DURRMEYER Pierre, Georges [fils] [DURRMEIER]

Par Pierre Schill

Né le 25 septembre 1907 à Montois-la-Montagne (Lorraine annexée), mort le15 avril 1986 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; ouvrier à l’usine de Rombas (Moselle) ; membre du Syndicat unitaire des ouvriers métallurgistes de Moselle, membre du bureau de l’UD-CGT de la Moselle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; résistant à Marseille, déporté à Dachau.

Pierre Durrmeyer fils
Pierre Durrmeyer fils
Collection Pierre Schill

Fils de Pierre Durrmeyer*, militant communiste, et de Caroline née Solt qui eurent sept enfants, Pierre Durrmeyer se maria, le 29 avril 1963 à Marseille, avec Marcelle Louise Emma née Durand, ils eurent deux filles.

Il entra, sous l’influence de son père, dans les organisations communistes. En août 1931, il fut inquiété par la police de Rombas (Moselle) pour avoir distribué des tracts communistes.

En janvier 1933, Pierre Durrmeyer et trois autres militants communistes dont Charles Friedrich*, avaient été condamnés pour « divulgations de documents intéressants la défense nationale ». C’est en sa qualité de gérant de L’Humanité d’Alsace-Lorraine qu’il était mis en cause pour la publication dans le journal communiste des 17 et 21 septembre 1932 d’articles sur les ouvrages de Ligne Maginot alors en construction en Lorraine. Il s’agissait en fait de la reproduction d’un article du Temps sur l’organisation de frontières. Maurice Thorez évoqua cette affaire lors d’une allocution à l’Assemblée nationale en avril 1933.

Il fut condamné le 18 janvier 1933 par le tribunal correctionnel de Metz (Moselle) à un de prison, cinq cents francs d’amende, dix ans d’interdiction de séjour et à la perte de ses droits civiques. Il est emprisonné mais se présente libre en appel. La peine fut confirmée en appel par le tribunal de Colmar (Haut-Rhin) à l’été 1933. Il refusa de retourner en prison et décida de quitter la France pour aller en Russie où il aurait suivi les cours de l’école Lénine de Moscou. Il serait resté deux ans en Union soviétique mais certaines sources policières le signalent en Moselle à la même période. Pierre Durrmeyer rentra clandestinement en France et s’installa, semblerait-il sur instruction du Parti communiste, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il vécut sous une fausse identité et œuvra à la consolidation des Jeunesses communistes de la ville avec la collaboration de Gaston Chevalier, François Billoux et Victor Joannès*. Il fut notamment chargé de la liaison avec l’Espagne où il effectua plusieurs voyages pendant la guerre civile.

Au moment de la mobilisation générale de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Durrmeyer était porté déserteur. Le parti lui conseilla de rentrer en Moselle pour être mobilisé. À son retour il fut emprisonné à la prison de la rue Maurice Barrès à Metz où il resta quelques jours. À sa libération il fut intégré à l’armée française et cantonné à Châlons-sur-Marne (Marne) où il monta secrètement une cellule du Parti communiste interdit. Cela lui valut d’être une nouvelle fois arrêté et emprisonné.

Pierre Durrmeyer put s’échapper après le bombardement de la prison au moment de l’offensive allemande de 1940. Il retourna clandestinement à Marseille où il participa à la résistance sous le pseudonyme de Jean Ravière. À partir d’octobre 1940, il organisa les premiers groupes armés de résistance de la ville de Marseille et diffusa la propagande clandestine du Front national. Probablement dénoncé c’est en se rendant à un rendez-vous clandestin qu’il fut filé par un des hommes des brigades spéciales. Arrêté et condamné, il fut d’abord emprisonné au fort Saint-Nicolas de Marseille puis transféré à l’été 1941 à la prison de Nîmes (Gard). Pierre Durrmeyer fut enfin ensuite transféré à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) où furent détenus plus de mille résistants. Il prit part à l’insurrection des 19 et 20 février 1944 au cours de laquelle certains résistants tentèrent une évasion de masse. Après l’échec de la révolte, Pierre Durrmeyer fit partie des résistants transférés au camp de Compiègne (Oise) puis déportés au camp de Dachau (Allemagne) où il resta jusqu’à sa libération.

À son retour, il s’installa à nouveau en Moselle où il fut rejoint par ses deux filles et sa compagne. Pierre Durrmeyer obtint de la municipalité communiste d’Hagondange, dirigée par Paul Lamm*, un emploi de concierge dans une école de la ville. Il travailla ensuite comme ouvrier à l’usine de l’UCPMI et participa à l’organisation de la grève des mineurs du bassin houiller lorrain en octobre-novembre 1948.

Le 13 avril 1947 à Metz, il participa au congrès de l’UD-CGT de la Moselle. Il intervint de manière critique contre le rapport moral de Paul Entzmann*. Il fut élu au nouveau bureau de l’UD au poste d’assesseur où il représentait le syndicat de la métallurgie.

Il prit part à la rupture au sommet de la CGT mosellane entre Paul Entzmann et René Schwob* qui se précisa lors de la réunion de la commission administrative de l’UD le 19 novembre 1947 à Metz. La commission administrative de l’UD de la Moselle se rangea du côté des ex-unitaires et le débat entraîna la mise en minorité du secrétaire général de l’USTM, René Schwob.

Pierre Durrmeyer et sa famille quittèrent la Lorraine pour retourner à Marseille à l’été 1959. Il travailla dans une petite entreprise de la ville et recommença à militer dans les organisations communistes de la cité phocéenne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23521, notice DURRMEYER Pierre, Georges [fils] [DURRMEIER] par Pierre Schill, version mise en ligne le 14 janvier 2013, dernière modification le 16 octobre 2019.

Par Pierre Schill

Pierre Durrmeyer fils
Pierre Durrmeyer fils
Collection Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 303 M 180 ; 151 W 149, 150 et 191 ; 24 Z 15 et 16. — Arch. personnelles de Marguerite Obrecht née Durrmeyer, sa sœur : témoignage écrit de Robert Bourrel, déporté résistant de Marseille. — Renseignements fournis par Marguerite Obrecht et par Gisèle Punzo, sa fille. — Henri Lorang, Luttes, Espoirs, Libertés. Les masses laborieuses de Moselle, 1789-1950, s.d.. — État-civil de Montois-la-Montagne. — Le Livre Mémorial.

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