DURAND Camille

Par François Prigent

Né le 1er janvier 1943 à Cholet (Maine-et-Loire) ; responsable CFTC à l’Arsenal d’Indret (Loire-Atlantique) ; militant socialiste ; maire de Saint-Jean-de-Boiseau (1977-2008) ; conseiller régional (1986-1998).

Né dans une famille d’agriculteurs, Camille Durand fit sa scolarité dans des écoles privées pendant que son père, devenu manœuvre à l’Arsenal après la guerre, s’était engagé dès 1947 à la CFTC. Il quitta l’école à l’âge de quatorze ans pour intégrer à son tour l’Arsenal d’Indret comme apprenti puis ajusteur mécanicien. Grâce aux cours du soir, il connut une ascension graduelle dans l’entreprise, obtenant son CAP avant d’être promu technicien supérieur. Engagé très jeune à la CFTC (dès 1960), il suivit la tendance Reconstruction sous l’égide de Gilbert Declercq.
Responsable CFDT des techniciens supérieurs jusqu’en 1977, il abandonna ses mandats syndicaux pour se consacrer à ses nouvelles fonctions électives. Implanté à Saint-Jean-du-Boiseau dans la couronne périurbaine nantaise, il adhéra avec sa femme à la Convention des institutions républicaines (CIR) en 1965. Son basculement à gauche procéda du double rejet de la SFIO et du PCF sur les enjeux cruciaux de la décolonisation et de la démocratie partisane. Il fréquenta à la CIR un noyau réduit de militants socialistes, tous futurs élus ou responsables : Jacques Floc’h, député-maire de Rezé dès 1978 ; Guy Goureaux, conseiller général de Nantes à partir de 1976, le couple Broustal, militants influents de Nantes. Membre fondateur de la CIR chargé des questions internationales à l’échelle départementale, il bifurqua politiquement en 1970 à Objectif 72 (la double appartenance était autorisée dans ces structures), séduit par les thématiques portées par Robert Buron, dissident du MRP. Leader départemental de ce petit réseau socialiste avec Jean Natiez (député en 1981 et secrétaire fédéral du PS), il participa à la fusion des milieux socialistes dans le nouveau PS lors du congrès d’Épinay, marqué localement par une déperdition importante des militants d’Objectif 72 comme de la CIR.
Candidat aux législatives de 1973 dans le pays de Retz, il prit la mairie de Saint-Jean-du-Boiseau en 1977 dans une configuration d’union de la gauche, après une première tentative infructueuse en 1971 sur une liste issue des réseaux de l’Amicale laïque. Dirigeant du club local de basket-ball, maire à l’âge de trente-quatre ans, il exerça cinq mandats consécutifs. Votant d’abord dans les congrès la motion K présentée par Robert Buron, il suivit ensuite le CERES puis le courant Poperen. Lors des Assises du socialisme en 1975, il négocia l’intégration des chrétiens de gauche passés par l’autre branche socialiste, celle du PSU. Proche de Jean-Marc Ayrault qui le conforta comme 1er adjoint à la Communauté urbaine de Nantes en 1989, il devint même conseiller régional entre 1986 et 1998 tandis que son premier adjoint, Moïse Landreau, s’implantait comme conseiller général du Pellerin en 1988.
Systématiquement candidat aux élections législatives entre 1981 et 1993, ce chrétien de gauche s’avéra représentatif de cette nouvelle génération d’élus socialistes qui émergea dans les années 1970 après un engagement syndical à la CFTC. Il bénéficia aussi du rayonnement local de sa femme, institutrice socialiste formée à la JOC et responsable CFDT dans l’enseignement privé dès « les années 68 ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23456, notice DURAND Camille par François Prigent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 6 novembre 2008.

Par François Prigent

SOURCES : Entretien avec Camille Durand, Arch. fédérales du PS 44 (boîtes élections), classées par le CHT de Nantes, Articles de Ouest-France sur la vie politique du pays nantais (1977-2007). — Yves Laurent et François Naud, Le Cœur et la passion. Chronique du Parti Socialiste en Loire-Atlantique (1936-1988), éditions ACL Crocus, Saint-Sébastien sur Loire, 1988.

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