CHRÉTIEN Rachel née ZACHAREWICZ

Par Daniel Grason

Née le 8 novembre 1910 à Varsovie (Pologne), morte en septembre 1943 à Auschwitz (Pologne) ; pharmacienne ; membre de la Centrale sanitaire internationale en Espagne ; résistante ; victime de l’antisémitisme.

Fille de Calel et de Lonia Grynstein, Rachel Zacharewicz épousa le docteur Henri Chrétien. Le couple eut une fille prénommée Geneviève. En février 1937, sur sa demande, elle alla rejoindre son mari à Albacete en Espagne. Elle fut affectée par la Centrale sanitaire internationale comme pharmacienne dans deux hôpitaux.
De retour à Paris, le couple habita à Paris rue Bellier-Dedouvre dans le XIIIe arrondissement. En juillet 1942 son mari prenait la succession du docteur Blumenfeld à Gentilly (Seine, Val-de-Marne).
Elle fut interpellée le 24 janvier 1943 par trois inspecteurs de la BS2. Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales, elle a été fouillée par une policière. Elle portait sur elle : trois talons de cartes de tickets de pain portant le cachet de la mairie d’Ecouen (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; une procuration à son nom établie par Aimé Albert, médecin, demeurant 4 rue Descartes à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; deux feuilles de papier portant des adresses manuscrites ; un mandat de paiement établi au nom du docteur Albert ; une carte d’alimentation au nom de Zacharewicz Szandjla ; une clef de verrou.
Un rapport la concernant était aux archives centrales de la police, il portait sur sa présence en Espagne. Il était précisé qu’elle s’était « rendue en Espagne pour y retrouver son mari qui servait comme médecin dans les Brigades internationales. »
Interrogée par des inspecteurs des Renseignements généraux, elle précisa d’emblée : « Je n’ai jamais appartenu à aucune politique. J’ignore l’activité actuelle de mon mari. […] En février 1937, sur la demande de mon mari, je suis allée le rejoindre en Espagne à Albacete. J’y suis restée jusqu’en décembre 1938. Pendant cette période, j’ai travaillé dans deux hôpitaux en qualité de pharmacienne. J’ai résidé successivement à Bordeaux, puis ensuite à Paris, rue Bellier-Dedouvre. »
Un inspecteur lui demanda « pour quelles raisons vous avez omis de vous conformer aux ordonnances allemandes et à la loi du 2 juin 1941 concernant les personnes juives ; vous ne portez pas l’étoile juive ? »
Elle répondit « J’ai omis de me conformer à ces dispositions car je craignais en le faisant, de perdre mon travail et mon mari étant encore mobilisé à cette époque, j’étais seule pour subvenir aux besoins de mon enfant. » Cette loi excluait de fait les juifs de la communauté nationale, et le port obligatoire de l’étoile jaune constituait un marquage d’une partie de la population.
Des papiers avaient été saisis lors de la perquisition domiciliaire, les adresses étaient celles d’amis ou de fournisseurs. Il y avait des talons de cartes de pain remis par son mari qui provenaient de la mairie d’Ecouen (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Une procuration des PTT au nom d’Aimé Albert pour retirer des objets et plis recommandés qui pouvaient être adressés à son fils Jean qui vivait dans l’Aude. Une carte d’alimentation établie au nom de Szanjdla Zackarewicz sœur de Rachel, elle avait quitté son domicile du 16 rue du Sentier depuis trois mois. Dernière question sur Henriette ou Camille qui travaillaient avec son mari. Elle déclara ignorer que son « mari avait une infirmière qui travaillait dans son cabinet ».
Emprisonnée à Fresnes, puis internée à Drancy, elle fut immatriculée n° 4459, Rachel Chrétien était le 2 septembre 1943 dans le convoi n° 59 d’un millier de juifs à destination d’Auschwitz. Elle fut gazée dès l’arrivée du convoi. Il en avait été de même de ses parents Gabriel Zacharewicz, né en 1870 et Laja née en 1868, déportés par le convoi n° 49, le 2 mars 1943.
Son mari, Henri Chrétien témoigna le 13 juillet 1945 devant une commission rogatoire. Concernant son épouse, il déclara qu’elle avait été : « Arrêtée le lendemain de [son] arrestation. […] Nous avons été remis aux Autorités allemandes qui nous ont incarcérés à la prison de Fresnes. »
« Ma femme après Fresnes, […] a été détenue à Romainville et à Drancy d’où elle a été déportée à Auschwitz au début septembre 1944, [1943] où elle a été passée à la chambre à gaz dès son arrivée. […] Ma femme n’a pas été victime de sévices pendant son séjour à la Préfecture de police. »
Il porta plainte contre les inspecteurs qui arrêtèrent sa femme. Rachel Chrétien a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Le nom de Rachel Chrétien a été gravé sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah, dalle n° 9, colonne n° 3, rangée n° 3, au 17 rue Geoffroy l’Asnier à Paris IVe arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234360, notice CHRÉTIEN Rachel née ZACHAREWICZ par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 novembre 2020, dernière modification le 18 novembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BS2 carton 41 transmis par Gérard Larue, 77 W 5341-292132. – Bureau Résistance GR 16 P 605887. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992, pp. 116-127. – Site internet CDJC.

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