JEANNIN Prosper Jean Félix

Par Gauthier Langlois

Né le 2 septembre 1830 à Les Petites Chiettes (aujourd’hui Bonlieu, Jura), mort le 23 septembre 1906 à Poligny (Jura) ; célibataire ; sabotier à Poligny ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 exilé à Jersey.

Son acte de naissance précise qu’il est né de Jean-Victor Jeannin âgé de 28 ans et d’Appoline Barsu, âgée de 22 ans, tous deux cultivateurs à Les Petites Chiettes, village rebaptisé plus tard Bonlieu. Quelques années après la naissance de Prosper, la famille Jeannin quitta le village de Bonlieu pour la ville de Poligny située à une quarantaine de kilomètres au nord, où elle s’agrandit par la naissance de deux enfants.

En 1851 Prosper, célibataire âgé de 21 ans, exerçait le métier de sabotier. Opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, qualifié par les autorités de « vrai brigand », il fut poursuivi pour « avoir frappé le sous-préfet de Poligny ». Les preuves manquant pour son envoi devant un conseil de guerre, il fut jugé par la Commission mixte du Jura. Celle-ci le condamna par contumace à « Algérie plus », c’est à dire à la transportation dans un bagne algérien.

Prosper Jeannin n’avait pas attendu d’être arrêté et s’était réfugié en Suisse toute proche. De là il passa en Grande-Bretagne puis s’installa à Jersey où il rejoignit l’importante communauté de proscrits dominée par la figure de Victor Hugo. Il participa aux activités politiques des proscrits, notamment par une déclaration publique datée de Saint-Hélier, 9 avril 1853, signé également par Félix Mathé, Antoine Serre, Constantin de Vallerot, François Bourachot et Grand. Il fit sa soumission au gouvernement et obtint, le 27 avril 1853, une grâce du chef de l’État commuant sa peine en surveillance. Il revint à Poligny où il reprit son travail de sabotier. À la fin de sa vie il était cultivateur, sans doute après avoir hérité de l’exploitation de ses parents.

Suite à la loi de réparation nationale de 1881, il obtint, en 1882, une pension de 1000 francs. Il mourut à l’hôpital de Poligny, âgé de 76 ans, toujours célibataire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235372, notice JEANNIN Prosper Jean Félix par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 31 décembre 2020, dernière modification le 3 janvier 2021.

Par Gauthier Langlois

SOURCES : Archives du Jura, Acte de naissance, Acte de décès. — Archives nationales, F/7/*/2591 (liste générale), Dossiers de grâce : BB/22/166 (dossier de grâce), F/15/4041B (dossier de pension). — Service historique de la Défense, 7 J 73 (Département du Jura. Résultat des délibérations de la commission départementale sur les prévenus politiques). — Bulletin des lois de la République française - partie supplémentaire, n° 1390, 1882, p. 627. — Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte : la loi de réparation nationale du 30 juillet 1881 en faveur des victimes du 2 décembre 1851 et des victimes de la loi de sûreté générale du 27 février 1858 : F15 3964 à 4023, Paris, Archives nationales, 1992, p. 273. — Robert Sinsoilliez, Marie-Louise Sinsoilliez, Victor Hugo et les proscrits de Jersey, Ancre de marine, 2008, p. 115. — Le journal d’Adèle Hugo : 1853, Paris : Lettres modernes : Minard, 1968, p. 482. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Jeannin - Prosper », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.

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