GUYON Louis, Auguste

Par Jean-Michel Steiner

Né le 22 mars 1894 à Alais (Gard), mort le 21 décembre 1986 à Saint-Jean-Bonnefonds (Loire) ; ouvrier mineur dans le Gard, le Pas-de-Calais et la Loire ; militant CGT et PCF ; résistant FTPF ; secrétaire de la Fédération régionale de la Loire des mineurs (1944-1949) ; membre du bureau de la Fédération de la Loire du PCF

Louis Guyon en 1945
Louis Guyon en 1945

Louis, Auguste Guyon était le fils aîné de Louis Auguste, mineur, né en 1865 à Saint-Julien de Cassagnas (Gard), et de Sergier, Valérie, Augustine, née en 1871 à Saint-Florent. Le couple habitait boulevard de Rochebelle à Alais. Le 28 mars 1896, lorsque naquit leur second fils, Yvon, Henri, ils habitaient dans le quartier des hautes prairies. Quelque temps après, la famille quitta le Gard pour le bassin du Pas-de-Calais. Établie à Barlin, elle s’agrandit de deux autres garçons : Raymond, le 6 mars 1898 et René, le 2 octobre 1901. Une nouvelle migration les conduisit à Bruay-en-Artois où le 26 avril 1904 naquit Marcel et le 16 janvier 1906, Marceau. En 1911, le père et ses deux aînés, Louis Auguste (17 ans) et Yvon (15 ans), travaillaient comme “houilleurs” à la fosse 5 de la Compagnie de Bruay.

Incorporé le 12 septembre 1914, Louis, Auguste Guyon resta au front dans différents régiments d’infanterie (107°, 283°, 84°, 35°, 372°). Blessé le 8 mars 1916, au Mort Homme (Meuse), il fut hospitalisé dans plusieurs établissements jusqu’en juillet 1918. Détaché le 18 février 1919 à la Cie PLM à Nîmes, il fut réformé le 17 juillet 1919.

Après la Grande Guerre, il retourna dans le Gard, où il se maria le 7 octobre 1922, avec Berthe Baud à Saint-Jean de Valeriscle. Lors du recensement de 1925, il se déclara représentant de commerce. Il vivait à Nîmes au début des années 1930. Dans les années suivantes il reprit son métier de mineur. En août 1937, il était le secrétaire du syndicat CGT des mineurs de Saint-Julien-de-Cassagnas. En 1939, il était domicilié à Saint-Jean de Valeriscle (Gard). Son nom apparaît dans plusieurs rapports de police.

Le 2 juin 1940 une récapitulation commune par commune désigna clairement Louis Guyon et son épouse, comme relais de la propagande communiste. Suite à une demande d’enquête envoyée par le Ministre de l’Intérieur au Préfet du Gard, le 27 août 1940, le sous-préfet d’Alès répondit le 14 septembre 1940 : « L. Guyon, ouvrier - mineur, était jusqu’en 1939 un dirigeant communiste de la cellule de Clet - Meyrannes (qui comprenait de nombreux mineurs, car Clet - Meyrannes est limitrophe de la commune minière de Molières). Il a été soldat pendant 4 mois puis il est revenu en janvier 1940 à Meyrannes en affectation spéciale comme ouvrier - mineur. Reprenant alors une certaine activité politique, il a fait l’objet, au début de juin 1940, d’une mesure d’internement au camp de Privat ». À la fermeture de ce camp, le 30 janvier 1941, il fut transféré à Nexon, en Haute-Vienne. Il s’en évada pour rejoindre la Résistance. Interrégional FTPF, il se déplaça dans tout le Sud-est, notamment avec une carte d’identité n°7885, délivrée le 10 juin 1943 par la mairie de Toulon au nom de "Lacroix, Marceau, André, Géomètre. Né le 22 mars 1894 à Alger. Domicilié 3 rue d’Isly à Toulon". Il conserva jusqu’à la fin des hostilités le pseudonyme de Marceau qu’il avait vraisemblablement choisi en pensant au prénom de son petit frère. Dans le Var, Jean Seine chargea Guyon - Marceau de superviser l’action syndicale chez les mineurs des Bouches-du-Rhône et du Var.

Louis Guyon vint s’installer à Saint-Étienne en septembre 1944. Dès les premiers jours suivant la Libération, il apparut comme un des principaux acteurs de la Fédération de la Loire des mineurs et à ce titre il écrivit de nombreux articles dans Le Cri du Peuple, organe de la Fédération PCF de la Loire. À l’automne 1944, il lança de nombreux appels à produire pour l’effort de guerre. Le 9 mars 1945, il protesta contre la nomination à la direction des Mines de la Sarre de Perrin Pelletier, l’ancien directeur des mines de Roche-la-Molière : « une provocation qui ne peut que compromettre la participation des mineurs de la Loire à la victoire de la France ». Il réclama à plusieurs reprises (mars et mai 1945) une sensible augmentation des salaires de la corporation. Pour appuyer cette revendication, il appela à une grève de 24h le 23 mai. Le 3 juillet, il salua l’élection de tous les candidats de la CGT aux fonctions de délégués mineurs dans les puits du bassin.

Membre du Bureau fédéral du PCF de la Loire à la Libération, Louis Guyon fut secrétaire de la Fédération des Mineurs CGT de la Loire de 1944 à 1948. À ce titre, il fut un des principaux organisateurs de la grève d’octobre-novembre 1948, coordonna l’action du comité de grève du bassin, et assista aux funérailles d’Antonin Barbier dans les premiers rangs du groupe des syndicaliste, derrière Alain Le Léap et Augustin Duguet, ainsi que le montre un cliché de Willy Ronis.
Après l’échec de la grève, il semble avoir rencontré une certaine opposition de la part de la jeune génération – Joseph Sanguedolce et Fernand Barthélémy et fut écarté de la direction au congrès de 1949.

À son arrivée dans la Loire, il s’installa d’abord dans le quartier du puits Couriot, puis habita 5 place Garibaldi, dans le quartier du Soleil, avec son épouse, son fils, André, ajusteur, né en 1931 et sa belle fille Simone Valentin.
Louis Guyon habitait à Saint-Jean Bonnefonds lorsqu’il mourut en 1986.

Louis Auguste Guyon fut nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 16 octobre 1946, publié au Journal Officiel du 17 octobre 1946, pris sur le rapport du ministre de l’Industrie et de l’Aménagement du territoire en qualité de secrétaire de la Fédération régionale des mineurs de la Loire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235151, notice GUYON Louis, Auguste par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 6 décembre 2020, dernière modification le 14 juin 2021.

Par Jean-Michel Steiner

Louis Guyon en 1945
Louis Guyon en 1945

SOURCES : Arch. Dép. Pas-de-Calais : 3E083/20, Barlin, naissances 1896-1902 - 3E178/43, Bruay-en-Artois, registre des décès, 1911 - recensement 1911 - 1 R 8298, registre de matricule n°3432. — Arch. Dép. Gard : 5 E 5210, État-civil de St-Julien de Cassagnas (1863-1872) ; 5 E 4912, État-civil de St-Florent-sur-Auzonnet (1863-1872) ; 5 E 7078, Alès naissances 1894 ; 1 M 726, dossiers nominatifs, fiches individuelles et listes nominatives des communistes faisant l’objet d’une surveillance par les autorités de police dans le département du Gard (1920-1939) ; 1 M 759, communistes cégétistes (1940-1941) ; 6 M 339 : Saint-Julien-de-Cassagnas, Recensement de 1936 — Arch. Mun. d’Alès en ligne, CD6/145 & 146. Naissances (1893-1896) ; 1F12, Recensement de 1896. — Arch. Mun. de Saint-Étienne : 1 K 45, liste électorale de 1946 ; 1 K 61, liste électorale de 1950. — La Tribune des mineurs du Gard, organe mensuel du Syndicat régional unitaire des mineurs du Gard. — Le Cri du peuple, organe de la Fédération de la Loire du Parti communiste. Courrier de la grande chancellerie de la Légion d’Honneur du 7 juin 2021.
Notes communiquées en 2019 par Fabrice Sugier. — Témoignage de Micheline Guyon, belle fille de Louis Guyon (2004).
BIBLIOGRAPHIE : « La reconstruction d’un syndicalisme clandestin dans le bassin minier d’Alès », in Claude Émerique, Laurent Pichon, Fabrice Sugier, Monique Vézilier, La Résistance dans le Gard, Paris, Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI), 2009 — Sugier Fabrice, La classe ouvrière et le mouvement ouvrier dans les mines de charbon du bassin d’Alès 1914-1922, Thèse Histoire Paris 8, 1990 — Sugier Fabrice, Les Mineurs des Cévennes, Montpellier, Espace sud Éditions, "L’Univers des Hommes", t1 1993, 286 p, t2 1994, 452 p. — Sugier Fabrice, "Les mineurs du Gard face à la guerre 1900-1914" — Sugier Fabrice. "La Première Guerre mondiale et le déclin du contrôle social dans les mines du Gard (1914-1922)", in Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, tome 103, N°194, 1991. p. 215-230. — Sentis Georges, Sugier Fabrice, Decriem Bruno, Les luttes des mineurs de 1940 à 1944, Association Mai-juin 1941, Ed. Marxisme-Régions. — Steiner Jean-Michel, Métallos, mineurs, manuchards : Ouvriers et communistes à Saint-Étienne (1944-1958), Saint-Étienne, PUSE, 2015. — Steiner J-M (coordination), Bedoin M, Monneret J-C, Porte C, 1948 : les mineurs stéphanois en grève. Des photographies de Léon Leponce à l’Histoire, Saint-Étienne, PUSE, 2011.

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