LABRIE Oscar, Alexandre [Dictionnaire des anarchistes]

Par Dominique Petit

Né le 24 août 1861 à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) ; mort le 21 août 1918 à Paris (XVIIIeme arr.) ; mécanicien, marchand de vins ; anarchiste de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

Oscar Labrie travaillait dans les ateliers de l’usine Farcot de Saint-Ouen, fabricant de machines à vapeur. En même temps, il faisait tenir son commerce de marchand de vins par Marie Thomas, sa maîtresse, et sous-louait une partie de son logement à Patrocle Berthon, un conseiller municipal socialiste de Saint-Ouen, qui était son locataire, peut être même son camarade.
Le 13 avril 1889, Patrocle Berthon alors qu’il avait déjà bu, se présenta au débit de vins où se trouvait seule Marie Thomas. Il s’était introduit dans la chambre a coucher de Labrie et tenta de la violenter.
Lorsque Labrie, rentra de son travail, il trouva Berthon sur son lit, il se contenta de le secouer vertement et le chassa de chez lui.
Ce n’est que vers huit heures du soir qu’il s’aperçut de la disparition d’une somme de 350 fr. en billets de banque, d’un billet à ordre de 500 francs, d’un écrin contenant des bijoux, et différents papiers de valeur, dans son armoire à glace.
Une partie du vol fut retrouvé chez Berthon par la police lors d’une perquisition, mais Labrie renonça à sa plainte disant avoir retrouvé les 350 francs, peut-être sous la pression de la municipalité, selon Le Journal de Saint-Denis. Berthon fut libéré.
Oscar Labrie faisait partie, au début des années 1890, du groupe l’Avenir de Saint-Ouen dont étaient également membres Galau (père et fils), Bernaix, Pernin et Nicolas Chauman. Ses adhérents, au nombre de soixante, se réunissaient rue des Roziers et Gustave Mathieu en était l’orateur le plus écouté et le propagandiste le plus énergique.
En août 1890, Gustave Mathieu se serait rebellé contre les agents qui avaient voulu l’arrêter, avenue des Batignolles, à la sortie d’une réunion chez Labrie.
Les anarchistes qui avaient pour animateur Viard, le marchand de vernis, se réunissaient dans le débit de boissons de Labrie et y faisaient des conférences puis des soirées chantantes.
La police fit des observations à Labrie, il n’en tint pas compte. Quelques rixes entre les compagnons et les agents éclatèrent même sur la voie publique, à la sortie de ces réunions.
Le 9 février 1891, le compagnon Mathieu, qui venait de purger une condamnation à un mois de prison, fit une conférence sur les prisons, salle Labrie, 76 avenue des des Batignolles.
Après la mort de Viard, Mathieu et d’autres, déposèrent chez Labrie des marchandises soustraites à la succession Viard. Labrie ne fut fut pas inquiété à ce sujet et depuis cette affaire, il avait cessé de recevoir chez lui ouvertement les anarchistes. Il savait sa maison surveillée de près par la police.
Il figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 26 décembre 1893.
Labrie avait perdu coup sur coup plusieurs enfants qu’il adorait. Il venait d’être père de nouveau, lorsque dimanche matin, 1er juillet 1894, M. Leproust, commissaire de police de St-Ouen, se présenta chez lui pour l’arrêter. La perquisition ne donna aucun résultat. Il fut inculpé d’association de malfaiteurs. Le 4 juillet, le juge d’instruction Anquetil demanda à la Préfecture de police des renseignements sur ses relations avec « le parti anarchiste ». Ils lui furent transmis le 6 juillet.
Une pétition était adressée à M. Anquetil, lui demandant sa mise en liberté.
Le 29 septembre 1894, il se maria à Saint-Ouen avec Marie Thomas, marchande de vins.
Oscar Labrie figurait sur l’état récapitulatif des anarchistes au 31 décembre 1896. Il habitait 41 boulevard Victor Hugo à Saint-Ouen. Sur l’état de 1901, il était noté « rayé le 11 juillet 1895 ».
Son dossier à la Préfecture de police portait le n°1.814.
Le 30 juin 1896, Oscar Labrie était déclaré en faillite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235144, notice LABRIE Oscar, Alexandre [Dictionnaire des anarchistes] par Dominique Petit, version mise en ligne le 5 décembre 2020, dernière modification le 11 décembre 2020.

Par Dominique Petit

Photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York
Fiche photo anthropométrique Alphonse Bertillon. Collection Gilman. Métropolitan museum of art. New-York

SOURCES :
Archives de la Préfecture de police Ba 1499, 1500 — Les anarchistes contre la république de Vivien Bouhey. Annexe 56 : les anarchistes de la Seine — Le Journal de Saint-Denis 17, 21, 25 avril 1889, 24 août 1890, 8 février 1891, 8 juillet 1894 — La Loi 26 juillet 1896 — Archives départementales de Seine-Saint-Denis. Etat civil — Archives départementales du Val-de-Marne. Etat civil.

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