TRIDON Marcel, Pierre dit Rémy

Par Daniel Grason

Né le 17 mars 1904 à Essonnes (Corbeil-Essonnes), Seine-et-Oise (Essonne), mort le 11 août 1965 à Ouistreham (Calvados) ; représentant de commerce, ajusteur ; communiste ; résistant FTP.

Marcel Tridon
Marcel Tridon

Fils d’Auguste, trente-deux ans, facteur des postes et d’Augustine née Vinadelle, trente ans, sans profession. La famille vivait au 10 rue de la Planchette. Marcel Tridon obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Il épousa Marie-Louise Vinadonne, le couple était parents de deux enfants de seize et dix-sept ans en 1943. En 1936 il exerça la profession d’ajusteur chez Breguet à Villacoubay, membre de la CGT, il fut le secrétaire du syndicat. De la classe 1924, recrutement de Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines), il a été affecté spécial en 1939 à la SNCASO à Villacoublay comme ajusteur.
Le décret-loi du 26 septembre 1939 signé notamment par le président du conseil ordonnait la dissolution du Parti communiste, il cessa toute activité. Il exerça la profession de représentant de négociants en porc d’élevage. Connu comme militant communiste et syndicaliste il a été astreint à résidence, mais ne respecta pas la décision judiciaire. Le 23 juin 1943 il était condamné à deux mois de prison, 2400 francs d’amende pour « hausse illicite et infraction à la résidence forcée ».
Il vivait en novembre 1943 légalement au 27 rue de la Prairie à Viroflay, il était également locataire d’un logement au 8 rue Jean-Marie Jégo à Paris (XIIIe arr.). Il fut appréhendé sur renseignements par trois inspecteurs de la BS2 le 18 novembre 1943 à 14 heures 30 à la gare de La Garenne Bezons. Les policiers savaient que Arnoux, responsable militaire de la région P 7, qui ne nommait en fait Paul Quillet avait rendez-vous avec Marcel Tridon à la descente du train qui était parti de la gare Saint-Lazare à 13 heures 57.
Appréhendé par des policiers, fouillé, Marcel Tridon portait sur lui deux feuilles de papier manuscrites. Figuraient plusieurs rendez-vous avec des pseudonymes ainsi que des numéros de téléphone. Interrogé il répondit, les policiers estimèrent que les réponses n’étaient pas satisfaisantes.
La fouille des deux logements qu’il louait ont été infructueuses. Son nom figurait aux archives de la police judiciaire, Il déclara aux policiers qui l’interrogeaient avoir « rencontré par hasard » un ancien collègue de travail le 12 novembre 1943. Il ne le connaissait que par son prénom Lucien, il lui aurait annoncé avoir repris de l’activité militante au sein du parti communiste clandestin, il lui proposa de le présenter à un responsable. Marcel Tridon accepta, et le rencontra le 17 novembre à la gare Montparnasse, tous les deux prirent le train à destination de Coignières près de Rambouillet.
Selon ses déclarations aux policiers, il n’était pas seul à Coignières, les policiers lui présentèrent des photographies, il reconnaissait Roland Cauchy et Paul Quillet. Le second lui fixa un rendez-vous à la gare de La Garenne Bezons, Tout deux y furent interpellés. Il affirma que ces interlocuteurs ne lui parlèrent pas d’un « passage éventuel l’illégalité. »
Interrogé sur les attentats « effectués par les militants de la région P. VII », il répondit « ignorer tout ». Quant au papier saisi sur lui, il ne fit aucune difficulté pour en donner la signification. Il s’agissait du rendez-vous où il avait été arrêté, de celui du repêchage, et de trois rendez-vous dont les heures étaient passées.
Le 7 juillet 1944 il était dans un transport de 61 hommes à destination de Dachau en Allemagne. Tous étaient étiquetés « NN » Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner.
Dachau fut ouvert le 22 mars 1933 pour les ennemis intérieurs du pouvoir national-socialiste. C’était à la fois un camp d’extermination par le travail, les déportés seront obligés de construire une route des marais qui part du camp et y revient, un camp d’expérimentations médicales avant de devenir un réservoir de main-d’œuvre pour le Reich. À Dachau, plus de 200 000 personnes ont été détenues et 70 000 déportés y ont trouvé la mort.
Deux régiments de la 7e armée américaine étaient envoyés sur place le 29 avril 1945. L’arrivée des troupes américaines suscita des scènes de liesse parmi les déportés, alors que la défense du camp a été réduite au minimum. Seuls quelques combats sporadiques se déroulèrent avec des unités de SS encore présentes. L’arrivée aux abords du camp dévoile les dernières tragédies vécues par les déportés : sur la voie de chemin de fer qui dessert le camp, les Alliés trouvèrent une quarantaine de wagon de marchandises contenant 2 000 cadavres.
Le 14 août 1945 Marcel Tridon témoigna devant les membres de la commission rogatoire chargée du dossier de l’inspecteur M. Sur photographie, il le reconnaissait et déclarait : « Parmi les photographies que vous me présentez, je reconnais seulement l’inspecteur M. »
« Conduit à la Préfecture de police à la Brigade spéciale n° 2, j’ai été frappé à coups de poings par l’inspecteur M.. Son collègue ne m’a pas maltraité. »
« Après neuf jours de détention, j’ai été remis entre les mains des Allemands et envoyé à la prison de Fresnes où j’ai été détenu jusqu’au mois de juillet 1944, date à laquelle j’ai été déporté à destination de l’Allemagne. »
« J’ai été interné durant trois mois à Natzweiller, en Alsace, puis finalement j’ai été envoyé au camp de Dachau où j’ai été libéré par les armées américaines le 29 avril 1945. »
«  Je sais que des perquisitions ont été effectuées à mon domicile par trois inspecteurs, mais je n’ai rien à dire à ce sujet. Aucun vol n’a été commis. »
« Je porte plainte contre les inspecteurs qui ont procédé à mon arrestation, les rendant responsable de ma déportation, et particulièrement contre M. qui s’est livré à des violences sur moi. »
Marcel Tridon a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR). Il mourut le 11 août 1965 à Ouistreham dans le Calvados à l’âge de 61 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234036, notice TRIDON Marcel, Pierre dit Rémy par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 novembre 2020, dernière modification le 25 novembre 2020.

Par Daniel Grason

Marcel Tridon
Marcel Tridon

SOURCES : Arch. PPo. GB 133, GB 137, 77 W 5349-292008. – Bureau Résistance GR 16 P 578105. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site Mémorial de la Shoah. – État civil numérisé AD Essonne 4 E 3619 acte n° 48.

Photographie : Arch. PPo. GB 189

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