DAUTY Thérèse [DAUTY Thérèse, Marie]

Par Benjamin Laillier

Née le 17 octobre 1909 à Rodez (Aveyron), morte le 20 décembre 1967 à Rodez ; professeur d’histoire-géographie ; résistante.

Thérèse Dauty était la fille de Joseph Dauty (né en 1880 à Rodez), droguiste, et de Noémie Barnié (née en 1881 à Laissac, Aveyron). Après l’obtention de son brevet supérieur en 1929 à l’école primaire supérieure de Rodez, elle étudia à Toulouse où elle obtint en 1932 un baccalauréat Latin et Langues puis en 1933 un baccalauréat de Philosophie (mention « Assez-bien »), une licence d’Histoire et Géographie en 1934 et enfin un Diplôme d’études supérieures en 1937. Pour ce mémoire, consacré à « La persistance du paganisme en Afrique du Nord au temps de Saint-Augustin », la Société archéologique du Midi de la France lui décerna sa plus haute récompense : le prix Gustave de Clausade (300 francs), après un rapport favorable d’André Aymard. À l’occasion de la remise du prix, le jury souligna « la méthode vraiment scientifique avec laquelle le sujet a été traité ». À partir de 1938, elle devint « déléguée rectorale » dans des collèges de jeunes filles à Figeac (Lot, 1938-1939), Rodez (1939-1940) puis Gaillac (Tarn, 1940-1941), où elle enseignait les lettres et l’histoire.

À partir d’octobre 1940, elle s’engagea au sein du mouvement de résistance Libération-Sud. Elle diffusa alors des tracts et le journal Libération à Gaillac et ses environs. Suite à une dénonciation, elle fut arrêtée une première fois le 15 juillet 1941 et emprisonnée à Albi (Tarn) du 5 au 16 août. Bien qu’acquittée, elle fut suspendue de l’Éducation nationale puis de nouveau citée à comparaître devant la Cour d’Appel de Toulouse le 31 janvier 1942. Elle fut alors condamnée pour « menée anti-nationales » à huit jours de prison et 100 francs d’amende. Après sa libération, elle continua son activité résistante. Catholique pratiquante, elle fit partie des premiers résistants (avec sa sœur Denise Dauty) à diffuser dans sa région Témoignage Chrétien, à partir de l’automne 1941. Au même moment, avec l’aide d’Yves Perissé, elle imprima dans les locaux de l’archevêché et diffusa clandestinement le texte de Jacques Maritain, A travers le désastre. Par l’intermédiaire d’Augustin Callebat (l’un des fondateurs de Libération-Sud dans la région de Toulouse), ami de sa famille, elle devint l’assistante sociale du Comité catholique d’aide aux étrangers fondé par Monseigneur Saliège (archevêque de Toulouse) en février 1942. À ce titre, elle fut autorisée à visiter plusieurs camps de la région dont celui du Récébédou (Portet-sur-Garonne, Haute-Garonne), de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) ou encore de Noé (Haute-Garonne). Témoin des déportations en cours, elle en rendit compte à l’archevêque de Toulouse lorsqu’elle lui remit un rapport écrit par Gilbert Lesage, responsable du Service social des étrangers. Ce rapport, attribué à tort à Thérèse Dauty dans la reuve Le Monde juif, et le témoignage de Thérèse Dauty furent notamment à l’origine de la lettre « sur la personne humaine » (23 août 1942) dans laquelle Monseigneur Saliège s’opposa au sort réservé aux Juifs. En parallèle de son action « officielle », Thérèse Dauty continua son action résistante en lien avec celle-ci. Elle prit part à l’hébergement et au placement de réfugiés et juifs pourchassés par Vichy, participa à la fabrication de fausses cartes d’identités et de tickets d’alimentation et apporta son aide lors de l’évasion de détenus de camps dans lesquels elle intervenait. Son autorisation de visiter les camps lui fut retirée par le préfet des Basses-Pyrénées. Suite à son action, elle fut de nouveau arrêtée, par la police allemande, le 24 février 1943 et emprisonnée à la prison de Furgole à Toulouse puis transférée à Fresnes. Selon un rapport de Jean-Achille Teste, rédigé en 1955, elle y « subit de nombreux interrogatoires ». Ce dernier précise alors qu’« atteinte dans sa santé[…] après sa libération de Fresnes », elle fut affectée au « Service Social » du mouvement Libération-Sud. Elle vint alors en aide aux familles de personnes arrêtées ou déportées jusqu’à la fin de la guerre. Suite à son action dans la Résistance, elle fut décorée en 1951 de la Médaille de la Reconnaissance française et obtint la Carte de combattant volontaire de la Résistance.

Réhabilitée en octobre 1944, elle réintégra l’Éducation Nationale en tant que « déléguée rectorale » puis « déléguée ministérielle » au collège de jeunes filles de Rodez. En 1945, elle obtint le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement d’Histoire-Géographie, qu’elle n’avait pas encore passé. Suite à cette obtention, elle fut titularisée au collège de jeunes filles de Rodez. Ses rapports d’inspection firent état d’un « très bon professeur » à la santé fragile. En 1962, en raison de problèmes de santé récurrents, elle fut affectée (à sa demande) au Centre de Télé-Enseignement basé à Vanves (Seine). Elle obtint en 1964 les Palmes académiques. Elle décéda le 20 décembre 1967 à l’âge de 58 ans.

En collaboration avec André Ancourt (pour les première et troisième périodes) et Gaston Daudibertières (pour la troisième période), elle fut la correspondante de l’Aveyron pour les trois premières périodes du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Son témoignage apparait dans les sources de quatre notices : l’abbé Louis Codis ; Henri Bonnafé ; Georgette Julié ; Léon Debord. Tous étaient militants et militantes de la CFTC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234436, notice DAUTY Thérèse [DAUTY Thérèse, Marie] par Benjamin Laillier, version mise en ligne le 20 novembre 2020, dernière modification le 21 novembre 2020.

Par Benjamin Laillier

ŒUVRE : La persistance du paganisme en Afrique du Nord au temps de Saint-Augustin, DES, Université de Toulouse, 1937.

SOURCES : Arch. Nat. : Dossier de carrière de Thérèse Dauty F/17/27181 – Archives diocésaines de Toulouse (Fonds Mademoiselle Thérèse Dauty, Archives Denise Dauty) – Arch. Dép. de l’Aveyron : Matricule de Joseph Camille Adrien Dauty 1R849 741 – La Dépêche(Toulouse), 9 juillet 1932 et 29 juin 1933 – « Rapport sur le concours de 1937 par M. Gustave Mot », Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, n°3, 1940 – Renée Bédarida, Témoignage chrétien (1941-1944), Éditions ouvrières, 1977 – Denise Hervichon, « Le décès de Monseigneur Louis de Courrèges », Le Monde juif, n°94, avril-juin 1979 – Éric Malo, « Le camp du Récébédou (Haute-Garonne). 1940-1942 », Revue de Comminges, n°115, 1990 – Jean-Louis Clément, Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse (1929-1956), Beauchesne, 1994 – Patrick Cabanel, Histoire des Justes en France, Armand Colin, 2012 –Jean-Claude Meyer, « Sous l’autorité de Mgr Saliège. L’aide aux juifs persécutés », Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, n°175, 2013 – Jean-Claude Meyer, Deux destins toulousains. Cardinal Jules Géraud Saliège, Mgr Louis de Courrèges d’Ustou, Les Plans-sur-Bex (Suisse), Parole et Silence, 2017 – Patrick Cabanel, 1942. Mgr Saliège, une voix contre la déportation des juifs, Portet-sur-Garonne, Éditions Midi-Pyrénéennes, 2018. – État-civil de Rodez.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable