JOB, Eugène, François [dit BINEUR] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 25 juillet 1862 à Paris (XIe arr.) ; mort le 29 avril 1941 à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; chaisier ; anarchiste parisien puis communiste.

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Le 24 mai 1885, au cimetière du Père Lachaise, lors d’une manifestation pour la commémoration de la Semaine sanglante, Eugène Job fut arrêté avec une trentaine de personnes.
Le 29 novembre 1886, à l’occasion d’une réunion de l’Alliance républicaine des comités radicaux et progressistes avec Tolain, les anarchistes prirent la tribune d’assaut, la police ordonna d’évacuer la salle. Les anarchistes résistèrent à coup de chaises, de nombreuses arrestation furent opérées dont celle de Job qui avait frappé un des organisateurs de la réunion et traité le gardien de la paix Jommier de « voleur et assassin », tout en le rouant de coups de poing. Le 15 décembre 1886, le tribunal correctionnel le condamna à 10 jours de prison.
En 1887, Job était membre du groupe Les Egaux.
Le 8 octobre 1887, La Révolte annonçait la réapparition prochaine de l’Insurgé, organe socialiste révolutionnaire indépendant des XIe, XIIe et XXe arr. et banlieue limitrophe. Toutes les communications devaient être adressées au citoyen E. Job, secrétaire, 275 faubourg St-Antoine. Le journal parut du 1er mars au 15 décembre 1887.
Au printemps 1888, Eugène Job, qui demeurait 275 rue du Faubourg Saint Antoine, avait été l’organisateur avec Ernest Lejeune d’une réunion anti-boulangiste tenue salle Favié, organisée par les cercles socialistes révolutionnaires indépendants Les Egaux du XIIème, Le Réveil du XIème et L’Avant Garde du XXème, où prenaient la parole Malato et Chalain et qui se terminait par un pugilat entre partisans et opposants au général Boulanger.
En août 1888, Job avait été l’un des premiers membres du Cercle anarchiste international qui venait d’être fondé par Cotée et se réunissait salle Horel, rue Aumaire.
Le 16 janvier 1889, à la salle Gruzard, lors d’une réunion publique présidée par Jeansen, et à laquelle assistait environ trois cents électeurs, les anarchistes Job et Espagnac préconisaient l’abstention, au milieu de bruyantes interruptions.
Le 22 mars 1891, Jules Ferry participait à un banquet à l’Elysée-Montmartre, à sa sortie il fut hué par un groupe de manifestants. A ce moment là Michel Zévaco sortait du café de l’Elysée, en compagnie de Job, ils étaient arrêtés par la police.
Le 15 juin 1891, Job figurait sur une liste d’anarchistes, il demeurait 3bis impasse des Souhaits.
Le 3 octobre 1891, la Révolte publiait un appel pour un congrès révolutionnaire international. Les adhésions devaient être envoyées à Eugène Job et Constant Martin.
Au début des années 1890, Eugène Job, qui demeurait 8 impasse de la Loi, était membre des groupes socialistes indépendants L’Audace et La Libre entente, puis du groupe d’études sociales sociales Les Egaux du XXème.
La Révolte du 5 novembre 1892 publia cette annonce : "Tous les dimanches, à 8 h. 1/2 du soir, salle Filino, 144, boulevard de Çharonne.. — Soirée amicale organisée par Les Égaux, Club d’Études sociales des XIe, XIIe, et XXe arrondissements.
Les lecteurs de la Révolte sont invités.
Quelques camarades ses Egaux du XXe ont l’intention de publier tous les mois un placard de propagande internationale anarchiste. Adresser toutes communications aux compagnons Petitjon, 2, rue d’Alembert, à Montreuil-sous-Bois, et Job 8 impasse de la Loi, Paris-Charonne."
Ce projet d’éditer à partir de janvier 1893 un placard mensuel de propagande internationale anarchiste intitulé La Libre initiative dont il aurait été le responsable avec Petitjon, semble-t-il, ne parut pas.
Durant tout l’année 1893, il assista à de très nombreuses réunions anarchistes.
Le 7 janvier 1893, l’indicateur X n°9, signalait que la compagne de Job était l’une des organisatrices des soupes-conférences.
Le 8 avril 1893, lors d’une réunion qui se déroulait à l’école de la rue des Orteaux, devant 150 personnes, Job engagea le public à ne pas voter : « Travailleurs, ne vote pas, abstiens toi, réponds à ceux qui te diront que l’abstention est une désertion que la souveraineté du peuple ne se délègue pas, que tu n’as rien à espérer de ceux qui mendient tes suffrages, va dans les réunion leur cracher ton profond mépris et viens seconder par ton énergie les futurs combattants de la Révolution sociale ».
Le 25 avril 1893, l’indicateur Bouchon faisait savoir qu’il s’était entretenu avec les principaux promoteurs de la Commission exécutive anarchiste, dite de la région de l’Est, qui devait propager les idées anarchistes dans cette partie de la France. Ces promoteurs se nommaient Job, Denéchère, Pivoteau, Richard, Petitjon, Toumain. Ils voulaient fonder un quotidien anarchiste entre Le Père Peinard et La Révolte.
Le 27 juillet 1893, l’indicateur Bouchon, signalait que Job allait se présenter comme candidat abstentionniste dans le XIe arrondissement lors des prochaines élections législatives.
Le 5 août 1893, à la réunion de l’Ecole de la rue Titon (XIe arr.) Job était présent parmi un milliers de personnes. Bien que la salle fut aux mains des possibilistes, Job prêcha l’abstention et fut fortement applaudi à certains passages de son discours. Dès que Job eut quitté la salle les autres compagnons le suivirent.
En octobre 1893, il fut l’objet d’une perquisition, il demeurait alors 50 rue d’Avron.
Le 24 août 1893, Job et d’autres anarchistes étaient réunis chez Merigeau, 83 rue des Haies. Job fit un long discours sur l’abstention et déclara qu’il fallait combattre énergiquement Vaillant pour le second tour. Il exprima son étonnement de ne pas avoir été informé par Denéchère et Mathias du résultat de leurs démarches auprès des italiens à Nogent.
Le 5 septembre 1893, lors d’une réunion chez Daguenet où Job assistait, Daguenet expliqua qu’il s’était associé avec Job, Brunet et Petitjon pour leur travail d’ébénisterie.
Le 12 septembre 1893, lors d’une réunion chez Daguenet, Job annonça qu’il était en discussion avec le propriétaire d’une salle pour que les anarchistes puissent faire des réunions lors de la rentrée des Chambres.
Le 10 octobre 1893, lors d’une réunion chez Daguenet, Job fit le compte-rendu d’une conférence salle des Tableaux où il ne put prendre la parole, en ayant été empêché par l’assistance et promit de faire du tapage dans les prochaines réunions.
Le 14 octobre 1893, l’indicateur Bouchon signalait que des enquêtes avaient été faites par la police chez plusieurs anarchistes dont Job, à l’occasion des fêtes franco-russes. Ces enquêtes auraient jeté le trouble dans le milieu anarchiste, laissant présager une rafle.
Le 22 décembre 1893, Job se trouvait dans une réunion dans un bar situé à l’angle des rues des Haies et Planchat. Il demanda à Wagner s’il y avait une réunion 92 boulevard Ménilmontant. Wagner lui répondit que non, que ce n’était pas le moment et qu’il fallait continuer à se voir par petits groupes. Migeon demanda à Job, si Mérigeau avait bien chez lui de la poudre et de l’acide, comme l’avait annoncé l’Intransigeant. Job répondit : « Nous n’en savons rien. Sa femme est venue me demander de lui venir en aide, je m’en occuperai. Une perquisition a été faite chez Lepla à Montreuil, on y a saisi deux revolvers et une boîte de 50 cartouches ; c’est un étranger, on ignore comment cela tournera. »
Job était inscrit à l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893.
Le 6 mars 1894, il avait été arrêté comme une dizaine d’autres compagnons à Paris et avait été inculpé pour "association de malfaiteurs". Il demeurait alors 65 rue d’Avron. Il demeura ensuite 54 rue des Vignoles (20ème). Il fut libéré le 24 avril 1894.
Job figurait sur l’état des anarchistes au 31 décembre 1894, sur celui au 31 décembre 1896, son adresse était 6 cité Aubry et sur celui de 1901, 15 rue des Trois Bornes.
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°160.807.
Concernant son militantisme communiste à partir de 1920, voir la suite de sa biographie ici.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234634, notice JOB, Eugène, François [dit BINEUR] [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 25 novembre 2020, dernière modification le 26 novembre 2020.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES :
Le Père Peinard année 1892 — R. Bianco "Un siècle de presse anarchiste...", op. Cit. — Archives Nationales F7/12507 , F7/12723 — Archives de la Préfecture de police Ba 75, 77, 78, 1500, 1506 — Notice Eugène Job du Dictionnaire des militants anarchistesLe Matin 25 mai 1885, 17 janvier 1889 — Paris 30 novembre 1886 — Le Temps 30 novembre 1886 — Gil Blas 1er décembre 1885 — La Loi 16 décembre 1886 — L’Evénement 23 mars 1891 — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine — La Révolte 11 décembre 1892

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