DURROUX Jean, François, Étienne

Par Gilles Morin

Né le 6 juillet 1910 à Betchat (Ariège), mort le 21 mai 1964 à Toulouse (Haute-Garonne) ; professeur de lycée, résistant, membre du Comité départemental de Libération ; élu socialiste de l’Ariège ; secrétaire de la fédération socialiste clandestine, puis de la fédération SFIO (1944-1946 et 1954) ; maire de Betchat (1944-1964), conseiller général des Cabannes (1951-1964), député de l’Ariège (1945-1962).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

Fils de Jean, François, Xavier Durroux, agriculteur-propriétaire, et d’Euphrasie, Marie-Anne Besse, institutrice, Jean Durroux, élève au collège de Saint-Girons (1922-1928), puis au lycée de Toulouse où il obtint un baccalauréat de philosophie, fit une année préparatoire à l’École normale supérieure. Il obtint deux certificats d’allemand à la Faculté des lettres et créa alors l’Union syndicale des étudiants de Toulouse. Il fut maître d’internat à partir de 1930, à Vic-Bigorre, Foix puis Toulouse. Après une année de service militaire à l’État-major de la 17e région, il exerça aux lycées de Confolens et d’Angoulême, puis à partir d’octobre 1938 au lycée de Foix comme professeur adjoint. Marié le 18 septembre 1937 à Betchat, à Andrée Vergé, originaire de Foix, ils eurent trois enfants.

Jean Durroux était depuis 1933 membre des Jeunesses socialistes et du Parti adulte, mais ne fut qu’un simple militant à la fédération socialiste SFIO de l’Ariège jusqu’à la guerre. Il aurait appartenu aux Amis de l’URSS.

Moblisé en 1939 au 4e BCI, il fut démobilisé le 27 juillet 1940, comme soldat de deuxième classe. Il reprit ses fonctions d’enseignant. Résistant au côté d’Irénée Cros qui fut assassiné par la Gestapo, après l’arrestation d’une dizaine de ses camarades, il quitta ses fonctions au lycée en décembre 1943. Responsable de la diffusion du journal Combat, il fut désigné comme secrétaire de la fédération socialiste de l’Ariège dans la clandestinité, puis comme chef régional de Combat. Il appartint aux MUR et au MLN. Il devint membre du Comité de Libération du département et conserva le secrétariat de la fédération socialiste ariégeoise à la Libération, du 25 août 1944 à 1946. Il fut par ailleurs délégué à la propagande des mouvements de la Résistance de la zone-sud. Ses services dans la Résistance furent validés du 2 octobre 1942 au 3 septembre 1944 et il fut décoré de la Croix de guerre 1939-1945.

Le rôle qu’il joua dans la Résistance, la place restée libre à la tête du Parti socialiste par l’exclusion des députés Rauzy et Soula et par l’assassinat du troisième, François Camel, projetèrent Jean Durroux au premier rang après guerre.
Élu maire de Betchat (500 habitants) en avril 1945 (constamment réélu) puis député dès octobre 1945 (il était tête de liste SFIO), Jean Durroux siégea à la commission de la justice et à celle de l’Éducation nationale. Il fut toujours réélu jusqu’en novembre 1962, dans la circonscription de Foix. Il fut membre des commissions de l’agriculture (1946-1951), de la production industrielle et du ravitaillement, puis de la commission des pensions et de celles du travail et de la Sécurité sociale (1949-1951). Il siégea par la suite aux commissions de l’intérieur (1951-1958), de la famille et de la santé publique et de la population (1951-1956), des affaires économiques et fut secrétaire du bureau de l’Assemblée nationale à partir du 13 janvier 1954, jusqu’en 1958.

Les 7 et 14 octobre 1951, Jean Durroux se présenta pour la première fois dans le canton des Cabannes où il avait peu d’attaches. Il fut élu difficilement au deuxième tour, le désistement des communistes lui étant assuré. Il fut premier vice-président du conseil général en 1955-1958. En mars 1964, il fut réélu avec 70,7 % des suffrages au premier tour.

Membre du bureau fédéral de la SFIO en 1953, il redevint secrétaire fédéral de février à mai 1954. Puis il siégea à la commission exécutive fédérale en mai 1954. En juin 1958, il vota contre l’investiture du général de Gaulle, mais ne prit pas part au vote relatif à la révision constitutionnelle. En novembre 1958, Jean Durroux fut l’un des rares députés socialistes réélus (18 sur 98 sortants). La campagne électorale fut particulièrement animée : il dénonçait dans sa deuxième profession de foi « de véritables nervis qui ont tenté en vain de troubler nos réunions par le vacarme, les injures et les menaces ».

Membre de la commission chargée d’étudier la politique économique, financière et sociale au conseil national de la SFIO des 10-11 janvier 1959, il fut candidat au comité directeur, sans succès, au congrès national de 1959. Il avait été évincé de la commission exécutive fédérale de la SFIO, lors du congrès fédéral du 5 juillet 1959. Indiscipliné lors du scrutin sur les pleins pouvoirs du 2 février 1960, il assista à tous les congrès et conseils nationaux de la Libération à 1962 selon son témoignage (AGM 132).

En 1962, « pour d’impérieuses raisons de santé » selon son successeur, il se retira de la compétition législative, mais il demeura maire de sa commune natale et également conseiller général du canton des Cabannes où il avait été réélu en mars 1964, deux mois avant son décès.

Chevalier de la Légion d’honneur (au titre de la Résistance le 14 janvier 1948), il fut décoré de la Croix de guerre 1939-1945 et médaillé de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23522, notice DURROUX Jean, François, Étienne par Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 7 août 2021.

Par Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956]

SOURCES : Arch. Nat., F7/15501, n° 4311. F/1cII/114/D, 143, 201, 287, 318, 568, 743 ; F/1cIV/151, 157. — Arch. de l’Assemblée nationale. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Arch. OURS, dossiers Ariège et CR du congrès national extraordinaire de la SFIO à Paris (9-12 novembre 1944), p. 16. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 109, 114. — Profession de foi, élections législatives de 1956. — Le Monde, 23 mai 1964. — Notice DBMOF par J. Raymond.

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