OTTO Alex

Par André Delestre

Né le 11 mars 1945 à Vieux-Habitants (Guadeloupe) ; ouvrier de l’usine Renault à Cléon (Seine-Maritime)  ; syndicaliste CGT  ; membre du comité d’entreprise  ; membre de l’ACO.

Né à Vieux-Habitants, « Zapitan » en créole guadeloupéen, dans une famille catholique et une fratrie de neuf frères et sœurs, Alex Otto avait quatorze ans, lorsqu’il quitta l’école et multiplia les petits boulots. Un de ses frères était parti tenter sa chance à la métropole. À vingt-trois ans, il prit l’avion, puis le train, direction Rouen. Une agence du BUMIDOM (Bureau pour le développement des Migrations dans les Départements d’Outre Mer) le recruta pour l’usine Renault à Cléon. Le « Bimidom », surnommé ainsi par les antillais, a été créé en 1963, sur proposition du député de la Réunion, Michel Debré afin de « faciliter » la migration par le déplacement de populations pour les besoins de l’industrie. À l’arrivée de la gauche au pouvoir, il fut remplacé en 1981 par l’Agence Nationale pour l’insertion et la protection des Travailleurs d’outre mer.
Alex Otto travailla sur les chaines de montage et d’assemblages. Le patronat espérait une main d’œuvre docile. Il se syndiqua à la CGT qui accueillait les jeunes embauchés. Il habita au foyer SONACOTRA de Saint-Étienne-du-Rouvray puis celui de Petit-Quevilly.
Quelques mois après son entrée dans l’usine, début 1968, l’usine fut arrêtée. La grève était massive, l’usine occupée. Les jeunes travailleurs y prenaient une part prépondérante. Alex Otto, célibataire, passa nuits et jours à l’organisation et l’animation du mouvement. Il fut élu au Comité d’Entreprise pendant près de 15 ans et anima la commission immigré/outre-mer avec Antonio De Almeida, Roger Taccouen et fut pendant ces années le secrétaire du CE. La commission organisait des soirées ouvertes aux familles, des sorties, des séjours de vacances. Une fête de l’amitié réunissait à Oissel les familles. Alex était une cheville ouvrière de toutes ces initiatives. Les enfants avaient accès aux colonies de vacances. Un séjour en Guadeloupe y fut organisé, sur sa proposition. Il participa à de nombreuses grèves et manifestations à Elbeuf et Rouen. Il fut mis en préretraite à 57 ans.
En 1972, il se maria avec Jocelyne Boulard, née le 11 mai 1949 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Ils eurent deux enfants  : Nicolas né en 1975 et Mathieu, né en 1980. Jocelyne, dès quatorze ans, avait travaillé comme employée de maison dans une brasserie, une boulangerie puis la blanchisserie Pantin, route de Lyons à Rouen. Après sa première maternité, Jocelyne fit des gardes d’enfants à domicile et des ménages chez des particuliers et à l’école de danse Germain. Elle prit sa retraite en 2008.
Ils habitèrent à Rouen, puis à Elbeuf et en 1980 s’installèrent à Petit-Quevilly où ils achetèrent une maison quevillaise, de type coron.
Investi dans la paroisse avec le père Georges Lecerf, il rejoignit l’ACO sur Petit-Quevilly et soutint les initiatives de la Mission Ouvrière. Il fut aussi sollicité pour l’accueil des familles et l’animation du culte, en particulier les inhumations.
Il fonda l’association Amitiés Créoles qui rayonna sur l’agglomération rouennaise. Il anima les commémorations contre l’esclavage. À chaque présence de l’association, il n’eut de cesse de proposer les livres et textes des écrivains antillais, dont Aimé Césaire qu’il affectionnait. À Noël, avec la chorale à laquelle il adhérait, il chanta des textes et poésies antillais. Présent encore lors des journées multiculturelles proposées par l’Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés.
Candidat comme personnalité en 1989 lors de l’élection municipale, sur la liste conduite par le communiste Robert Pagès (maire de 1983 à 1989) qui fut devancée au premier tour par la liste socialiste, il ne fut pas sur la liste socialiste-communiste fusionnée. Il fut attentif à la vie et à l’action municipale, avec une constante, multiplier les liens sociaux dans les quartiers. En retraite, le couple fut assidu aux propositions d’animations de la ville via les foyers Pasteur et Ambroise Croizat.
Les enfants ont leur vie en métropole. Il n’envisage plus le retour en Guadeloupe ou les liens sont très distendus.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234709, notice OTTO Alex par André Delestre, version mise en ligne le 27 novembre 2020, dernière modification le 15 janvier 2021.

Par André Delestre

SOURCE  : entretiens avec André Delestre, 2020.

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