TOURTEBATTE Émile

Par Daniel Grason

Né le 23 janvier 1878 à Fontenay-le-Fleury (Seine-et-Oise, Yvelines), mort le 7 septembre 1963 à Fontenay-le-Fleury (Seine-et-Oise, Yvelines) ; maçon ; communiste ; maire de Fontenay-le-Fleury ; interné au camp de Pithiviers (Loiret).

Fils d’Adolphe Thémistocle et d’Éloïse Léonie Barbé, Émile Tourtebatte fréquenta la petite école de garçons de la rue Jean-Jaurès. Son père décéda alors qu’il était âgé de douze ans. Brillant élève, il était reçu premier du canton au Certificat d’études en 1891 mais orphelin, issu d’une famille de travailleurs ruraux de la commune, il ne pouvait poursuivre ses études. Très tôt, il s’engagea dans le syndicalisme puis dans la politique locale.
De la classe 1898, Émile Tourtebatte, a été affecté au régiment d’infanterie à Bernay dans le département de l’Eure. Il fut rappelé à l’activité lors de la mobilisation générale au 17ème Régiment territorial d’infanterie du 4 août 1914 au 18 septembre 1915 puis au 1er Régiment du génie jusqu’au 1er avril 1918. Il a été nommé caporal le 23 décembre 1915.
Après quatre années passées au front, il fut affecté dans la réserve au 21ème régiment du génie. Gazé en 1917, il aura des séquelles à vie d’un emphysème pulmonaire, pour lesquelles il percevra une modeste pension d’invalidité.
En 1919, il épousa sa marraine de guerre, Yvonne Samson, native de Caen (Calvados). De cette union, naquirent trois enfants : Pierre, Blanche et Marcel.
En 1923, il passa quelques mois dans une maison de santé à Bidart (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) pour soigner l’affection dont il souffrait depuis la guerre. Éloigné de sa famille, il écrivit pendant son séjour des lettres très tendres et émouvantes.
Il créa son entreprise du bâtiment et employait des Fontenaysiens. La famille s’installa au 99 rue Pasteur, aujourd’hui 10 rue Jean-Mermoz.
En 1926, il fut élu maire de la commune. Il le sera jusqu’en 1938. L‘amélioration du cadre de vie des Fontenaysiens et l’aide sociale à une population dépourvue de système de santé, d’allocations et de retraite car alors inexistants, seront avec les moyens de l’époque sa priorité. Il a été élu délégué aux élections sénatoriales du 9 janvier 1927.
Au cours de ses mandats électoraux, Fontenay se modernisa avec la distribution de l’électricité chez les particuliers (1926), le revêtement des chemins vicinaux et la dénomination des rues (1927), l’installation du gaz (1930), l’adduction en eau potable (1934).
Les équipements des écoles et de la mairie s’améliorèrent avec notamment l’installation du chauffage central en 1927 et l’ouverture d’une classe supplémentaire en 1930.
La création en 1932 d’une halte sur la ligne de chemin de fer Paris-Granville a été un énorme progrès dans le domaine des transports publics pour la localité et les localités voisines.
Un projet de construction de nouvelles écoles avec l’achat du terrain approprié rue Pasteur était élaboré. (Ce projet verra le jour vingt ans plus tard ; le groupe scolaire Louis Pergaud sera inauguré le 18 novembre 1956).
Trois inspecteurs de la BS2 se présentèrent le 19 novembre 1943 à 12 heures 30 à son domicile. Fouillé il n’était porteur ni d’arme ni de document. Il était inconnu des différents services de police.
Les policiers l’interrogèrent sur l’activité de sa fille Blanche qu’ils venaient d’interpeller. En ce qui la concernait, il répondit : « J’ignorais tout de l’action clandestine de ma fille. Je n’ai jamais pu penser qu’elle avait pu quitter les PTT où elle travaillait. Elle n’a jamais cessé de me remettre chaque mois, le montant de ses appointements, soit mille francs, ni de rentrer aux heures habituelles, qui correspondaient à celles de son travail. »
L’un des inspecteurs lui demanda s’il ignorait la présence de grenades qu’il venait de saisir. Il n’en savait rien : « J’ai eu connaissance de leur présence quand elles « ont été découvertes devant moi. »
Il avait été élu pour la première fois Conseiller municipal en 1924 ou 1925 sur une liste d’Unité Ouvrière dont il fut élu maire en 1926. Il rappela aux policiers que depuis 1939 il avait été déchu de son mandat pour son appartenance au Parti communiste.
Émile Tourtebatte a été emprisonné, puis interné administrativement le 7 avril 1944 au camp de Pithiviers dans le Loiret jusqu’à la fin de la guerre.
Après les années sombres de la Seconde Guerre mondiale, en séance du 25 août 1944, le conseil municipal qui reprend ses fonctions, est celui qui était en exercice en 1938. Élu par les électeurs de la commune en 1935. Émile Tourtebatte en sera le président jusqu’au 18 mai 1945.
Retiré de la vie politique, il passera ses dernières années auprès de ses enfants à Fontenay. Il décéda le 7 septembre 1963 à son domicile. Une foule considérable l’accompagnera à sa dernière demeure.
Lors de ses obsèques, M. Defay, maire de Guyancourt le décrira comme un maire courageux, avisé, à la source de réalisations qui ont vu le jour par la suite, qui a servi d’exemple dans cette région de Fontenay-le-Fleury par son dévouement, son abnégation, pour la défense des malheureux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234627, notice TOURTEBATTE Émile par Daniel Grason, version mise en ligne le 25 novembre 2020, dernière modification le 28 janvier 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 133, GB 137, KB 105, PCF carton 15 activité hebdomadaire du Parti communiste rapport du 29 novembre 1943. – Nos remerciements à madame Micheline Couillet-Tourtebatte , petite-fille d’Émile Tourtebatte, Présidente de l’association d’histoire locale Fontenay d’Hier à Aujourd’hui qui a retracée la vie, le parcours et le bilan d’Émile Tourtebatte, maire de Fontenay-le-Fleury de la fin du XIXe siècle à 1940.

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