DUREY Louis, Edmond

Par Claude Pennetier

Né le 27 mai 1888 à Paris (VIe arr.), mort le 3 juillet 1979 à Saint-Tropez (Var) ; musicien, compositeur ; militant communiste.

Fils d’un imprimeur fondeur de caractères, Louis Durey, diplômé de l’École des hautes études commerciales, travailla le solfège, l’harmonie, le contrepoint et la fugue avec Léon de Saint-Réquier, fadmira Debussy, puis fut l’aîné, mais le moins connu, du groupe des Six (Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Georges Auric et Germaine Tailleferre), rassemblée autour de Jean Costeau. Tout en maintenant des liens d’amitié, il s’en écarta vite pour des raisons éthiques : le groupe s’en prenait à des compositeurs qu’il estimait comme Wagner, et aussi Ravel, qui venait de l’introduire chez l’éditeur Durand. Hélène Jourdan-Morhange qui assista à ses débuts le présente comme une personnalité modeste : « Trop modeste, puisque ses premiers succès ne l’ont pas retenu quand il résolut d’abandonner le groupe des Six pour vivre une vie familiale et solitaire dans le merveilleux cadre de Saint-Tropez [...], il fut pourtant le premier poulain de Satie. Au premier concert d’avant-garde, il n’y avait que lui et Satie. » Il était décrit comme « mince, peu grand, avec un petit museau de souris. Sa douceur cache une fermeté d’âme ».

Son goût de la poésie le porta vers la musique vocale. Il mit en musique des textes d’André Gide, de Saint-John Perse, Apollinaire, Mallarmé, Cocteau, Éluard. Ouvert à des genres musicaux divers, il soutenait une large diffusion sociale de la musique et défendait la pratique amateure.

Louis Durey adhéra au Parti communiste en 1936 et la même année à la Fédération musicale populaire dont il fut un des dirigeants dès 1937, le secrétaire en 1953 et qu’il présida, après Albert Roussel et Charles Koechlin*, de 1956 à sa mort survenue à Saint-Tropez en 1979. Les auteurs du Dictionnaire biographique des musiciens affirment : « Le code esthétique de Durey se modifie radicalement en 1936 lorsqu’il entre au Parti communiste. » Sous l’occupation, il participa à la Résistance et écrivit des chants antifascistes.

En 1945, il participa à la création de l’Association française des musiciens progressistes et ne négligea pas de composer des chansons politiques. Il fit des cantates et des chants de masse pour les chorales d’amateurs. Son nom apparaît au générique d’un film symbolique signé Louis Daquin en 1949, L’Oiseau blanc, consacré au Congrès de la paix, sous l’égide de Picasso. En 1950, il fit donner salle Pleyel deux cantates : La longue marche, sur un poème de Mao Tsé Tung, chanté par la chorale juive et Paix aux hommes par millions, poème de Maïakowsky, par la Chorale populaire de Paris. Aux côtés de Serge Nigg et de Michel Philippot, il s’attacha à exprimer dans sa musique la vie poupliares et les luttes.

À partir de 1950, Louis Durey signa régulièrement des critiques musicales dans l’Humanité. Il avait soutenu le manifeste de Prague de 1948 qui appelait les musiciens progressistes à entreprendre une démocratisation des formes musicales, à combattre l’individualisme musical. Dans cet esprit il s’intéressa aux chants traditionnels et reconstitua les chants polyphoniques de la Renaissance. Il reçut le Grand prix de la musique en 1961. Trois ans plus tard, la Bibliothèque nationale organisa une exposition de ses manuscrits et souvenirs. Il composa jusqu’en 1974.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23495, notice DUREY Louis, Edmond par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 5 novembre 2009.

Par Claude Pennetier

ŒUVRE : Parmi les œuvres ayant une dimension engagée, La Bataille de la vie. L’oiseau blanc, "un reportage sur le congrès mondial des partisans de la paix et le rassemblement de Buffalo", Paris, 1949, Noir et blanc, sonore, 48 min ; réalisateur : Louis Daquin (conservé aux Archives française du film, à la BNF, au Forum des images).

SOURCES : Frédéric Robert, « Les constructeurs », Révolution, n° 402, 13-19 novembre 1987. — « Louis Durey », Almanach de l’Humanité, 1988. — Frédéric Robert, Louis Durey. L’aîné des Six, Paris, 1968. — Alain Pâris, « Louis Durey » in Universalia, 1980. — Théodore Baker, Nicolas Slonimiky, Dictionnaire des musiciens, Robert Laffont, 1995. — Larousse de la musique, t. 1, 1982. — Hélène Jourdan-Morhange, Mes amis musiciens, Les Éditeurs français réunis, 1955. — Alain Lacombe et François Porcile, Les musiques du cinéma français, Bordas, 1995. —Notes de J.-P. Morel et P. Ramseyer.

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