LÉONARD Amédée

Par Eric Panthou

Né le 27 mars 1908 à Antony (Hauts-de-Seine), mort le 12 avril 2002 à Neuf-Église (Puy-de-Dôme) ; mineur ; délégué CGT ; militant communiste, membre du Comité fédéral du PCF du Puy-de-Dôme.

Amédée Léonard lors de sa libération de la prison de Riom en décembre 1948 après avoir été condamné pour faits de grève.

Enfant de l’Assistance Publique, Amédée Léonard fut élevé par ce qu’il jugeait des "paysans obscurantistes", se considérant comme un esclave silencieux, ayant travaillé très dur dès son enfance.
Amédée Léonard devint mineur à Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme). Marié, il eut deux fils et deux filles.
Il était sans doute membre de la cellule de Neuf-Eglise, où il habitait, au moment de l’Occupation. Il fut interrogé minutieusement avec les 4 autres membres de l’ex cellule après l’apposition de Croix gammées sur les murs, à la peinture, en avril 1943. Rien ne fut retenu contre lui. Pourtant, il a conduit des actions de sabotages pendant l’Occupation afin de bloquer l’approvisionnement des Allemands en charbon. Il a également milité pour reformer la CGT dans la clandestinité.

Il est membre du bureau de la section de Saint-Eloy-les-Mines du PCF, participant du cortège du 14 juillet 1944 derrière drapeaux du Parti. Amédée Léonard était délégué mineur, membre de la CGT. Jusqu’à la scission syndicale de 1948, la CGT était largement majoritaire et suivie par les ouvriers lors des appels à l’action, qu’ils soient locaux ou nationaux. Les deux exploitations houillères de Saint-Eloy, La Vieille Mine et la Bouble, fusionnent à compter du 1er juillet 1947. Cette fusion s’accompagne de la création d’un syndicat unique. Amédée Léonard qui était le secrétaire du syndicat de la Bouble devient le secrétaire général du nouveau syndicat. Comme les conseils syndicaux s’espaçaient de plus en plus, les mineurs se déplaçant de moins en moins, le rôle des cadres syndicaux, en particulier du secrétaire, s’accrut.
Par sa réélection assurée, le secrétaire du syndicat devient un personnage permanent, encouragé dans sa fonction par les mineurs. En tant que délégué mineur, Amédée Léonard est également extrêmement sollicité. Ce poste important lui accorde une légitimité incontestable.
Il fut à la tête des grèves importantes qui touchèrent le bassin en 1947 et 1948.
Il fut arrêté le 8 novembre 1948 et emprisonné avec 4 autres mineurs suite aux grèves très dures engagées les semaines précédente. Ils sont jugés le 24 novembre après avoir été incarcérés à la prison centrale de Riom pour les délits de provocation de militaires à la désobéissance et d’entrave à la liberté du travail. Il fut condamné à 3 mois de prison et à une forte amende. Une campagne importante fut menée en faveur de leur Libération obtenue après que les mineurs aient fait une grève de la faim et soient emprisonnés. Il a été libéré de la maison d’arrêt de Riom le 8 février 1949, accueilli par plusieurs dizaines de mineurs venus Saint-Eloy venus en car. 80 mineurs furent licenciés à l’issue du conflit dont 38 ne furent jamais réintégrés. La position de la CGT est considérablement affaiblie. Elle n’est plus reçue en délégation face à un patronat de choc. Une campagne nationale fut lancée en faveur de l’amnistie des condamnés, qui se poursuivit les années suivantes. Cette amnistie fut décidée en plusieurs étapes de 1951 à 1957.
Bien que licencié, Amédée Léonard resta secrétaire et devint employé de son syndicat qui à partir de souscriptions régulières lui versa un salaire, cotisa comme employeur à la Sécurité Sociale et aux Allocations familiales jusqu’en mai 1953. Il dut partir travailler à Bordeaux (Gironde) dans une pharmacie pendant près de deux ans, car à Saint Eloy, il était marqué comme syndicaliste et communiste et ne retrouva pas d’employeur. Le syndicat ayant payé l’amende à laquelle il avait été condamné, il fut amnistié et de nouveau élu délégué-mineur en 1955. L’appel à la solidarité en faveur d’Amédée Léonard constitua une réplique unitaire face à l’offensive patronale dont FO était présentée comme le complice.
A la suite de la catastrophe du 26 janvier 1950 qui fit 13 morts et 24 blessés à Saint-Eloy, la CGT organise la solidarité et soutient les familles des victimes voulant voir reconnue la responsabilité des Houillères.
Amédée Léonard semble avoir été membre de la Commission nationale de la Fédération du sous-sol. Ceci lui permettait de mieux expliquer à la profession les circulaires les concernant.

Amédée Léonard a été élu de façon intermittente au Comité fédéral du PCF du Puy-de-Dôme. La première fois le août 1945 à l’issue de la 1ère conférence fédérale, non renouvelé les 3 conférences suivantes puis de nouveau élu à l’issue de la 5ème conférence, 12 et 13 février 1949. On ne retrouve pas son nom lors de la 6éme conférence de janvier 1950. Amédée Léonard est de nouveau élu au Comité lors de la 7ème conférence des 2 et 3 février 1952. Il disparaît de nouveau aux conférences suivantes pour être élu en 1959. A la XIII° conférence fédérale des 29 et 30 avril 1961, le Bureau fédéral justifie sa décision de ne plus le proposer au motif qu’il ne vient jamais aux réunions du Comité fédéral et qu’il a peu d’activités dans le Parti. Il est encore délégué mineur à cette date.
En 1962, il est suppléant d’Eugène Fourvel, ancien député, aux législatives du 18 novembre 1962. Il est présenté comme délégué mineur, conseiller Municipal de Neuf-Eglise. Il aurait été écarté du PCF durant ces années 60.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234358, notice LÉONARD Amédée par Eric Panthou, version mise en ligne le 18 novembre 2020, dernière modification le 2 avril 2021.

Par Eric Panthou

Amédée Léonard lors de sa libération de la prison de Riom en décembre 1948 après avoir été condamné pour faits de grève.

SOURCES : Arch. ép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 72 : le Commissaire chef de la Sûreté à l’Intendant de police de Clermont-Ferrand, le 13 avril 1943. — Archives fédération PCF du Puy-de-Dôme. — La Voix du Peuple, 21 juillet 1945. — Le syndicalisme dans le Puy-de-Dôme de 1864 à 2011, Clermont-Ferrand, éditions Un, deux... Quatre, 2011. — Le Semeur, 13 février 1949. — Jean-Louis Dumas, Le syndicat des mineurs CGT du bassin de Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme) de 1944 à 1950, mémoire maîtrise, Université Besançon, 1994. — Mail de Josiane Léonard Jacob, le 2 avril 2021.

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