MÉZART Félix

Par Eric Panthou

Né le 20 juillet 1896 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort en déportation le 25 novembre 1944 au camp de Dora (Allemagne) ; ouvrier caoutchoutier chez Michelin ; licencié pour fait de grève ; syndicaliste CGT, délégué d’atelier ; membre du Parti communiste (PCF) ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Fils de Vital, terrassier et de Jeanne, née Troisville, sans profession, Félix Mézart, parfois orthographié Mézard était tôlier chaudronnier, ajusteur mécanicien monteur, embauché chez Michelin à Clermont-Ferrand à l’atelier des Michelines. Il était marié à Palmyre Barlet depuisle 28 août 1920, à Thoras (Haute-Loire). Le couple eut une fille née le 10 mai 1921. La famille habitait Cité Michelin de la Plaine, 17 rue de la Vaillance, à Clermont-Ferrand.
Syndiqué à la CGT réunifiée depuis l’automne 1935 chez Michelin, il fut licencié avec quelques dizaines d’autres camarades à l’issue d’une grève de solidarité en févier 1936 pour s’opposer au renvoi du secrétaire du syndicat, Henri Verde.

Le 6 juin 1936, Mézard se trouvait à la Maison du Peuple avec Robert Marchadier, lui aussi licencié en février, quand deux ouvriers cégétistes, Dessagne et Servajean, vinrent demander l’appui de l’UD pour organiser et généraliser la grève déclenchée dans leur atelier. Mézard appuya leur demande en précisant qu’il connaissait le moyen d’introduire le ou les militants de l’UD à l’intérieur de la grande usine de Cataroux sans passer par les portes d’entrée. Marchadier se proposa d’être celui qui interviendrait et le suivit. Les Michelines, sans doute à l’instigation de Mézard, débrayèrent à leur tour. Mézard et les autres licenciés de février furent repris à l’issue de la grève de deux semaines avec occupation en juin 1936. Leur réintégration faisait partie du cahier de revendication. Seuls Verde et Marchadier ne furent pas repris.
Mézard fut élu délégué CGT de l’atelier VM en 1939. Fin 1939, il a refusé de répondre au questionnaire UD en décembre 1939 demandant aux délégués CGT Michelin de dénoncer le pacte germano-soviétique et déclarant ne jamais avoir été membre du PCF. Il fut mobilisé en 1939. A son retour, Michelin se débarrassa de lui, comme plusieurs dizaines d’autres militants cégétistes ou communistes.

Le 6 décembre 1940, il fait partie d’une liste de personnes faisant de la propagande communiste à Clermont, remise la veille au commissaire par un informateur. Toutes mériteraient d’être internées selon cette personne.

Il fut arrêté le 22 juin 1943 par les autorités allemandes (SD selon son épouse) chez son patron, 73 rue Saint-Alyre à Clermont-Ferrand. L’administration française indique que le motif de l’arrestation lui est inconnu. Il a été arrêté par deux policiers allemands en tenue, de la feldgendarmerie accompagnés de son épouse après qu’ils soient passés à son domicile l’arrêter pour qu’elle les conduise à son mari. Il était alors salarié à la Société Générale des Constructions métalliques, Ateliers "Centrale-Brevets", très bien noté par son employeur. Son épouse fut immédiatement relâchée.
Selon la police française, il avait été affilé au PC puis avait cessé cette activité. Selon son épouse, il serait rentré dans la résistance armée le 10 janvier 1943 et aurait été arrêté à la fois pour son engagement dans les FTP mais aussi pour avoir hébergé des patriotes et requis du STO. Selon une enquête après guerre, son arrestation pourrait aussi être la conséquence de la découverte par les Allemands d’une liste de militants communistes.

En fait, Félix Mézart venait tout juste de rejoindre la résistance armée quand il a été arrêté. Il était membre du camp FTP Gabriel-Péri, avec durée des services homologués du 18 juin au 22 juin 1943.

D’abord emprisonné à Moulins (Allier), il a ensuite été envoyé le 2 août à Compiègne où il retrouva son camarade communiste clermontois Jean-Marie Mayet avec qui il a fait partie du convoi du 2 septembre 1943 au départ de Compiègne (convoi du 5 août selon son épouse), à destination de Buchenwald. Avec le matricule 20322 à Buchenwald, il fut parqué au petit camp, désigné à travailler au bassin de décantation, c’est-à-dire à délayer et malaxer les excréments à l’ad d’une longue latte de bois. Puis avec Mayet, ils furent affectés à une immense carrière où ils tiraient des wagonnets chargés de pierres, un travail épuisant où ils subissaient les coups de leurs gardiens dès qu’ils voulaient s’arrêter quelques instants. Après avoir été quelques jours au Revier suite à une blessure, Jean-Marie Mayet retourna à la carrière mais comme Félix Mézart avait été affecté en Kommando à Schönebeck, il demanda à le rejoindre. A son arrivée, on l’informa que Félix étant malade il était retourné à Buchenwald d’où il ne revint pas. C’est là qu’il est décédé le 25 novembre 1944.

Il a été reconnu Mort pour la France, homologué FFI (5 février 1948) avec le grade de sergent à compter du 1er juin 1943 puis DIR (le 26 novembre 1955) et la mention "Mort en Déportation" a été ajoutée par arrêté du 06/07/1995. Il a reçu à titre posthume la carte de Déporté-résistant. Son épouse a déposé en 1947 un dossier de demande attribution carte de combattant volontaire de la résistance pour Félix Mézart mais aucune mention n’est faite de la décision prise par la commission compétente. Charles Delaire, lieutenant de réserve, médaillé de la résistance habitant Clermont-Ferrand en 1953 fit une attestation en sa faveur.
Son nom figure sur le monument aux Morts 1939-1945 rue Diderot à Clermont-Ferrand et une rue porte son nom dans cette même ville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235226, notice MÉZART Félix par Eric Panthou, version mise en ligne le 7 décembre 2020, dernière modification le 11 septembre 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, dossier Félix Mézard (sic) (nc). — SHD Vincennes, ; dossier 19 P 63/5, historique formation Gabriel Péri. — AVCC Caen, AC 21 P 90365, dossier Félix Mézart (communiqué par Michel Bertrand). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 75, rapport du 6 décembre 1940. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 45 fiche de renseignements, arrestations mai 1943, préfecture du Puy-de-Dôme. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 2546 W 7606, dossier demande attribution carte de combattant volontaire de la résistance pour Félix Mézart. — Jean-Marie Mayet, "Un long chemin", Le Serment Buchenwald-Dora et « kommandos, n°245, janvier-février 1996. — Archives Henri Verde, CGT Michelin. Délégués n’ayant pas répondu au questionnaire. — Cité dans le « Livre Mémorial des Déportés de France » de la FMD, tome 1 page 1089 . — Mémorialgenweb. — Généanet. — État civil Clermont-Ferrand.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable