DUREL Paul

Par Albert Ayache

Né le 1er juin 1896 à Genève, mort le 20 janvier 1978 près de Menton (Alpes-Maritimes) ; cheminot ; syndicaliste et militant communiste.

D’une famille d’origine auvergnate et lyonnaise, Paul Durel fut tôt orphelin (1906) de son père, architecte et homme d’affaires ; il le fut aussi de sa mère (1909) et ne put conduire à leur terme les études qu’il avait entreprises. Stagiaire chez Neyrpic à Grenoble, 1913-1914, puis pointeur à Villard-de-Lans, (Isère), il fut mobilisé en 1914. Envoyé sur le front, fait prisonnier, il fut démobilisé en septembre 1919.
La quête d’un emploi le conduisit successivement en Tunisie, aux fonderies de Megrine ; en Algérie, où un essai dans l’agriculture — création d’une ferme — ne lui réussit pas ; puis au Maroc, à Meknès (1921), où il entra comme dessinateur à la Compagnie des chemins de fer du Tanger-Fès où il resta jusqu’à sa retraite en 1950.
Au cours de ses périgrinations, il eut à connaître et à subir les dures conditions de la vie ouvrière, à la ville, sur les chantiers, et à la campagne. Ainsi peuvent s’expliquer les tendances et l’efficacité de sa vie militante syndicale et politique.
Durel milita dès 1924 à l’Amicale des cheminots. Il aida Pierre Champion dans son travail de regroupement des cheminots en 1928 et, l’année suivante, de formation de la Fédération des cheminots dont il fut le secrétaire adjoint. Après la révocation de Champion, il en assuma la direction, mais il ne put en empêcher la dislocation en 1930. Aussi dès que les circonstances furent favorables, il participa avec Chaban à la formation en 1935 de l’Union des réseaux du Maroc (CGT). En tant que représentant du Tanger-Fès, il fut membre de droit du bureau de cette Union, 1935-1939. Secrétaire de l’Union locale de Meknès, il créa le syndicat du Bâtiment, celui des employés de banque, des métallurgistes, des transporteurs et des coiffeurs, et il fut membre de la commission administrative de l’Union des syndicats confédérés du Maroc (CGT).
Durel menait de front action syndicale et politique. Membre du bureau de la section socialiste de Meknès, il fit connaître sa décision de quitter le Parti socialiste et de former avec quelques amis, Apcher*, Plain*, une organisation communiste, octobre-novembre 1936. La section qu’il anima avec sa femme, née Jane Duchêne, fut nombreuse et active. Durel combattit Grondin « personne peu sérieuse » à ses yeux, lors de la Conférence régionale de Casablanca du 4 avril 1937. Il appuya en 1938 les efforts de regroupement entrepris par les militants de Rabat tout en préservant l’autonomie de sa section. En mai 1938, réunissant sur son nom au second tour plus de 70 % des voix, il était le premier communiste à entrer au Conseil du gouvernement, organe consultatif de la Résidence. Ami de Henri Lozeray et de Pierre Semard qui voyaient en lui un « responsable » possible, il put assister au comité central de Gennevilliers du PCF (1939).
La lutte syndicale restait cependant au premier rang de ses préoccupations. Attentif à la condition des travailleurs marocains, il multiplia dans le journal des syndicats Travail les études sur le salaire minimum ; il réussit parfois à faire accepter par la Commission régionale de Meknès, des relèvements du salaire minimum pour les manœuvres employés dans les entreprises publiques ; il soutint les revendications et les luttes des ouvriers relevant de son Union locale, intervint dans les sessions du Conseil du gouvernement sur les conventions collectives, le relèvement du salaire minimum et le droit syndical pour les Marocains (1938-1939).
Il fut arrêté à Bou-Denib du 11 septembre 1940 au 4 décembre 1942. Libéré, il reprit ses activités politiques et syndicales. Tôt réorganisées, la section communiste et l’UL de Meknès connurent une reprise rapide. C’est sur les travailleurs de la terre, leur condition, leurs salaires, et l’absence de toute législation sociale les concernant que Paul Durel fit porter l’essentiel de son effort.
En 1950, Paul Durel se retira à Menton (Alpes-Maritimes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23492, notice DUREL Paul par Albert Ayache, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 28 juillet 2022.

Par Albert Ayache

SOURCES : René Gallissot, Le Patronat européen au Maroc. Action sociale, action politique (1931-1942), ETNA, Rabat 1964. — Albert Ayache, Histoire du mouvement syndical au Maroc, t. I, 1919-1942. — Albert Ayache, « Les Communistes au Maroc et les Marocains, 1936-1939 » in Cahier n° 3 du Mouvement social, 1978. — Lettres de P. Durel à Alb. Ayache, 25 août, 14 septembre, 8 novembre 1976 et 19 mai 1977.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable