FOUILHÉ Georges, Louis

Par André Balent

Né le 15 décembre 1905 à Cette [Sète en 1928] (Hérault), mort le 24 décembre 1943 à Frontignan (Hérault) ; vétérinaire à Sète ; résistant (mouvement Combat) ; assassiné par un membre du groupe Collaboration avec la participation de miliciens sétois

Georges Fouilhé était le fils de Gervais, Adrien, Henri limonadier de Sète âgé de quarante-trois ans et de son épouse, Marceline, Marie Chappolin âgée de trente-deux ans.

Il fit des études de vétérinaire et effectua son service militaire au 506e régiment d’Infanterie divisionnaire avant d’être affecté (vétérinaire auxiliaire) au 58e régiment de chasseurs de Sarreguemines (Moselle) le 15 septembre 1929.

Il se maria à Sète le 3 mars 1931 avec Lucie, Marthe, Rose Ricciardi.

Georges Fouilhé participa à la résistance à Sète. Il fut un des membres du groupe franc de Combat de cette ville. Le mouvement Combat sétois avait été fondé en 1941 et le groupe franc (GF) en février 1942. Celui-ci fit plus tard partie des Mouvements unis de la Résistance (MUR) et de l’Armée secrète (AS) de l’Hérault. Il fut définitivement organisé à la fin du mois de mai 1943. Il mena des actions contre les collaborationnistes de Sète, de la Milice ou de l’important groupe local Collaboration qui rassembla jusqu’à 120 membres. Les auteurs du rapport d’août 1955 concernant les activités de Combat et du GF dans cette ville indiquent que Fouilhé [qu’ils orthographient « Fouillé » en lui attribuant le prénom d’« André »] était « gaulliste ».

Georges Fouilhé fut enlevé puis assassiné par des membres du groupe Collaboration du Gard. Cette exécution sommaire eut lieu au bord de la route de Sète à Montpellier, sur le territoire de la commune de Frontignan (Hérault). Le journal de droite montpelliérain L’Éclair annonça la découverte de son cadavre dans son édition du 25 décembre 1943. Son corps était criblé de balles de revolver. Dans un rapport du commissaire de police judiciaire de Montpellier, Nicolas Bournique, daté du 27 avril 1945, il est indiqué que ce crime imputable aux miliciens de Sète semblait être le fait de Jean Garret [Garrete ou Garreta ?] né en 1916 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) [Mais il n’y a pas d’acte de naissance à ce nom en 1916 à l’état civil de Perpignan]. Celui-ci, domicilié alors à Nîmes (Gard) dirigeait le groupe de Collaboration de son département de résidence et était un « milicien notoire ». Mais la preuve formelle du crime du Perpignanais n’a pu être établie. Le rapport en question traitait des crimes de la Milice. Il imputait donc l’exécution de Georges Fouilhé à la Milice dont certains adhérents pouvaient être également affiliés au groupe Collaboration. De fait, l ’assassin de Fouilhé voulait abattre un des principaux dirigeants de l’AS de l’Hérault et de la R 3, René Poitevin, chef des groupes francs de l’AS de l’Hérault qui était aussi à la tête d’un réseau d’évasions et de passages vers l’Espagne. Or, Poitevin n’était connu des collaborationnistes que par le pseudonyme de « Fouillet », le nom de sa mère. Il y a homophonie avec « Fouilhé » car le « lh » occitan se prononce de la même façon que le « ill » français. Georges Fouilhé, résistant, fut victime d’un quiproquo tragique.

Georges Fouilhé fut homologué sergent des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Son nom figure sur la plaque commémorant les victimes sétoises de la Seconde Guerre mondiale et des guerres d’Afrique du Nord (1952-1962) scellée dans la cage d’escalier de la mairie. Il figure aussi sur la stèle des résistants sétois morts exécutés, au maquis ou en déportation (orthographié « Fouiller »). Il y a deux dossiers non consultés au Service historique de la Défense (Vincennes, GR 16 P 229983 ; Caen, 21 P 607755).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233545, notice FOUILHÉ Georges, Louis par André Balent, version mise en ligne le 31 octobre 2020, dernière modification le 21 décembre 2020.

Par André Balent

SOURCES : Arch. nat., 3 W 135-150, rapport du commissaire de police judiciaire de Montpellier, Nicolas Bournique, daté du 27 avril 1945 (Milice de Montpellier et de la R 3), 33 p. dactylographiées [p. 26-27] — Jacques Blin & Jean-Claude Richard, « Un groupe franc de Combat à Sète durant la Seconde Guerre mondiale », Études héraultaises, 45, Montpellier, 2015, p. 154-158 [publication commentée d’un rapport issu des archives privées de François Chafes membre du GF de Sète relatant les activités de Combat et du GF de Séte rédigé en août 1955 par quatre de ses membres, Maurice Roche, Léon Magurno, Edmond Millet et Louis Oulhiou. — L’Éclair, Montpellier, 25 décembre 1943. — Site Mémoire des Hommes consulté le 16 octobre 2020 et site MemorialGenWeb consulté le s 16 et 31 octobre 2020. — Information communiquée par Danièle Arnaud (21 décembre 2020) à propos de la confusion de son nom avec le pseudonyme de René Poitevin (Fonds René Poitevin des Arch. dép. de l’Hérault).

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