CLÉREMBAUX Daniel (Albert)

Par Bernard Thièry, Jean-Paul Salles

Né le 10 juin 1955 à Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime) ; militant de la LC/LCR dans la région du Havre (1973-1978), appelé du contingent en Allemagne (avril 1975-mai 1976), il participa à un Comité de Soldats  ; militant de la LCR dans la Vienne (1979-82), puis à Limoges (Haute-Vienne) de 1982 à 2009  ; militant du NPA (2009-2012), puis d’Ensemble  ; ouvrier puis éducateur spécialisé, militant brièvement à la CGT, puis à la CFDT  ; la quitta en 2003 pour le SNUTER-FSU-La Territoriale  ; plusieurs fois candidat aux élections pour la LCR et pour la coalition Limousin Terre de Gauche ou Limoges Terre de Gauche  ; élu conseiller municipal de Limoges en 2008.

Daniel Clérembaux au Larzac le 15 août 1973, à 18 ans. "Faites labour pas la guerre".

Son père Jean Clérembaux fut ajusteur au chantier naval de la commune du Trait (arrondissement de Rouen, Seine-Maritime) puis à la Société Nouvelle des Tuyaux Flexibles (SNTF) à Lillebonne (Seine-Maritime). Sa mère Bernadette Delimbeuf fut vendeuse, femme de ménage, puis ouvrière dans l’industrie pharmaceutique au Trait (EAP puis Fisons). En 1968, son père était responsable syndical CFDT à la SNTF et trésorier du syndicat CFDT de la métallurgie dans le canton de Lillebonne. Sa mère était secrétaire du Comité d’entreprise de l’usine EAP pour la CGT. Elle fréquenta l’Action catholique ouvrière (ACO). Son grand-père paternel Albert Clérembaux, membre de la SFIO, avait été délégué CGT du chantier naval du Trait en 1936. Son oncle, Victor dit « Léon » Clérambaux (erreur orthographique du patronyme) fut conseiller municipal socialiste de Villers-Ecalles (arrondissement de Rouen). Le fils de Victor, Léonce, son cousin germain, instituteur puis fonctionnaire territorial, journaliste, fut député socialiste du Nord. Daniel Clérembaux a une sœur, Sylviane. Dans un premier temps militante du Groupe femmes de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), elle fut militante active de l’Union des Femmes Françaises (UFF). De même, membre du comité de section du PCF de Dieppe (Seine-Maritime), elle fut aussi membre du comité fédéral du PCF de Seine-Maritime.
Daniel Clérembaux fit ses études au collège Albert Glatigny, puis au lycée Guillaume-le-Conquérant à Lillebonne, où il anima un Cercle rouge, structure de jeunesse de la Ligue communiste, de même que le Club information qui diffusait les films du réseau CREPAC. Ils permettaient de débattre de sujets brûlants, ainsi le film « Étranges étrangers » réalisé par Marcel Trillat et Frédéric Variot en 1970, sur les travailleurs immigrés. Avec ses camarades, il réussit, non sans mal à faire venir des bénévoles du Planning familial au lycée. Au printemps 1973, en terminale C, il participa au long mouvement des lycéens contre la loi Debré et assista à la première grande coordination nationale des lycéens à Faculté de Jussieu (Paris). Après juin 1973, ayant obtenu le baccalauréat C, il devint ouvrier par souci d’indépendance économique et convaincu du rôle majeur de la classe ouvrière dans le progrès social. Il travailla comme gardien de nuit à l’EAP, usine pharmaceutique au Trait où sa mère était salariée. Le 15 août 1973, avec ses camarades de la Ligue communiste et du cercle rouge du lycée, il se rendit à la manifestation du Larzac qui rassembla près de 100 000 personnes opposées à l’extension du camp militaire sur les terres agricoles de ce plateau. Il en gardera une conscience politique écologique, et également une vision différente du monde paysan, qui en Seine-Maritime était dominé par la droite catholique. En septembre 1973, il s’installa au Havre où il travailla pour une agence intérimaire, puis sous contrat pour différentes entreprises. Il fut manutentionnaire sur le port, dans l’entreprise Calberson, puis aide laborantin chez Dorly. Dans cette usine de fabrication de PVC il participa, en 1974, à la construction du syndicat CGT pour lutter contre des conditions de travail dangereuses. En novembre 1974 en raison de son engagement syndical, son contrat dans la société Dorly n’a pas été renouvelé. Sans emploi et en attente du départ pour le service national, il s’installa à Lillebonne où, avec deux autres camarades, il fonda une communauté qu’il qualifia de « joyeuse et militante ». Ils vendaient Rouge, hebdomadaire de la Ligue communiste, le samedi à Bolbec, commune de l’arrondissement du Havre. En octobre 1973, sous le pseudonyme d’Albert, il intégra une cellule ouvrière de la Ligue communiste de la section havraise qui se réunissait notamment dans le quartier de Caucriauville. Il suivit les cours de formation marxiste animés par André Rosevègue et distribua dans les usines havraises, La Lutte continue, bulletin de la section. En avril 1975, il fut affecté au 46e régiment d’infanterie à Berlin, à la caserne Napoléon située dans le quartier Tegel. Secrétaire à la compagnie d’instruction, il intégra le Comité de soldats qui diffusait clandestinement un bulletin aux appelés, dont l’impression était réalisée par des camarades allemands de la 4e internationale. Fin septembre 1975, il assurait l’animation du comité, avec un camarade du Parti communiste français (PCF) d’Angers, et un autre appelé d’Étampes. Leurs contacts furent nombreux, y compris avec le chauffeur du colonel et un jeune engagé. Ils multiplièrent les initiatives telles que la diffusion de tracts sur les sièges du cinéma de la caserne, dans les bus qui desservaient la caserne, et posèrent des autocollants sur les portes pour exiger plus de permissions et de meilleurs repas. Ils durent faire face aux fouilles répétées de la hiérarchie militaire. De même les civils berlinois, leurs camarades, étaient dans l’incapacité de distribuer leur bulletin et les tracts aux nouveaux appelés en gare. Aussi collectèrent-ils de nuit dans les bureaux toutes les adresses personnelles des appelés de la classe d’octobre 75 qui, ainsi, trouvèrent le bulletin à leur domicile lors de leur première permission. Daniel Clérembaux était surveillé par la sécurité militaire, suivi dans le métro. Convoqué par le colonel Juin, il fut muté l’après-midi même en section disciplinaire à Reutlingen (RFA) en Forêt noire. Il n’eut que le temps de prévenir un camarade du comité qui sauva le matériel militant planqué notamment dans les gaines de chauffage et à l’hôpital militaire. Son camarade d’Angers fut victime de la même mesure d’éloignement. En février, alors qu’il n’avait plus d’activités militantes, il fut condamné à deux mois de prison par le général Massu, dans l’attente d’un passage au Tribunal permanent des forces armées (TPFA) à Landau. Ces tribunaux d’exception où l’armée était juge et partie furent supprimés en 1982. Le procès n’eut pas lieu. Il fut incarcéré dans une cellule insalubre de l’ancienne caserne allemande de Horb (RFA). En avril 1976, il fut contraint à 30 jours supplémentaires au 12e régiment de cuirassés à Mulheim (RFA). Libéré en mai 1976, il prit un emploi de saisonnier en Dordogne. En juillet il participa à la mobilisation contre le projet de surrégénérateur Superphenix dans l’Isère. Ensuite, il devint moniteur du centre de vacances des Mathes en Charente-Maritime, géré par la Mairie communiste d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il apprit qu’il n’obtiendrait pas de poste d’animateur permanent dans cette ville, en raison du fait qu’il avait fait suivre son abonnement à Rouge Quotidien sur le lieu de la colonie de vacances. En septembre 1976, il prit un poste d’intérimaire dans l’entreprise Trapil (transport par pipeline d’hydrocarbures) à Notre-Dame-de-Gravenchon, où sa candidature pour un emploi définitif fut rejetée au motif que sa famille était engagée syndicalement. Ayant perdu cet emploi, il intégra un poste d’aide chimiste au sein de la raffinerie ATO Chimie à Gonfreville-l’Orcher, près du Havre. Il fut élu délégué CFDT du personnel en 1977. Parallèlement, il militait à la cellule de la LCR de Bolbec-Lillebonne-Gravenchon qui diffusait le bulletin La Taupe Rouge dans la zone industrielle de Port-Jérôme-sur-Seine.
Il quitta la Seine-Maritime en septembre 1978 pour exercer les fonctions d’éducateur dans un internat pour adolescents délinquants à Saint-Gervais-les-trois-Clochers (Vienne). Le travail fut particulièrement difficile, la violence étant le lot quotidien des rapports entre les jeunes et entre eux et les éducateurs. Il intégra la section syndicale CFDT de l’établissement. Sous la menace de licenciements collectifs, il participa à l’occupation victorieuse et à la séquestration du Conseil d’administration à Poitiers (Vienne). Ayant rejoint la section LCR de Châtellerault (Vienne), il assura au printemps 1979 la construction de la section des JCR (Jeunesses communistes révolutionnaires). En septembre 1979, il intégra la formation d’éducateur spécialisé à l’Institut régional de formation des travailleurs sociaux d’Isle (IRFTS), près de Limoges (Haute-Vienne). En 1980, il créa avec quelques camarades une section syndicale CFDT, puis fit de même dans les deux autres centres de formation de travailleurs sociaux (Croix Rouge et Institut d’économie sociale et familiale). Membre du syndicat départemental Santé sociaux CFDT, il participa à de nombreuses luttes pour défendre les bourses d’études des travailleurs sociaux en formation, pour sauver la restauration de l’IRFTS. Les sections syndicales furent à l’initiative de l’une des mobilisations les plus importantes des écoles de formation en organisant une coordination nationale qui fonctionnera jusqu’en 1982 afin d’obtenir un statut national de travailleurs sociaux en formation. Il obtint le diplôme d’État d’éducateur spécialisé en juin 1982, puis il se mit en couple avec Cathie Guerry, éducatrice, avec laquelle ils auront deux enfants. Cathie devint militante de la LCR et joua un rôle déterminant dans la construction du syndicat Interco-CFDT, et également dans le mouvement féministe et des sans-papiers. En septembre 1982, Daniel Clérembaux fut recruté sur concours à la Direction départementale des affaires sociales (DASS) de la Haute-Vienne et affecté au service du placement familial. Il intégra aussitôt la section syndicale du syndicat Interco-CFDT de la Haute-Vienne. En 1986, il réussit l’examen professionnel d’éducateur-chef mais ne sera jamais nommé. En conséquence des lois de décentralisation de 1982 et 1983, son service fut transféré au Conseil général de la Haute-Vienne qui en quelques années compta 800 salariés. À la suite du départ à la retraite de René Martin, le fondateur du syndicat en 1976, chauffeur et ancien résistant des maquis Guingouin, il devint secrétaire du syndicat Interco-CFDT en 1983. C’était un petit syndicat de 50 adhérents, qui regroupait les agents des collectivités territoriales, ceux des DDASS et des Préfectures. Après avoir participé au congrès confédéral de la CFDT à Metz en 1982 pour le syndicat Santé Sociaux, il avait participé, en 1983, au congrès fédéral Interco-CFDT de Bombannes en Gironde. Il y avait rencontré Michel Angot militant du syndicat des Services publics parisiens, Philippe Vollot du syndicat Interco-CFDT du Val-de-Marne, et d’autres militants tels que ceux du syndicat départemental de l’Ille-et-Vilaine. Dans la fédération Interco, ces militants luttaient contre le « recentrage » de la CFDT initié par Edmond Maire, alors secrétaire général confédéral, suite au rapport Moreau de 1979. Ces rencontres avaient été déterminantes dans la décision du syndicat de la Haute-Vienne de se désaffilier de la CFDT. Daniel assista aux congrès fédéraux et confédéraux de la CFDT, ainsi qu’à ceux des structures départementales et régionales de la CFDT en Limousin pour y défendre une ligne unitaire, engagée dans le mouvement social. Le syndicat Interco-CFDT augmenta progressivement ses effectifs, notamment à partir de 1995 par le recrutement de jeunes adhérents. En 1989, il était devenu permanent à mi-temps puis à temps complet le 1er mai 1996, jusqu’à son départ à la retraite en novembre 2016. Il assurait un mi-temps syndical pour les agents départementaux et un autre mi-temps pour les agents communaux. Le syndicat se fit connaître pour sa vitalité notamment par l’occupation de plusieurs mairies contre des licenciements. En 1995, le syndicat suspendit les cotisations à la confédération CFDT en raison de la prise de position de celle-ci en faveur de la réforme Juppé. Finalement, après débat, il maintint son affiliation à la CFDT mais décida de s’engager plus activement dans l’opposition organisée dans le regroupement dénommé « Tous ensemble ». En 1997, Daniel anima une lutte longue et victorieuse qui enraya le projet de quatorze suppressions de postes de contractuels au Foyer de l’Enfance du Département. Plus de vingt postes furent finalement créés. En mai 2003, la signature du plan Fillon par François Chérèque, secrétaire général de la confédération CFDT, entérina une nouvelle fois l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite. Cette signature provoqua une crise majeure dans l’Union régionale CFDT du Limousin. Le 24 juin 2003, lors de son congrès, le syndicat Interco-CFDT de la Haute-Vienne se désaffilia de la CFDT par 93 % des votants. Pour détruire le syndicat, l’appareil confédéral, fédéral et l’exécutif de l’Union régionale interprofessionnelle CFDT avaient multiplié les manœuvres telles que la venue d’un huissier, puis celle de François Chérèque à Limoges pour obtenir le retrait de leur droit syndical auprès des employeurs. La direction confédérale tenta de mettre hors d’usage le logiciel des adhérents en y introduisant un virus. Sur injonction de la Confédération, les comptes à la Banque française de Crédit coopératif (BFCC) furent bloqués et les comptes personnels des 550 adhérents du syndicat Inter87 furent prélevés directement dans une agence parisienne de la BFCC, en lieu et place de l’agence BFCC de Limoges. Une décision de justice permettra de retrouver l’intégralité des comptes du syndicat mais jamais les sommes prélevées frauduleusement par la Confédération sur les comptes des adhérents.
En novembre 2003, son syndicat (ex-IntercoCFDT) s’affilia à la FSU et devint le syndicat Inter87-FSU. Daniel Clérembaux en fut le secrétaire départemental jusqu’en 2015. En effet, après débat sur les différentes options proposées (adhésion à la CGT, à SUD ou à la FSU), par 70 % des voix, le congrès départemental du syndicat demanda son affiliation à la FSU. Il fut accueilli au SNUCLIAS-FSU, nouvellement créé. Il contribua à la rédaction du premier cahier revendicatif de ce nouveau syndicat. Il intégra son secrétariat national, en devint le secrétaire adjoint de 2009 à 2015. Il était prévu qu’il reste au secrétariat national jusqu’au congrès prévu en mars 2021. Le syndicat Inter87-FSU devint en Haute-Vienne le premier syndicat des employés des collectivités territoriales aux élections professionnelles de 2008, position confortée aux élections de 2014 et 2018. Il regroupait avant la fusion-absorption du Conseil régional du Limousin près de 900 adhérents, ce qui en fit le plus important syndicat de salariés du Limousin. Daniel Clérembaux participa activement au développement de plusieurs syndicats d’autres départements en assurant la formation des nouveaux adhérents, des nouveaux militants et des élus (Cantal, Creuse, Dordogne, Charente-Maritime, La Réunion, Indre-et-Loire, Guadeloupe, Indre, Seine-Maritime, Deux-Sèvres, Charente etc..). Grâce la formation interne, il avait appris le droit public ce qui lui permit d’assurer le soutien et le suivi du contentieux juridique des agents devant la justice administrative. Il fit partie du réseau juridique du Syndicat national unitaire de la territoriale (SNUTER-FSU). Des militants du syndicat menèrent des luttes victorieuses remarquables notamment contre le licenciement de quatorze travailleurs sociaux du Centre départemental de l’enfance et de la famille, contre une délibération du Conseil départemental mettant à la rue des jeunes majeurs n’ayant pas trois ans d’ancienneté de prise en charge continue au sein de l’Aide sociale à l’enfance. Cette délibération fut annulée par le Conseil d’État le 15 juillet 2020. Il fut à la pointe du combat, en organisant des manifestations et regroupements dans des petites communes de la Haute-Vienne comme à Saint-Laurent-sur-Gorre où une aide-soignante était victime d’un harcèlement brutal, à Chateauponsac contre la mauvaise gestion des personnels, où encore à Saint-Yrieix-la-Perche pour défendre les responsables de la jeune section syndicale. Daniel quitta ses fonctions de secrétaire départemental au congrès d’Inter87-FSU du 27 novembre 2015 et prit sa retraite le 1er novembre 2016, tout en gardant des missions de formation, de soutien juridique, de suivi de la filière culturelle territoriale. À partir du 18 septembre 2020, il représenta la FSU en tant que titulaire au Conseil d’administration de l’IRCANTEC, caisse de retraite complémentaire des contractuels de la fonction publique.
Les deux cellules de la section de la LCR de Limoges participèrent en 1979, à la scission qui conduira leurs membres à rejoindre les rangs de l’Organisation Communiste Internationale (OCI). Donc, à peine arrivé en Haute-Vienne, Daniel Clérembaux s’employa à reconstruire la section de la LCR de Limoges. Elle mit plusieurs années avant de pouvoir jouer un rôle dans la vie politique locale. Avec sa compagne, Cathie Guerry, il se rendit en Pologne en novembre 1983 pour apporter clandestinement du matériel aux syndicalistes ouvriers de la région de Poznan et aux camarades de la IVème internationale. Les passages des frontières est-allemande et polonaise, à l’aller comme au retour, avec du matériel de radio et des bulletins, étaient d’autant plus risqués que les fouilles étaient particulièrement longues. La rencontre avec les dirigeants ouvriers de Solidarnosc, dont certains sortaient de prison, fut déterminante dans son appréciation des conséquences idéologiques désastreuses du stalinisme. Après ce voyage militant, avec Cathie, il réalisa une exposition qui rencontra un certain succès. En juillet 1984, dans le cadre des brigades de solidarité avec la révolution sandiniste, ils partirent au Nicaragua dans le village de La Luz pour construire une école. À leur retour, ils présentèrent un montage diapos et une petite exposition. Au début de l’année 1985, ils contribuèrent fortement à la fondation de la section locale de l’Association d’information et de soutien au peuple kanak. À partir de 1985, sous la houlette de Claude Gobeaux, ancien secrétaire fédéral du PCF, Daniel participa à la création et aux activités du Cercle Gramsci, association qui organisait des conférences à thématiques multiples pour œuvrer à la rénovation de la gauche et du mouvement social. Il resta militant de ce cercle jusqu’en 1995. Il y rencontra des spécialistes de Gramsci, de la génétique, de la robotique, de Marx, de la Yougoslavie, du Rwanda, de l’agriculture biologique, du Che Guevara…. Il fut le porte-parole de la section locale de la LCR qui éditait un petit bulletin intitulé La Lettre de Rouge. Il participa au rapprochement de la LCR avec les forces issues de la scission du PCF de la Haute-Vienne. Le dirigeant le plus connu du PCF du département était Marcel Rigout. Comme les trois autres ministres du PCF, il venait, en juillet 1984, de quitter le gouvernement lorsque Laurent Fabius en prit la tête en remplacement de Pierre Mauroy. Daniel Clérembaux participa également à la campagne de Pierre Juquin, pour les élections présidentielles de 1988. En 1989, il figurait aux élections municipales à Limoges, sur la liste présentée par le comité Juquin. À la fin des années 1980, il eut la chance de passer un après-midi, en tête à tête avec Georges Guingouin, compagnon de la Libération, libérateur de Limoges. Cette rencontre eut lieu dans son ancienne école devenue un gîte où il passait ses vacances en famille. L’accueil fut des plus chaleureux. L’échange porta notamment sur le retour de l’extrême droite en France, sur ses rapports avec le PCF pendant la guerre, sur l’avenir de la lutte antifasciste, sur les luttes sociales actuelles, sur les expériences ouvrières autogestionnaires qu’il soutenait. Daniel Clérembaux eut alors le privilège de pouvoir lire des courriers exceptionnels datant de la guerre et de l’après-guerre qui portaient sur les démarches engagées par Georges Guingouin pour trouver les responsables des différentes tentatives d’assassinat à son encontre. Quelques années plus tard, Georges Guingouin appela Daniel au téléphone pour le remercier d’avoir consacré une soirée entière du Cercle Gramsci à la promotion du livre intitulé L’affaire Guingouin. Cette soirée avait été organisée avec la participation de son auteur, Michel Taubman, journaliste et écrivain. Aux élections législatives de mars 1993, Daniel fut suppléant de Claude Charpentier, ancien secrétaire fédéral du PCF. Ils réunirent un peu moins de 5 % des suffrages. L’arrivée de jeunes militants du syndicalisme étudiant en 1994 permit à la LCR de multiplier les initiatives dans nombre de luttes sociales. Au printemps 1994, Daniel Clérembaux devint délégué pour le mouvement Agir ensemble contre le Chômage (AC !). Le comité local accueillit avec un succès remarquable pendant cinq jours, des chômeurs venus de la Haute-Garonne, en marche avec d’autres groupes de chômeurs vers Paris. Dans une ambiance enthousiaste, les militants de la Haute-Vienne les retrouvèrent lors de leur arrivée à Paris qui fut précédée de la jonction avec les autres marcheurs venus de diverses régions. En 1997, 2001, 2007, et enfin en 2012, Daniel Clérembaux fut candidat aux élections législatives. En 2012, adhérent du NPA, sa candidature fut soutenue par « Limousin Terre de gauche » qui réunissait plusieurs forces politiques (PCF, Parti de Gauche, NPA). Il recueillit 8,3 % des voix. Aux élections régionales de 2010, la liste « Limousin Terre de gauche » avait obtenu 20% des voix au second tour des élections régionales et cinq élus.
En 2001 et en 2008, aux élections municipales, Daniel Clérembaux fut en tête des deux listes successives dénommées « Limoges 100 % à gauche » et soutenues par la LCR. Ces listes rassemblaient des militants du mouvement social local. En mars 2008, la liste obtint 7 % des voix ce qui permit l’élection de deux conseillers municipaux, Daniel Clérembaux et Marie-Ève Eyrolle puis Aurélie Laurière. S’est alors constitué un petit groupe politique très solide et courageux, avec Christian N’Guyen, comme assistant du groupe. Ch. N’Guyen, animateur de la LCR en Creuse, très actif dans ce poste durant toute la mandature, fut par ailleurs tête d’une liste d’extrême gauche aux élections européennes de 2009, dans la circonscription Massif Central-Centre, qui obtint 5,45 % des voix. Pendant 6 ans donc, à Limoges cette petite équipe d’opposition anima la vie du conseil municipal sur des dossiers d’importance tels que le rejet du barreau de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Limoges-Poitiers et pour la rénovation de la ligne historique Paris-Orléans-La Souterraine-Limoges-Toulouse (ligne POLLT). Cette lutte de plusieurs années fut un succès. L’équipe se mobilisa aussi particulièrement contre le développement d’une nouvelle zone de « chalandisation » de 50 000 m2 au Nord de Limoges intitulée « Family Village » qu’ils rebaptisèrent avec un certain succès populaire « Calamity Village ». Les délégations de services publics (DSP) du bassin aqua-récréatif et de la patinoire constituèrent ensuite le second dossier le plus médiatisé de leur mandat. Après avoir mené son enquête, l’équipe rédigea une lettre ouverte aux procureurs de la république de Limoges et de Rouen les alertant sur les liens étonnants entre le principal bureau d’études (Amex) chargé de la création du bassin aqua-récréatif dénommé « Aquapolis », et la société « Vert Marine » (siège social à Mont-Saint-Aignan) qui en obtint ensuite la gestion déléguée. C’est cette même société à laquelle, quelques mois plus tard, fut intégralement attribuée la gestion de la patinoire municipale de Limoges ainsi que deux subventions successives pour un montant de 500 000 euros. Or, quand la société « Vert Marine » obtint cette délégation de service public de la patinoire, elle était mise en examen et soupçonnée d’avoir eu accès à des informations de marchés publics via un autre bureau d’études dénommé Aemco dont le dirigeant, lui-même mis en examen, n’était autre que le directeur de la société Amex domiciliée à la même adresse. Curieusement, le montant de la caution versée par les dirigeants de « Vert Marine » se montait lui aussi à 500 000 euros. Les dirigeants de « Vert Marine » furent mis en examen et condamnés en 2017. L’équipe dénonça également le projet démesuré de « Grand stade », dont le coût total prévisionnel était de 60 millions d’euros pour accueillir 18 000 spectateurs. En 2020, la construction du stade n’était toujours pas achevée et l’enveloppe prévue déjà dépassée de 10 millions d’euros. L’activité de cette équipe de conseillers municipaux d’opposition permit à la liste d’union « Limoges Terre de gauche » (LTG), qui se présenta de nouveau en mars 2014, de réunir 13 % des voix au premier tour des élections municipales. Daniel Clérembaux était porté le dernier de la liste des candidats. Le maire sortant ne recueillit que 30 % des voix au premier tour au lieu de 56 % en 2008. Le PCF participait à la liste « Limoges Terre de Gauche » et avait obtenu la tête de liste, mais son secrétaire fédéral et d’autres militants choisirent de rester sur la liste du maire socialiste sortant. La liste de droite prit alors la ville. En 2009, au moment de sa création, Daniel Clérembaux avait adhéré au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Il le quitta en septembre 2012, en désaccord avec la direction nationale hostile aux politiques unitaires qu’il n’avait cessé de mener avec ses camarades de Limoges et de Haute-Vienne. Il rejoindra finalement le mouvement Ensemble, dont il était toujours adhérent en 2020. Daniel Clérembaux donna son nom pour aider la liste présentée par la France Insoumise (LFI) à Limoges, aux élections municipales de 2020 alors qu’il n’avait plus d’activités politiques, mais conservait son engagement syndical.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233496, notice CLÉREMBAUX Daniel (Albert) par Bernard Thièry, Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 30 octobre 2020, dernière modification le 31 octobre 2020.

Par Bernard Thièry, Jean-Paul Salles

Daniel Clérembaux au Larzac le 15 août 1973, à 18 ans. "Faites labour pas la guerre".

SOURCES : Nombreux entretiens, échanges de courriels avec Daniel Clérembaux en septembre et octobre 2020. — Articles de journaux locaux (Le Populaire du Centre, L’Écho) et syndicaux (Syndicalement Vôtre, la revue du SNUTER-FSU). — Bulletins locaux de la LCR. — Comptes rendu de Conseils municipaux de Limoges..

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable