CLERSY Émile.

Par Rik Hemmerijckx

Courcelles (pr. Hainaut, arr. Charleroi), 25 juin 1910 – Courcelles, 29 mars 1994. Ouvrier métallurgiste, jeune garde socialiste, militant puis dirigeant syndical de la Centrale des métallurgistes de Belgique et de la Fédération générale du travail de Belgique, conseiller communal et échevin de Courcelles.

Émile Clersy grandit dans une famille socialiste de Courcelles, situé dans la banlieue industrielle de Charleroi. Il commence sa carrière professionnelle comme monteur aux Usines Hanrez à Marchienne-au-Pont (aujourd’hui commune de Charleroi). Il adhère aux Jeunes gardes socialistes (JGS) en 1926 et devient en même temps membre du Parti ouvrier belge (POB). Comme militant des JGS, il adopte une attitude assez critique envers Arthur Gailly*, le dirigeant du Syndicat des métallurgistes de la région carolorégienne. De 1937 à 1939, il suit les cours de l’École ouvrière supérieure (EOS) à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale).
Candidat sur la liste du POB lors des élections communales d’octobre 1938, Clersy est élu au conseil communal de Courcelles et désigné comme échevin.

Mobilisé en septembre 1939, Émile Clersy vit la campagne militaire de mai 1940, mais il évite l’emprisonnement par les Allemands. De retour à la vie civile, il reprend son travail aux Usines Hanrez. Au cours de ces années difficiles, il réussit à se mettre en évidence comme porte-parole des ouvriers. Il reprend également ses activités politiques comme échevin à Courcelles jusqu’en 1941, année durant laquelle les autorités occupantes lui interdisent d’exercer son mandat.
À partir de 1942, Émile Clersy s’engage dans la résistance à l’occupant : il est actif au sein du Front de l’indépendance (FI) du secteur de Courcelles avec la diffusion de la presse clandestine, la récolte d’argent et l’hébergement de résistants et autres. Il rassemble également des renseignements économiques pour le réseau Zéro.
Émile Clersy joue surtout un rôle dans la réorganisation clandestine des militants syndicaux dans la région carolorégienne. Avec Léon Watillon*, il est un des fondateurs du Mouvement des délégués des usines métallurgiques du bassin de Charleroi, créé à la fin 1943. À la Libération, ce mouvement se présente au grand jour comme le Syndicat unique (SU) de Charleroi. Clersy devient le responsable principal de Travail, l’organe du SU de Charleroi. L’organisation se lie assez vite au Mouvement syndical unifié (MSU) d’André Renard. Au sein du Comité central du MSU, Clersy occupe la fonction de secrétaire. En tant que tel, il participe aux pourparlers qui vont mener à la constitution de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB – syndicat interprofessionnel) en mai 1945.

De 1945 à 1948, Émile Clersy fait partie du Bureau national de la FGTB et du Comité exécutif de la Centrale des métallurgistes de Belgique (CMB). Il est également vice-président de la FGTB à Charleroi, mais, à cause des divergences personnelles avec Arthur Gailly*, les relations au niveau régional restent assez conflictuelles. Jusqu’au début 1947, le SU de Charleroi continue à exister comme organisation à part au sein de la FGTB. En raison de cette situation, la carrière d’Émile Clersy au sein de la FGTB nationale est de courte durée. En mars 1948, il s’oppose à l’éviction des communistes des instances dirigeantes de la FGTB et, suivant l’exemple d’André Renard, il démissionne du Bureau national de la FGTB. Contre toute attente, il n’est plus repris dans le Bureau national de la FGTB et il perd également ses mandats au sein de la CMB et de la régionale FGTB de Charleroi.

Pendant un certain temps, Émile CLersy est encore engagé à la Centrale des ouvriers de la pierre, mais, après 1950, il n’a plus de responsabilités au sein du mouvement syndical. Il continue à jouer un rôle dans la politique communale de Courcelles en tant qu’échevin et président de l’Action commune socialiste locale.

Sur le plan personnel, il faut mentionner son mariage avec Réjane Ponsin en septembre 1946. Le couple n’a pas d’enfant. Émile Clersy est décédé à l’âge de 84 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234194, notice CLERSY Émile. par Rik Hemmerijckx, version mise en ligne le 15 novembre 2020, dernière modification le 15 novembre 2020.

Par Rik Hemmerijckx

ŒUVRE : Enquêtes et études sur les conditions de vie dans la classe ouvrière eu égard aux difficultés du ravitaillement consécutives à l’Occupation, Courcelles, 1941, 68 p. – Fondateur et éditeur de Travail, organe du SU de Charleroi, 1944-1947.– « Quelques aspects de l’action clandestine des délégations ouvrières des usines de constructions mécaniques et de la sidérurgie en Région wallonne pendant la dernière guerre mondiale », dans 1940-1945 : la vie quotidienne en Belgique, Bruxelles, CGER, 1984, p. 264-271.

SOURCES : HEMMERIJCKX R., « Le Mouvement Syndical Unifié et la naissance du renardisme », Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 1119-1120, 1986, p. 51-68 – MAERTEN F., « Du murmure au Grondement. La Résistance politique et idéologique dans la province du Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 - septembre 1944) », dans Analectes d’histoire du Hainaut, t. VII, Mons, Hannonia, 1999, p. 562-565 – HEMMERIJCKX R., Van Verzet tot Koude oorlog : machtsstrijd om het ABVV (1940-1949), Bruxelles/Gand, VUBPress/AMSAB, 2003, p. 104-333.

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