Par Dominique Petit
Né le 18 juillet 1880 à Grougis (Aisne) ; mort à Saint-Quentin le 1er mars 1966 ; ajusteur ; anarchiste à Aiglemont (Ardennes), à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et en Belgique.
Samuel Lefèvre séjourna à Liège (Belgique) d’où il fut expulsé comme anarchiste. Il vint s’installer à Charleville au café Lyonnais tenu par Georges Pierre.
Du 3 mai au 8 septembre 1907, il travaillait à l’usine Dérué à Charleville où il fit entrer Joseph Paret.
Partit à Nancy, il tomba malade et revint dans les Ardennes le 10 avril 1908 pour « respirer l’air pur à la colonie d’Aiglemont ». Du 15 au 26 avril, il loge au café Lyonnais.
Le dimanche 7 juin 1908, jour de la Pentecôte, à la colonie d’Aiglemont, Fortuné, Samuel Lefèvre, le Russe, Couca, l’Américain, Adrienne Tarby et Mme Berthe étaient bien occupés, montrant qu’ils n’accordaient aucune importance aux fêtes religieuses. Entre 15 h et 17 h, Vermorel dit « Couca » ou « l’Espagnol » et Lefèvre semaient des betteraves.Toute la journée du dimanche passait en divers travaux agricoles, jusqu’à 17 ou 18 heures.
Vers 20 h 30, Lefèvre, Mme Berthe, « le typographe » et « l’américain » partaient au bal dans le village voisin de Neufmanil, Mme Berthe dansait avec « le typographe ». Ils rentraient vers 23 heures. Dans la nuit du dimanche au lundi, Paret avec la complicité de Camille Thiry commit un cambriolage chez un dentiste de Charleville.
Le 8 juin 1908, Thiry arrivait à la colonie d’Aiglemont alors que tous les colons étaient à table à l’extérieur de la maison en fibrociment. Il paraissait préoccupé, au point que Lefèvre se demanda s’il lui est arrivé quelque chose. Lefèvre quitta la table, s’approcha de lui et l’interrogea, Thiry lui répondit qu’il venait d’être perquisitionné. Lefèvre lui dit que ce n’est pas une raison pour être impressionné de la sorte. Thiry rétorqua : « J’ai déjà été condamné, je crains de l’être à nouveau, bien que je sois innocent. J’ai une femme, des gosses que j’aime bien. » Après cette discussion à l’écart, Lefèvre reprit sa place et Thiry vint s’installer en bout de table
Lefèvre partit en vélo à Charleville une demi-heure ou une heure plus tard, pour « consoler » Fleda Cury, épouse Thiry pour laquelle il semblait avoir une certaine attirance et bien sûr sans rien en dire au mari. Mme Thiry se mit à pleurer en le voyant, il lui expliqua que son mari était à la colonie et qu’il allait revenir. Il rentra à Aiglemont vers 18h ou 18h 30.
Le 29 janvier 1908, une conférence était organisée par l’Union des syndicats des Ardennes dans la salle de l’ancienne Manufacture.Burglin, ex secrétaire du syndicat métallurgiste de la Seine, protesta contre l’arrestation de Taffet. Lefèvre vendit des brochures anarchistes à la sortie de la réunion.
Le 11 juin 1908, Samuel Lefèvre était présent à la colonie d’Aiglemont lorsque le juge d’instruction de l’affaire du vol chez un dentiste de Charleville était venu perquisitionner, mais il dormait chez Gualbert et la journée vendait avec Bouché des cartes postales pornographiques.
Il déménagea la femme de Thiry, après l’arrestation de son mari.
Le 27 juin 1908, il partait pour Nancy et trouvait du travail comme mécanicien chez Fabius Henrion à Jarville (Meurthe-et-Moselle) où il gagnait 60 centimes de l’heure. Il demeurait pension de la Belle Croix. Le 30 juin et le 7 juillet 1908, il écrivait à la femme de Camille Thiry, lui assurant que des compagnons de Nouzon avaient l’intention de lui venir en aide, « de mon côté, je n’y faillirai pas et jusqu’à ce que Camille soit remis en liberté, je serai là pour vous aider et après pour lui rendre service. Ne sous ennuyez-vous pas trop de ne plus m’avoir à côté de vous ? »
Le 7 juillet 1908, le commissaire de police de Nouzon perquisitionnait chez Henri Gualbert, rue Lafayette et trouvait un diamant de vitrier dans la poche d’un pardessus appartenant à Lefèvre.
Gualbert informait Lefèvre de cette perquisition.
Le 28 juillet 1908, la police perquisitionnait chez Lefèvre et dans son établi à l’usine. Il était arrêté. Il expliqua que le diamant de vitrier appartenait à la colonie d’Aiglemont et qu’il l’avait oublié dans sa poche, ayant quitté la colonie brutalement à la suite d’une divergence d’idées avec Fortuné Henry, à propos de son attitude vis à vis de certains colons. Le juge d’instruction l’inculpa pour le vol et l’enquête démontra qu’il était étranger à l’affaire.
Le 18 août 1908, le juge d’instruction le libérait.
Par Dominique Petit
SOURCES :
Archives départementales des Ardennes 3 U 2385 — Archives départementales de l’Aisne — La Dépêche des Ardennes 31 janvier 1908.