FAIVRE Paul, Constant

Par Marc Geniez

Né le 3 novembre 1864 à Champagney (Haute-Saône) ; mort le 7 mars 1945 à Gray (Haute-Saône) ; instituteur, directeur d’école et de Cours complémentaires (CC) ; militant associatif de nombreuses organisations, président de l’ANPCC de janvier 1922 à mai 1926 ; maire de Gray (Haute-Saône) de mai 1925 à mai 1928.

Façade de l’école-CC Edmond Bour de Gray

Fils de Louis-Ferdinand Faivre, instituteur à Eboulet (Haute-Saône), et de Marie Joséphine Adèle Petitgirard, sans profession, respectivement âgés de 33 et 26 ans lors de sa naissance. Paul Faivre obtint le brevet élémentaire le 21 mars 1881. Il entra à l’école normale d’instituteurs de Vesoul (Haute-Saône) le 1er octobre 1882. Il y poursuivit sa scolarité jusqu’au 31 juillet 1885, date à laquelle il obtint le brevet supérieur.
Appartenant à la classe de mobilisation de 1884, il fut dispensé et versé à l’enseignement puis ultérieurement dégagé de ses obligations militaires le 28 janvier 1895, ayant exercé sans interruption pendant 10 ans la fonction d’enseignant (article 20 de la loi du 27 juillet 1872).
Paul Faivre effectua toute sa carrière en Haute-Saône. Nommé instituteur stagiaire du 12 octobre 1885 au 5 mars 1887 à Jussey, il obtint son CAP primaire le 5 mars 1887, date à laquelle il fut titularisé et affecté à Montjustin où il succéda à son père. Il dispensa également des cours d’enseignement agricole et horticole. A ce titre, il obtint en 1889, la médaille de bronze décernée par la société d’encouragement à l’agriculture de la Haute-Saône puis celle d’argent en 1892 et celle de vermeil en 1897.
Il se maria le 16 avril 1892 à Villargent (Haute-Saône) avec Marie Alexandrine Charlotte Ménard, sans profession, née à Villargent le 1er mars 1868. Le couple eut trois filles. Les deux premières naquirent pendant qu’il était en poste à Monjustin : Jeanne Angèle Marie Etiennette le 25 mai 1893 à Monjustin et Marie Henriette le 17 juin 1894 à Villargent.
Paul Faivre fut ensuite affecté à Breuches le 21 juin 1894 et obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement agricole dans les écoles primaires supérieures le 13 juillet 1894. Preuve de son engagement dans l’enseignement agricole, il obtint sept médailles de comices agricoles de 1889 à 1905 et la médaille d’argent assortie d’une prime de 100 francs (JO du 30 décembre 1895) décernée par le ministère de l’instruction publique.
Sa troisième fille, Marie Alphonsine, naquit le 12 juin 1896 à Breuches mais son épouse mourut trois jours après cette naissance.
Paul Faivre participa avec son école à quatre expositions scolaires importantes : Lyon (1894), Bordeaux (1895), Vesoul (1897) et Paris (1900) et obtint la médaille de bronze aux trois dernières.
Il se remaria le 17 janvier 1898, à Villargent, avec Marie, Justine, Victorine Ménard, sa belle-sœur, sans profession, née le 16 octobre 1873 à Villargent et qui mourut à Gray (Haute-Saône) le 20 octobre 1963. Pour ce mariage, les futurs époux durent obtenir du Président de la République une « dispense de degré de parenté » (affinité). Ils eurent ensemble trois filles, toutes nées à Breuches : Marie, Justine, Joséphine le 23 mars 1900 et morte 2 semaines plus tard, Marie, Jeanne, Henriette le 10 mars 1903 et Fernande, Suzanne, Alphonsine le 28 avril 1904. Quatre de ses filles devinrent enseignantes.
Le 1er octobre 1904, Paul Faivre fut nommé directeur de l’école et du cours complémentaire (CC) Edmond Bour situés 3 rue des Terreaux, au centre-ville de Gray (Haute-Saône), poste qu’il occupa jusqu’à son départ en retraite le 1er octobre 1924. Les bâtiments de cette école étaient ceux de l’ancienne école des « frères de la doctrine chrétienne » fondée en 1813 qui devint école publique en 1881. Tout au long de sa carrière, il déploya une intense activité dans différentes formes d’enseignement. Lors de sa prise de fonction de directeur à Gray en 1904, l’école comptait 200 élèves répartis en 5 classes et le CC 10 élèves. En 1923 l’école accueillait 400 élèves dont 360 en élémentaire, un cours supérieur de 40 élèves et le CC comptait 50 élèves.
Paul Faivre eut également une intense activité dans le domaine associatif. Il participa à la création de plusieurs organismes ou associations et fut membre des instances dirigeantes d’au moins 11 œuvres différentes, notamment : président fondateur de la mutualité scolaire du canton de Gray en 1904, secrétaire du patronage des écoles laïques de Gray en 1910, président de la bibliothèque universitaire de l’arrondissement de Gray, trésorier et secrétaire de l’orphelinat de l’enseignement primaire, secrétaire de la section cantonale des pupilles de la Nation, membre du comité d’administration de la société de secours mutuel des instituteurs et institutrices de la Haute-Saône.
Il fut également expert aux écritures près du tribunal de première instance de Gray et donna des cours de sciences à des sous-officiers d’un régiment voisin, ce qui lui valut d’être cité à l’ordre du corps d’armée.
Tous ces engagements lui valurent plusieurs récompenses, distinctions et décorations notamment du ministère de l’instruction publique, de 1898 à 1919 : médaille de bronze (1902) et médaille d’argent (1914) pour l’enseignement primaire, félicitations et diplôme d’honneur (1896) et médaille de bronze (1902) pour des cours donnés à des adultes, officier d’académie (équivalent de chevalier des palmes académiques) - JO du 6 juillet 1906 - puis officier de l’instruction publique (équivalent d’officier des palmes académiques) en 1910, médaille de bronze (1913) et d’argent (1919) pour la mutualité scolaire.
Il s’impliqua également pour la défense de ses collègues et de son métier au sein de l’amicale des instituteurs de la Haute-Saône dont il fut l’un des fondateurs et dont il devint le président en 1908, représentant également ses collègues au conseil départemental. Il milita ensuite au sein de l’association nationale du personnel des cours complémentaires (ANPCC). Il participa au troisième congrès national de cette association (1913) dont il devint en 1916 l’un des correspondants dans la Haute-Saône. Le Congrès des 18 et 19 avril 1919, l’élut au « comité d’action » (le parlement de l’ANPCC), puis le réélut en 1921.
A la fin de l’année 1921, le président de l’ANPCC, Aubin Aymard, fut informé de sa nomination prochaine comme inspecteur de l’enseignement primaire. Il démissionna alors de la présidence de l’ANPCC. En janvier 1922, Paul Faivre fut élu au Bureau de l’association et nommé président national. Il devint ainsi l’un des quatre présidents de l’ANPCC à diriger l’association depuis son CC de province.
Il fut fait chevalier de la légion d’honneur par décret du 28 avril 1923. Il demeura président de l’ANPCC jusqu’en mai 1926 où, un an et huit mois après son départ en retraite, il céda la présidence à Adolphe Vincent, l’un des fondateurs de l’association, et fut alors élu président d’honneur, devenant membre du comité d’honneur dont il fit partie jusqu’à sa mort le 7 mars 1945.
Très connu de ses concitoyens pour avoir dirigé pendant 20 ans l’école et le CC Edmond Bour de Gray et en raison de son implication en faveur de l’enseignement public sous ses différentes formes ainsi que pour son engagement social dans de nombreuses associations, Paul Faivre fut élu maire de Gray le 16 mai 1925, alors qu’il présidait encore l’ANPCC, et le demeura jusqu’en 1928. Il présenta une « liste d’union des gauches et de défense des intérêts graylois » contre le maire sortant Moïse Lévy et fut confortablement élu par le conseil municipal par 14 voix contre 7 au maire sortant en poste depuis 13 ans. Pendant son mandat de maire de cette commune de 6650 habitants en 1926, il poursuivit également son engagement en faveur du mouvement associatif périscolaire, notamment auprès des « jeunesses laïques et républicaines » dont il présida un banquet le 13 décembre 1925, lors d’un regroupement à Paris, comme le relate le journal L’œuvre du 9 décembre 1925.
Il présida également la fédération départementale saônoise des retraités civils et militaires et devint président de droit de la caisse d’épargne de Gray.
Paul Faivre se présenta aux élections législatives du 21 avril 1928 et subit un cuisant échec. Il découvrit dans son propre camp des trahisons dont il fut profondément affecté. Le 5 mai 1928, il adressa au préfet sa démission de maire et de conseiller municipal. Le préfet tenta en vain de le faire revenir sur sa décision.
Charles Château qui était son adjoint depuis 1925 fut élu maire et le resta jusqu’en 1935. Dans le même temps, Paul Faivre démissionna de toutes les présidences qu’il exerçait dans le domaine associatif et s’éloigna de Gray pour se soustraire aux sollicitations dont il était l’objet.
Cet homme d’engagement ne pouvait rester longtemps sans se mettre au service de ses concitoyens. En 1938, on le retrouve adjoint de Moïse Lévy, à nouveau élu maire en 1935. Paul Faivre resta adjoint au maire jusqu’à quelques mois de sa mort en 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234323, notice FAIVRE Paul, Constant par Marc Geniez, version mise en ligne le 18 novembre 2020, dernière modification le 12 décembre 2020.

Par Marc Geniez

Façade de l’école-CC Edmond Bour de Gray
Paul Faivre en 1928

SOURCES : Arch. Dép. de la Haute-Saône—fond ancien de la bibliothèque de Gray—Musée baron Martin de Gray—arch. SNC-SNCL : collection des bulletins nationaux de l’ANPCC—Journal officiel de la République française—grande chancellerie de la légion d’honneur—Tapuscrit Les maires de Gray, de Marie-Louise et Maurice Gouaille, Tome 2—articles de presse.

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