DUPRAT Gérard

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 4 octobre 1912 à Saint-Pierre-de-Mons (Gironde), mort le 3 novembre 1980 à Langon (Gironde) ; ouvrier coiffeur puis manœuvre dans le bâtiment ; militant socialiste puis communiste ; député du Lot-et-Garonne (1946-1951, 1956-1958), conseiller général, adjoint au maire d’Agen.

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Fils d’un cantonnier « républicain » et d’une ménagère, titulaire du certificat d’études primaires, Gérard Duprat fit son service militaire dans la DCA d’octobre 1933 à octobre 1934, comme « radio ». Il adhéra aux Jeunesses socialistes en 1930 à Langon puis au Parti socialiste. Il était alors apprenti coiffeur à Castets-en-Dorthe, mais ses opinions politiques éloignèrent sa clientèle et firent péricliter son activité. Dès 1933, il fut rappelé à l’ordre par sa fédération car il entretenait des relations trop étroites avec des communistes, notamment avec Maumey, de Bordeaux. Il était secrétaire des Amis de l’union soviétique à Langon, militant de Paix et Liberté.

Gérard Duprat assurait la fonction de secrétaire de la fédération du Lot-et-Garonne du Parti socialiste SFIO. Ses sympathies allaient au courant animé par J. Zyromski. Il était fortement engagé dans la voie de l’unité organique avec le Parti communiste, question débattue dans une commission nationale. Il ressentit fortement le coup d’arrêt donné au processus d’unification par décision de la commission administrative permanente du Parti socialiste, le 24 novembre 1937, à la suite d’un article de Dimitrov. En octobre 1937, il fut candidat SFIO au conseil d’arrondissement où (547 voix), mais il lui manquait deux jours pour être éligible. Fin 1937, le Parti socialiste lui demanda de cesser toute activité dans les organisations « para communistes ». Il pensa alors quitter le Parti socialiste ce qui lui déconseillèrent des militants du PCF. Ainsi Maumey lui dit « de rester à la SFIO et d’y continuer dans toute la mesure du possible le travail unitaire ».

Fin 1937 il entra aux Assurances sociales à Bordeaux ; deux mois après, une grève le fit licencier. Il alla travailler dans le Lot-et-Garonne, aux Ponts et Chaussés à Monflauquin, mais la grève du 30 novembre 1938 lui fit perdre son poste. Il fut dès lors employé sur les chantiers de bâtiment comme manœuvre. Toujours militant socialiste, il n’en continuait pas moins à soutenir l’Union soviétique. Lebrun, secrétaire national des AUS, lui demanda encore de rester à la SFIO.

Le Pacte germano-soviétique le surprit : « Je n’ai rien compris », dira-t-il en 1945. Prisonnier en juin 1940 à La Charité-sur-Loire puis à Fourchambault, il s’évada. De retour dans le Lot-et-Garonne, il adhéra au Parti communiste. Ouvrier du bâtiment à Agen, il fut en contact avec Mercier de la Fédération du Textile et, indirectement, avec Georges Marrane*. Il fut très actif dans le regroupement des syndicats du bâtiment en zone sud et participa à l’organisation de la première conférence à Toulouse, puis de la deuxième à Montpellier. Devenu secrétaire permanent de l’UD du Lot-et-Garonne en 1942, il coopéra avec Louis Saillant*. Sous le contrôle politique de Rabardel*, polo (politique) régional, on lui demanda de prendre des contacts avec le mouvement de Résistance Libération et avec les syndicalistes « réformistes ». Sa situation politique étant mal connue, il était en position de nouer des relations diverses. Il rencontra ainsi Forgues* de Toulouse, Vivier Merle* de Lyon, Guigui*, Robert Lacoste* et plusieurs secrétaires d’UD. « À chaque rencontre, je rendais compte au PC », écrivit-il en 1945.

L’intensification de la lutte contre le travail en Allemagne favorisa son arrestation en janvier 1943. Ses camarades de Libération le firent évader. Il dut alors quitter son département. En juillet 1943, il rencontra Raymond Perrier*, responsable du MOF (Mouvement ouvrier français) en zone sud. Il fut orienté vers Montluçon pour diriger les MUR. À chaque occasion, selon son témoignage, il demanda au PCF si c’était le bon choix. Peu après, Pierre Hervé*, membre de la direction nationale de Libération, le fit appeler à Lyon pour lui confier de nouvelles responsabilités. Il écrira après la Libération : « Je rencontrais Alquier Fonvielle, il savait que j’avais adhéré au PC, il militait sous le pseudo de Sorel militait à Libération, lui-même était au PC c’est alors que j’appris la position politique d’Hervé et de Valrimont... La responsabilité qui m’était proposée était celle de secrétaire particulier de d’Astier de la Vigerie. Je pensais pouvoir rendre d’autres services, et je pris rendez-vous avec un camarade des cadres début août. Je partis avec d’Astier de la Vigerie à Paris où était installé le directoire des MUR. Premier rendez-vous avec Fouché-Degliane dont on m’avait assuré qu’il était au PC, Degliane me demanda de rentrer à l’Action ouvrière et m’assura avoir pour ce travail l’accord du Parti (liaison avec Tollet et H. Raynaud). Après avoir donné une explication avec d’Astier de la Vigerie, je rentrais à l’AO et commençais à contacter les régions de Lyon Montpellier, Limoges Clermont-Ferrand (je parle du MUR) Les responsables du PC me mirent en garde contre mon travail au MUR. Ils me dirent que les responsables du PC étaient d’accord pour que nous travaillions avec les MUR. Je profitais de mon passage à Lyon pour obtenir de Duval responsable de l’AO un rendez-vous avec Planet des cadres. Ce camarade me fit faire une « bio ». Au bout de quelques semaines en janvier 1944, je crois, je rentrai au FN. Premier rendez-vous à Lyon avec Maranne : travailler avec les camarades de l’UCIF pour organiser sur le plan des entreprises des comités patriotiques. Je fis à ce sujet un rapport au Centre. Au moment du débarquement, le 6 juin, je me trouvai à Béziers. Je ne pus rejoindre Lyon et je regagnai le Lot-et-Garonne. »

Lors de la 1re conférence nationale du FN il fut nommé « inter » pour la région de Toulouse et au 1er congrès adjoint à Marcel Mugnier au secrétariat national à Paris, pour les questions d’organisations.

Mais finalement, il resta dans le Lot-et-Garonne, sa femme ayant été gravement accidentée.

Élu député communiste du Lot-et-Garonne en 1946, battu en 1951, il fut réélu en 1956 et à nouveau battu en 1958, en 1962. Conseiller général du canton de Casteljaloux de 1952 à 1958, puis du canton d’Agen de 1961 à mars 1979, adjoint au maire d’Agen de 1971 à 1977, il avait été premier secrétaire de la fédération communiste du Lot-et-Garonne de 1952 à 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23405, notice DUPRAT Gérard par Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 7 juin 2010.

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. J. Zyromski (CRHMSS), dossiers Lot-et-Garonne. — J.-F. Gelly, Recherches sur les problèmes de l’unité organique du PCF et de la SFIO du pacte du 26 juillet 1934 à la fin de l’année 1937, mémoire de maîtrise, Université de Paris I, 1973-1974, p. 166. — L’Humanité, 6 novembre 1980. — Le Monde, 8 novembre 1980.

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