EL HAMMI Mohamed Ali

Par Mariem Dabbab

Né en 1894 à El Hamma de Gabès (Tunisie) et mort exilé le 10 mai 1928 dans un mystérieux accident de voiture à Ouadi El Monjiba en Arabie Saoudite ; fondateur du premier syndicat tunisien, considéré comme le père du syndicalisme tunisien.

Mohamed Ali El Hammi

Orphelin de mère, son père amena Mohammed Ali El Hammi âgé de douze ans à Tunis. Il continua des études coraniques commencées dans son village natal.
Mohammed exerça différents métiers tels que garçon de courses et marchand de beignets.
Il fut engagé par la suite comme porteur au consulat d’Autriche. Entre temps il s’initiait à l’acquisition des langues étrangères (l’allemand, le français et l’italien) et à la mécanique avant de devenir le chauffeur du consul.
Suite au départ de ce dernier, Mohamed Ali El Hammi fut engagé comme chauffeur chez le Cheikh Hédi Chérif à Tunis, chez Enver Pacha en Libye, chez un Pacha en Égypte et au volant d’une voiture de louage en Arabie Saoudite.
En 1911, il s’engagea dans la guerre tripolitaine contre l’occupation italienne avant de suivre Enver Pacha tout d’abord pour la Turquie et ensuite pour Berlin au lendemain de la guerre.
Durant son séjour, il prépara un examen d’entrée à l’Université pour étrangers afin de suivre des études en économie politique, fréquenta le « Club Oriental » de Berlin et côtoya les milieux politiques cosmopolites de la capitale allemande des années 1920.
En mars 1924, Mohammed Ali El Hammi rentra à Tunis et songea à créer des coopératives populaires dans un contexte général marqué par la prise de conscience des travailleurs tunisiens de leur sort et de leur situation. Pour Mohamed Ali El Hammi, la renaissance politique devait être précédée par une renaissance économique. Il élabora alors un plan global à l’échelle de tout le pays et de tous les secteurs de l’économie tunisienne à travers la fondation des sociétés coopératives, agricoles, industrielles, commerciales et financières.
Avec l’éclatement d’une grève de dockers au port de Tunis en août 1924, Mohamed Ali, avec quelques compagnons, organisa un comité de soutien aux dockers en grève appuyé entre autre par les communistes. Ces derniers mirent tous leurs moyens de propagande et notamment le journal communiste l’Avenir Social à la disposition de Mohamed Ali et ses compagnons.
Le mercredi 3 décembre 1924 eut lieu la nomination de la commission exécutive de la CGTT avec comme secrétaire général Mohamed Ali El Hammi.
Le Parti communiste et les syndicats « unitaires » de la CGTU soutinrent la nouvelle centrale, en revanche, la CGT française tenta de convaincre les syndicalistes tunisiens à ne pas quitter la CGT métropolitaine.
Afin d’étendre la propagande syndicale, le nouveau comité exécutif décida des tournées à l’intérieur du pays et en particulier dans les mines du sud. Dès le début, le régime colonial manifesta son hostilité à la CGTT et à ses tournées.
Mohamed Ali fut convoqué le 12 janvier 1925 à la Direction de la Sureté où il fut reçu par la directeur de la police Campana : « J’ai su qu’a Metlaoui vous vous êtes servi de la religion et que vous avez lu des versets de coran pour exciter les mineurs. Cela prouve que votre mouvement à un caractère religieux ». Mohamed Ali répondit : « Notre mouvement est syndical et internationaliste. Il n’a aucun lien avec la religion. Si j’ai employé quelques versets de coran, c’est parce que ces gens ne connaissent rien, sinon quelques versets de coran ». Campana répliqua : « Vous devez considérer que la Tunisie est une partie intégrante du territoire français… et vous n’avez qu’à rejoindre l’Union des Syndicats qui existait auparavant. »
Mohamed Ali : « En ce qui concerne la Tunisie, je sais que c’est un pays de protectorat et non une colonie… » Campana : « Vous devez comprendre que la France est tout dans ce pays… » Mohamed Ali : « Vous me demandez la dissolution de la CGTT. Celle-ci n’est pas ma propriété privée… C’est un droit des travailleurs et ils sont seuls juges… »
Mohamed Ali El Hammi fut arrêté et emprisonné en février 1925 avec plusieurs de ses compagnons ainsi que le dirigeant communiste Jean-Paul Finidori dont il partagea la cellule. Il fut condamné par la suite lors du procès du 12 au 17 novembre 1925, à 10 ans de bannissement pour complot contre la Sûreté de l’État.
Expulsé vers l’Italie le 28 novembre 1925 et de là en Turquie, il s’installa en Égypte puis en Arabie Saoudite où il mourut le 10 mai 1928 dans un mystérieux accident de voiture à Ouadi El Monjiba entre Djeddah et La Mecque. il fut enterré à Djeddah
Quarante ans plus tard, sa dépouille fut rapatriée en Tunisie le 6 avril 1968.
Le 20 mai 2001, une statue à sa gloire fut inaugurée dans sa ville natale à El Hamma de Gabès.
De nombreux travaux lui ont été consacrés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article234753, notice EL HAMMI Mohamed Ali par Mariem Dabbab, version mise en ligne le 28 novembre 2020, dernière modification le 20 novembre 2022.

Par Mariem Dabbab

Mohamed Ali El Hammi
Procès de novembre 1925 pour complot contre la Sûreté de l’Etat.
De gauche vers la droite : Jean-Paul Finidori avec sa canne, Mohamed Ali El Hammi et Mokhtar El Ayari

SOURCES : Boubaker Letaief Azaiez, Tels syndicalistes, tels syndicats ou les péripéties du mouvement syndical tunisien, première partie 1900-1970 ; Ed IMP. Tunis-Carthage (S.T.E.A.G) ,1980, p. 13, 14, 51. — Juliette Bessis, Les fondateurs- Index Biographique des cadres syndicalistes de la Tunisie coloniale 1920-1956, Paris, L’Harmattan, 1985, p. 71-72. — Mustapha Kraiem, Nationalisme et Syndicalisme en Tunisie 1918 -1929, UGTT, Tunis, 1976, p. 517, 530, 534, 579, 585, 609.

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