DUROMÉA André, Jean

Par Paul Boulland

Né le 5 septembre 1917 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 16 mars 2011 à Dieppe (Seine-Maritime) ; ajusteur, artisan serrurier ; militant communiste, membre du secrétariat de la fédération PCF de Seine-Inférieure (1956-1961) ; maire (1971-1994) et député du Havre (1967-1986, 1988-1993), sénateur (1986-1988).

[Assemblée nationale]

Titulaire du certificat d’études primaires et d’un CAP d’ajusteur, André Duroméa fut apprenti dans l’atelier de son père. Il travailla dans la métallurgie havraise, à la CEM, avant la Seconde Guerre mondiale. Il adhéra en 1936 au Parti communiste et milita à la CGT. Entre 1937 et 1939, il fut secrétaire de sa cellule, responsabilité interrompue par son service militaire entre novembre 1938 et décembre 1939. Malade, hospitalisé à l’hôpital général du Havre, il fut réformé en décembre 1939 et ne fut pas mobilisé lors de la drôle de guerre. Contraint à l’inactivité par ses problèmes de santé, il reprit finalement contact avec l’organisation communiste clandestine, au Havre, en septembre 1940, par l’intermédiaire de René Cance*. Il fut immédiatement chargé du secrétariat à l’organisation de la section du Havre.

En mars 1942, il quitta son domicile pour rejoindre les FTPF à l’appel de Marcel Dufriche*, devenant permanent de l’organisation sous le pseudonyme de Georges, comme chef de détachement puis commissaire militaire régional à partir de septembre. En mars 1943, une série d’arrestations dans le département le conduisirent à entrer totalement dans la clandestinité. À cette époque, la police française et allemande perquisitionna son ancien domicile et arrêta son père, déporté à Maidanek où il mourut, et son épouse Noëlla, née Chicot, fut déportée à Ravensbrück, Lublin-Majdaneck et finalement Buchenwald d’où elle fut libérée le 23 avril 1945. Après quelques semaines au vert, André Duroméa reprit son activité sous la responsabilité d’André Ouzoulias*. Dans les mois suivants, André Duroméa resta sous l’aile d’Ouzoulias, comme militaire inter-régional de mai à septembre 1943 puis comme commandant de subdivision jusqu’à son arrestation en mars 1944. En janvier 1944, lors d’un rendez-vous à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), il avait échappé de peu à l’arrestation, malgré les coups de feu de la police. Le 7 mars 1944, alors qu’il se rendait à un comité militaire à Nogent-Le Perreux, il ne put éviter les balles de la BS2. Blessé à la cuisse, il fut arrêté et emmené à la Salpêtrière puis à la prison de Fresnes. Interrogé à plusieurs reprises par la BS, la brigade mobile de Rouen et la Gestapo, entre mars et mai 1944, il parvint, semble-t-il, à éviter d’autres chutes. Déporté en Allemagne via le camp de Compiègne, il arriva à Neuengamme le 31 juillet 1944. Il fut ensuite envoyé en kommando à Blumenthal où il resta jusqu’en avril 1945, malgré plusieurs tentatives d’évasion. Il fit alors partie des milliers de déportés qui furent transférés sur des bateaux, dans la baie de Lübeck. Les navires furent bombardés par l’aviation britannique le 3 mai 1945, causant la mort d’environ 7500 personnes. André Duroméa se trouvait sur le seul navire épargné, l’Athen. Il fut finalement libéré par les Britanniques à Neustadt. Il fut homologué au grade de lieutenant-colonel FFI.

À son retour au Havre, André Duroméa devint secrétaire à l’organisation de la section communiste. Fin juillet 1945, dans une lettre à son ancien responsable André Ouzoulias, il se disait déçu de l’attitude de certains dirigeants locaux et ajoutait : « Alors je repense à notre lutte, je pense à tous nos camarades qui ont donné leur vie généreusement pour leur idéal, pour notre pays. J’avais conçu un autre point de vue sur le dévouement et l’esprit de sacrifice. Et tout ce monde essaie à présent d’accéder au poste de direction. » Toutefois, son prestige de militant clandestin s’imposa dans la section, dont il resta secrétaire à l’organisation, et lui valut d’entrer au comité fédéral de Seine-Inférieure. En janvier 1947, Victor Michaut rappelait ces qualités en indiquant « très courageux, combattant héroïque de l’illégalité [...] intégrité absolue, sérieux, apte à se développer politiquement. Très populaire dans sa section ».

Élu conseiller municipal du Havre en 1947, premier adjoint en 1965, il fut maire du Havre, à la suite de René Cance*, de 1971 à 1994 (démission), laissant une œuvre importante, dont la Maison de la culture dite « le Volcan ». Il fut également conseiller général du 3e canton du Havre de 1958 à 1976.

Député de Seine-Maritime de 1967 à 1986 et de 1988 à 1993, il avait été sénateur entre 1986 à 1988.

Chevalier de la Légion d’honneur au titre de son action de Résistance en 1949, il devint officier en 1999 et commandeur en 2006.

André Duroméa était père d’une fille, Monique, née de son premier mariage avec Noëlla Chicot [Marguerite Andrée Noëlla Chicot], née le 31 décembre 1914 à Bolbec (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), morte 20 novembre 2011. Divorcé, il avait épousé en secondes noces Marthe Mulot.

Par décision du conseil municipal de la ville du Havre du 16 avril 2012, rendant hommage à celui qui avait initié le projet et la réalisation de la plage du Havre, la Promenade Duroméa en front de mer, porte désormais le nom de l’ancien député- maire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23509, notice DUROMÉA André, Jean par Paul Boulland, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 juillet 2020.

Par Paul Boulland

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Communiqué par Jacques Defortescu

ŒUVRE : André Duroméa raconte : la Résistance, la déportation, Le Havre., Messidor/Éditions sociales, 1987.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — André Duroméa, André Duroméa raconte : la Résistance, la déportation, Le Havre, Messidor/Éditions sociales, 1987. — Presse. — Documents de Jacques Defortescu, renseignements transmis par Daniel Renouf, Catherine Bryson et Monique Duroméa, épouse Renouf.

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