dernière modification le 26 octobre 2020.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. SHD Vincennes et Caen. — Sites Internet : Fonds pour la mémoire de la déportation ; Mémorial de Compiègne ; Fonds Arolsen (indisponible lors de la consultation). — Document autobiographique de René Gobeaut communiqué par l’IHS Aisne (Guy Fontaine).

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