DUMAZAUD Joseph, Henri

Par André Balent

Né le 27 août 1919 à Saint-Étienne (Loire), mort le 21 avril 1944 à Nîmes (Gard) ; cheminot (SNCF) à Paris (date ?) ; résidait à Unieux (Loire) ; résistant à Unieux ; en mission à Châtelguyon (Puy-de-Dôme) puis à Nîmes (Gard) ; membre de la DGSS (lieutenant) ; assassiné par la Milice gardoise

Joseph Dumazaud était le fils Frédéric, décédé en 1944, et de sa veuve, Antoinette Marcelline Rebaud, sans profession, domiciliée à Unieux (Loire). Si l’enquête diligentée après son assassinat donnait « Dumazeau » comme orthographe de son patronyme ;elle indiquait aussi qu’il travaillait à la SNCF à Paris. Une mention additive en marge de son acte de décès dressé par l’état civil de Nîmes signalait que son "dernier domicile connu" était 3 rue Pertuiset à Unieux. Il était célibataire. Il aurait intégré la Direction générale des services secrets (DGSS) créée à Alger le 19 novembre 1943 et devenue Direction générale des études et recherches en octobre 1944. Mais, de fait, était chargé de mission de 2e classe avec le grade de lieutenant, il était un agent du BCRA (Bureau central de recherches et d’action) du réseau Goëlette dépendant de cet organisme. Il y a en effet un dossier (cote GR 28 P 11/34) à son nom au Service historique de la Défense (non consulté) dans le fonds du BCRA (« Dossiers individuels des agents des réseaux » ). L’inventaire de ce fonds nous apprend que son nom à Londres était « Montagne ».

Joseph Dumazaud était « employé de presse » de la SNCF à Paris (archives policières et judiciaires du Gard et de l’Hérault). Mais son acte de décès indique que sa profession était celle de « rédacteur au chemin de fer ». En 1944, il résidait à l’hôtel des Thermes à Châtelguyon. Nous ignorons pourquoi il se trouvait alors en Auvergne. Sans doute pour une activité clandestine dans la Résistance, pour le compte de la DGSS, qui l’amena aussi à Nîmes.

Il fut repéré par la Milice gardoise ou signalé à elle par des indicateurs. Le chef départemental du Gard de cette organisation, Emmanuel Passemard, conservateur du musée d’Histoire naturelle de Nîmes, né à Paris le 28 novembre 1877, reprochait à la police nîmoise sa réticence à réprimer la Résistance. Sur ordre de ce dernier, les miliciens nîmois passèrent donc à l’action. Le 21 avril 1944, les cadavres de deux résistants nîmois, Germain Planche et Joseph Dumazaud furent découverts et identifiés.

Le corps de Joseph Dumazaud fut donc découvert à la périphérie de Nîmes, sur le bord de la route de Saint-Gilles (Gard), à proximité du mas Belle Rive. Dumazaud était encore vivant, grièvement blessé. Il avait reçu plusieurs balles de revolver dans le ventre. Il fut transporté à l’hôpital Gaston-Doumergue, 5 rue Hoche à Nîmes. Comme une instruction fut ouverte par le parquet de Nîmes (tentative d’assassinat et assassinat contre Dumazaud et Planche), il fut interrogé par le chef de la Sûreté. Il déclara qu’il avait été arrêté l’avant-veille par des miliciens et « déposé dans une cave » au siège de la Milice, avenue Feuchères. Par la suite, trois miliciens l’avaient amené en automobile sur le lieu où ils décidèrent de le « liquider » par balles en visant systématiquement son abdomen.

Joseph Dumazaud mourut le jour même, à 11 heures du matin, sur son lit d’hôpital, peu après avoir narré le traitement que lui avait infligé la Milice.

Le Parquet de Nîmes ayant ouvert une enquête, il envoya un rapport au garde des Sceaux à Vichy. Joseph Darnand, dans une lettre envoyée au tribunal de Nîmes, indiqua que cette affaire était « classée ». Dans une lettre du 7 juin 1944 au garde des Sceaux, il indiquait que « la Milice n’a aucune participation dans les faits [l’exécution de Planche et Dumazaud] ». Pour le commissaire de la police judiciaire Nicolas Bournique (Montpellier, rapport du 27 avril 1945), ces deux crimes « sont bien imputables à des miliciens de Nîmes. Ils étaient sous les ordres de Passemand Emmanuel (…) chef départemental de la Milice ».

Le nom de Joseph Dumazaud ne figure sur aucun monument ou plaque commémorative. Il n’y a pas de dossier à son nom au SHD, ni à Caen, ni à Vincennes (au titre des de l’homologation des services des résistants. Mais comme nous l’avons signalé plus haut, le SHD possède son dossier d’agent de réseau du BCRA. La mention de mort pour la France attribuée le 25 septembre 1947 fut inscrite en marge de son acte de décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article233668, notice DUMAZAUD Joseph, Henri par André Balent, version mise en ligne le 2 novembre 2020, dernière modification le 4 juin 2021.

Par André Balent

SOURCES : Arch. nat., 3 W 135-150, rapport du commissaire de police judiciaire de Montpellier, Nicolas Bournique, daté du 27 avril 1945 (Milice de Montpellier et de la R 3), 33 p. dactylographiées [p. 31-32]. — Arch. com. Nîmes, acte de décès d’Henri Dumazaud, et mentions marginales. — Philippe Bourdrel, La grande débâcle de la collaboration 1944-1948, Paris, Le Cherche-Midi, 2007, 307 p. — Jacques Delperrié de Bayac, Histoire de la Milice 1918-1945, Paris, Fayard, 1969, 698 p. [p.287-288]. — Site MemorialGenWeb consulté le 31 octobre 2020 (recherches infructueuses). — Site Mémoire des Hommes consulté le 1er novembre 2020 (recherches infructueuses dans les fonds 16 P et 21 P). — Courriel de Jean-Marie Guillon, 4 juin 2021.

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