BRZEZINSKI Maurice, Abram, Mojsze [Pseudonyme dans la Résistance : Tony]

Par Jean-Luc Marquer

Né le 22 juin 1926 à Breziny (Pologne), sommairement exécuté le 7 août 1944 (date officielle : 8 août 1944) à Grenoble (Isère) ; maroquinier ; résistant F.T.P.F., homologué Forces françaises de l’Intérieur

Juif polonais, Maurice, Abram, Mojsze Brzezinski était le fils d’Israël et de Elina Rozenberg.
Ouvrier maroquinier, célibataire, il habitait à Sassenage (Isère), au manoir du Vinay.
Son père, Israël Brzezinski, qui s’était engagé dans la Légion Étrangère à la déclaration de guerre, rejoignit le maquis du Vercors le 9 juin 1944.
Maurice Brzezinski s’engagea dans la Résistance et rejoignit le 5ème Bataillon de F.T.P.F. à partir du 15 avril 1944. Il effectua des missions de liaison et des sabotages de voies ferrées.
Son nom figure également sur la liste des morts du maquis de l’Oisans, secteur 1 de l’AS Isère, peut-être en raison des ses missions de liaison.
Israël Brzezinski, fut tué le 13 juin 1944 dans les combats de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère).
Le 7 août 1944 vers 14h30, en représailles à l’exécution d’un milicien, trois Traction Avant stoppèrent devant le café du commerce situé place Grenette à Grenoble (Isère). Il en sortit une quinzaine d’individus en uniforme de Jeune de l’Europe nouvelle (J.E.N.) qui cernèrent la place.
Deux miliciens, appartenant aux Waffen-SS, Guy Éclache et un dénommé Delphin pénétrèrent armés dans le café.
Ils firent sortir les clients après avoir vérifié leur identité et avoir fouillé certains.
Ils ne gardèrent que trois hommes sous la menace de leur arme qu’ils emmenèrent dans leurs automobiles.
Le même jour, vers 17h30, le gardien de l’aéroport, qui se trouvait alors dans son domicile, entendit plusieurs coups de feu venant du hangar Sud.
L’aéroport se trouvait alors au sud de Grenoble, le long de la route menant à Échirolles (Isère), à 500 m de toute habitation.
Sortant de chez lui, il aperçut alors trois voitures qui circulaient en direction de Grenoble. Se rendant au hangar, il découvrit 3 cadavres et alerta la gendarmerie de Grenoble.
Les trois clients du café du commerce venaient d’être exécutés par des membres de la Milice, commandés par Guy Éclache.
Les gendarmes qui se rendirent sur place firent une description précise des 3 corps :
« Nous voyons au milieu du dit hangar les cadavres de trois hommes ; ils sont couchés sur le dos les bras allongés.
Le plus âgé, qui nous paraît avoir 35 à 40 ans, a la figure en sang ; il porte une trace de balle à la tempe droite, une à la tempe gauche, et une sous l’œil droit.
Le plus jeune, qui nous parait avoir de 18 à 20 ans, a une trace de balle à la tempe droite et deux traces de balle à la poitrine, à hauteur du cœur.
Le troisième qui nous paraît âge de 25 à 30 ans, a une trace de balle à la tempe droite et deux traces de balle dans la poitrine, à hauteur du cœur.
Ces corps sont encore tièdes.
 »
Tout élément d’identification avait été supprimé.
Les gendarmes obtinrent un second témoignage d’un jeune garçon qui gardait des vaches à proximité. Il déclara avoir vu trois voitures près du hangar et les trois hommes entourés de soldats.
Les corps furent transportés à l’École de Médecine et les services anthropométriques de la ville prirent des photographies en vue d’une identification future.
Trois actes de décès, n° 687, 688 et 689 furent établis par le service de l’état civil de la mairie de Grenoble.
L’acte de décès n° 689 du 12 août 1944 porte les indications suivantes : «  Le sept août mil neuf cent quarante quatre, un individu du sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie, est décédé à l’aéroport. Le signalement est le suivant : âgé de vingt-cinq à trente ans, taille un mètre quatre-vingt, cheveux frisés roux, front fuyant, menton rond, visage ovale, nez rectiligne, teint roux. Vêtu d’un complet bleu foncé à carreaux rouges, chemise Lacoste en rayonne blanche, porte un crêpe de deuil au revers de la veste, côté gauche, ceinture en cuir jaune, chaussé de souliers bas jaunes, chaussettes blanches. Porte également comme sous-vêtement un short kaki en guise de caleçon. »
Reconnu par sa mère, qui habitait 36 rue Revol à Grenoble, , un jugement du tribunal civil de Grenoble rendu le 7 janvier 1945 signifia que cet acte de décès s’appliquait à Maurice Brzezinski.
Il obtint la mention "Mort pour la France" et fut homologué résistant, membre des Forces françaises de l’Intérieur.
Enterré dans un cimetière de Grenoble, ses restes furent exhumés et enterrés au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine) en même temps que ceux de son père, le 6 décembre 1948.
Son nom figure sur le mémorial du maquis de l’Oisans à Livet-et-Gavet (Isère), orthographié Brezenski (prénom Marius).
Le mémorial de la Shoah à Paris et le Mémorial de Yad Vashem le recensent parmi les victimes de la Shoah.
L’inconnu dont l’acte de décès fut enregistré sous le n°688 fut reconnu comme étant Maurice Grinwald. L’autre inconnu ne fut jamais identifié.
Pour une raison inconnue, la date du décès de Maurice Brzezinski fut fixée au 8 août 1944 par un jugement du tribunal civil de Grenoble rendu le 1er septembre 1955.


Voir : Grenoble, d’octobre 1943 à août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234576, notice BRZEZINSKI Maurice, Abram, Mojsze [Pseudonyme dans la Résistance : Tony] par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 25 novembre 2020, dernière modification le 18 avril 2021.

Par Jean-Luc Marquer

SOURCES : Arch. Dép. Rhône et Métropole, Mémorial de l’oppression, 3808 W 406 et 530 — SHD Vincennes, GR 16 P 95810 ; GR 19 P 38/4 et 38/22 — AVCC Caen, AC 21 P 35416 (à consulter) — Germain Séverine, Guy Éclache, enquête sur un ultra de la Collaboration, PUG, 2018 — Mémorial GenWeb — http://www.maquisdeloisans.fr — Geneanet — Mémorial de la Shoah (Paris) — Yad Vashem , Jérusalem (Israël) — État civil

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