PUISSANT Thomas et Hubert-Joseph.

Par Freddy Joris

Ouvriers dans le secteur textile, pionniers des premiers mouvements sociaux à Verviers (pr. Liège, arr. Verviers) au XVIIIe siècle.

Le patronyme « Puissant » est fort peu fréquent à Verviers au XVIIIe siècle. Thomas Puissant est un des meneurs d’une manifestation de tisserands verviétois protestant, le 25 mai 1746, contre la perte de leur travail en raison des commandes confiées par les fabricants de draps à des tisserands de Stembert et d’Andrimont, deux villages voisins (aujourd’hui commune de Verviers). Une partie des émeutiers, dont Puissant, envahit l’hôtel de ville pendant une réunion des autorités, ce qui provoque l’envoi à Verviers par le prince-évêque de Liège d’une troupe de soixante militaires qui y arrivent le surlendemain, 28 mai. Thomas Puissant est arrêté et détenu jusqu’en septembre.
Du 26 au 28 juin 1759, de nouvelles émeutes éclatent : cette fois, ce sont les tondeurs (chargés de la finition des draps après leur tissage) qui réclament de ne plus être payés en monnaie étrangère (frappée dans les Pays-Bas autrichiens ou à Aix-la-Chapelle) sous-évaluée, comme les patrons le tentent régulièrement. Trente hommes de troupe sont envoyés par le prince-évêque, ainsi qu’un de ses conseillers, l’ancien bourgmestre de Liège Jean-Remy de Chestret, pour enquêter sur les griefs des ouvriers. De Chestret reçoit une pétition de quatre tondeurs dont un Hubert-Joseph Puissant.
On retrouve un Hubert-Joseph Puissant en tête des signataires d’une pétition des tondeurs de neuf entreprises verviétoises, pétition adressée aux autorités communales le 25 novembre 1794 pour réclamer de ne plus être payés en billets que les commerçants refusent d’accepter (il s’agit des assignats de la République française). Ce Puissant, né le 27 octobre 1733, a donc alors 61 ans et pourrait être le même que le signataire de la pétition de 1759, année où il en avait 35.
Parmi les autres ouvriers verviétois identifiables pour leur participation aux premières revendications ouvrières au XVIIIe siècle et tout début du XIXe, on peut citer :
-  les tondeurs, Léonard Deponton, Jean-Joseph Lafontaine, Jean Leclerc et Simon Thiry, dénoncés par le fabricant de draps Simonis comme étant les meneurs de l’émeute de juin 1759 dans ses ateliers ;
-  les tondeurs, Ambroise Collard, Jean-Léonard Damseau et Etienne Niman, cosignataires avec Henri-Joseph Puissant de la pétition de juin 1759 ;
-  les tondeurs, B.A. Bourson, Etienne Imar, Jean Baillot et Charles Blondel de Verviers, Sébastien Idon, Léonard Maigret, Pierre Joseph Groye et Thomas Body d’Ensival, F. Franck, Servais Spiroux, Henri Jangoux et Henri Renardy de Francomont, Hubert Purlot, Jean-Guillaume Cornet Lejeune, Nicolas Mauhin et Arnold Lombar de Hodimont, créateur à la suite des émeutes de 1759 du premier syndicat verviétois, clandestin, binational (réunissant des tondeurs de localités situées les unes dans les Pays-Bas autrichiens et d’autres en Principauté de Liège), et considéré comme un des ancêtres du syndicalisme en Belgique ;
-  Jean-François Thisquenne, tondeur chez Biolley, arrêté le 27 mai 1806 pour y avoir déclenché un mouvement contre un accroissement de productivité, détenu durant vingt jours, puis contraint de signer un acte de soumission et amené à quitter ensuite la ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235001, notice PUISSANT Thomas et Hubert-Joseph. par Freddy Joris, version mise en ligne le 2 décembre 2020, dernière modification le 3 décembre 2020.

Par Freddy Joris

SOURCE : JORIS F. et POTELLE J.-F., Verviers, 250 ans de Résistance, Mons, Le Cerisier, 2009.

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